Lutte contre la désinformation : Bruxelles demande aux plateformes d'identifier les contenus d'intelligence artificielle

Par latribune.fr  |   |  722  mots
La Commission européenne veut que les plateformes signataires du code de bonnes pratiques de l'UE agissent en ce sens, a annoncé la vice-présidente de l'exécutif européen, Vera Jourova. (Crédits : Reuters)
La Commission européenne veut que les plateformes en ligne identifient clairement les contenus générés par l'intelligence artificielle. Objectif affiché, lutter contre les risques de désinformation.

Images, sons, textes... Les contenus créés par l'intelligence artificielle seront-ils clairement identifiés en ligne ? La Commission européenne veut que les plateformes, signataires du code de bonnes pratiques de l'UE contre la désinformation, agissent en ce sens, a annoncé la vice-présidente de l'exécutif européen, Vera Jourova, ce lundi 5 juin. Pour rappel, ce code, non-contraignant, regroupe sur une base volontaire une quarantaine d'organisations, dont des plateformes majeures comme Facebook, Google, YouTube, TikTok.

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 « Les signataires qui intègrent l'IA générative dans leurs services comme Bing Chat pour Microsoft, Bard pour Google devraient intégrer les garanties nécessaires pour que ces services ne puissent pas être utilisés par des acteurs malveillants pour générer de la désinformation », a déclaré Vera Jourova lors d'un point de presse.

Twitter a choisi « la confrontation »

« Et deuxièmement, les signataires qui ont des services susceptibles de diffuser de la désinformation générée par l'IA devraient mettre en place une technologie pour reconnaître ce contenu et l'indiquer clairement aux utilisateurs », a-t-elle ajouté. Plusieurs fausses photographies produites avec de l'IA générative ont récemment été largement relayées sur les réseaux sociaux, comme celle du pape en doudoune ou l'arrestation de l'ancien président américain Donald Trump.

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L'annonce de Bruxelles intervient alors que Twitter a récemment décidé de quitter le code de bonnes pratiques de l'UE. La plateforme dirigée par Elon Musk a choisi « la confrontation », a ainsi déploré lundi la vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova. La Commission a annoncé il y a dix jours que le réseau social américain se retirait de ce code volontaire lancé en 2018.

Le départ de Twitter n'est pas une surprise pour Bruxelles. Depuis le rachat du réseau social il y a plus de six mois, le milliardaire Elon Musk a assoupli la modération des contenus problématiques et semble avoir amplifié la voix de propagateurs notoires de désinformation sur la plateforme.

« Nous pensons que c'est une erreur de la part de Twitter (...). Ils ont choisi la confrontation », a déclaré devant la presse Vera Jourova. Si Twitter « veut opérer et gagner de l'argent sur le marché européen, il devra se conformer à la loi sur les services numériques », a-t-elle ajouté.

De nouvelles obligations à compter du 25 août

« Le code est volontaire, mais ne vous y trompez pas : en quittant le code, Twitter va faire l'objet d'une attention accrue. Ses actions et le respect de la loi européenne (DSA) seront examinés de près, de façon ferme et prioritaire », a encore averti Vera Jourova.

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Les très grandes plateformes qui comptent plus de 45 millions d'utilisateurs actifs dans l'UE seront soumises à partir du 25 août à des obligations en la matière dans le cadre de la législation sur les services numériques (DSA). Cette règlementation prévoit « le recours à un marquage bien visible » pour garantir qu'« une image, contenu audio ou vidéo généré ou manipulé (...) est reconnaissable ».

Une législation spécifique à l'IA

La Commission veut toutefois la mise en place du label « immédiatement » dans le cadre du code de bonnes pratiques contre la désinformation. Une façon d'inciter les plateformes signataires à se mettre en conformité dès que possible avec le DSA qui, lui, s'appliquera de façon contraignante.

L'UE négocie par ailleurs une législation spécifiquement sur l'IA, qui prévoit des obligations de transparence pour les générateurs de contenus rédactionnels type ChatGPT, mais ces discussions entre les Etats membres et les eurodéputés traînent en longueur.

Si le texte devait être adopté avant la fin de l'année, il entrerait en vigueur « au plus tôt fin 2025 », selon le commissaire européen pour le Numérique Thierry Breton, qui a convenu avec le patron de Google, Sundar Pichai, de travailler d'ici là sur des règles avec les entreprises volontaires.

(Avec AFP)