L'Union européenne s'active pour encadrer l'intelligence artificielle et s'accorde avec Google

En attendant une future législation européenne sur l'IA qui devrait entrer en vigueur au plus tôt fin 2025, le commissaire européen pour le Numérique, Thierry Breton, a rencontré le patron de Google, Sundar Pichai et les deux hommes se sont accordés afin de travailler sur des règles afin d'encadrer l'IA avec les entreprises volontaires.
Google a dévoilé début mai sa vision du moteur de recherche de demain, équipé d'une IA générative.
Google a dévoilé début mai sa vision du moteur de recherche de demain, équipé d'une IA générative. (Crédits : Reuters)

C'est l'ambition de l'Union européenne : être la première au monde à se doter d'un cadre juridique complet pour limiter les dérives de l'intelligence artificielle (IA). Bruxelles a d'ailleurs proposé il y a deux ans un projet de règlement ambitieux, mais son examen par les Etats membres et le Parlement européen traîne en longueur. Si le texte devait être adopté avant la fin de l'année, il entrerait en vigueur « au plus tôt fin 2025 », selon le commissaire européen pour le Numérique, Thierry Breton.

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Prenant les devants, ce dernier a entrepris d'échanger avec le patron de Google, Sundar Pichai. Mercredi, les deux hommes se sont accordés afin de travailler sur des règles afin d'encadrer l'IA avec les entreprises volontaires, dans l'attente de la nouvelle législation européenne.

« Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre que la législation sur l'IA soit applicable, et pour travailler ensemble avec tous les développeurs d'IA pour mettre en place un pacte sur une base volontaire », a ainsi déclaré Thierry Breton, après cette rencontre avec à Bruxelles. « Beaucoup de choses peuvent être mises en oeuvre sans passer par la loi », a-t-il ajouté, souhaitant travailler avec tous « les grands acteurs européens et non-européens » qui le souhaitent pour aboutir à une régulation « avant qu'elle ne devienne contraignante par la loi ».

Des règles imposées aux applications jugées à « haut risque »

Cette dernière devrait d'ailleurs s'inspirer des réglementations existantes en matière de sécurité des produits et imposer des contrôles reposant d'abord sur les entreprises, selon la proposition de la Commission, dévoilée en avril 2021. Le cœur du projet consiste en une liste de règles imposées aux seules applications jugées à « haut risque » par les entreprises elles-mêmes à partir des critères du législateur. Pour l'exécutif européen, il s'agirait de tous les systèmes utilisés dans des domaines sensibles comme les infrastructures critiques, l'éducation, les ressources humaines, le maintien de l'ordre ou la gestion des migrations.

Parmi les obligations: prévoir un contrôle humain sur la machine, l'établissement d'une documentation technique, ou encore la mise en place d'un système de gestion du risque.

La future législation européenne prévoit également un encadrement des systèmes d'IA qui interagissent avec les humains. Elle les obligera à informer l'utilisateur qu'il est en relation avec une machine et contraindra les applications générant des images à préciser qu'elles ont été créées artificiellement. Cette régulation anticiperait des éléments du projet européen « et peut-être d'autres éléments, s'ils ont d'autres idées pour renforcer la protection », a expliqué le commissaire.

Google lance son moteur de recherche équipé d'une IA

Si Google plaide en faveur d'une législation encadrant l'IA, le géant américain tient surtout à ne pas se faire davantage distancer sur le sujet. Il a, pour cela, dévoilé début mai sa vision du moteur de recherche de demain, équipé d'une IA générative capable de répondre à des demandes complexes impossibles à traiter aujourd'hui. Et pour cause, trois mois plus tôt, Microsoft, accompagné de son partenaire OpenAI, avait déjà annoncé armer son moteur de recherche Bing d'un chatbot nommé Copilot, similaire à ChatGPT, dans le but de gratter des parts de marché.

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Le grand public a, en effet, découvert le potentiel immense des systèmes d'IA à la fin de l'année dernière avec la sortie du générateur de contenus rédactionnels ChatGPT de la société californienne OpenAI, qui peut rédiger des dissertations originales, des poèmes, des traductions ou encore du code informatique en quelques secondes.

La France opposée à une interdiction de ChatGPT

Mais depuis, plusieurs voix s'élèvent pour encadrer cette technologie qui fascine autant qu'elle inquiète. Notamment lorsque de fausses images, plus vraies que nature, créées à partir d'applications comme Midjourney, sont diffusées sur les réseaux sociaux, faisant planer le risque d'une manipulation de l'opinion.

En France, le ministre de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, s'est d'ailleurs prononcé en ce sens. Réagissant à la décision de l'Italie d'interdire temporairement ChatGPT en attendant qu'il se mette en conformité avec le règlement européen sur la protection des données, il s'est dit opposé à une telle mesure en France, plaidant pour une maîtrise de cette technologie « plutôt que d'en subir des versions qui viendraient de puissances avec qui nous ne partageons pas toutes nos valeurs », comme il l'a expliqué lors du sommet Tech for Future organisé par La Tribune en avril dernier.

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« La technologie n'est ni bonne ni mauvaise en soi, elle est toujours au service de l'Homme. Bien orientée, elle peut changer la vie et sauver des vies », a-t-il ainsi estimé, rappelant avoir saisi le comité national d'éthique du numérique qui rendra prochainement ses conclusions. Le ministre s'est également réjoui du règlement sur l'IA actuellement négocié à l'échelle de l'UE, « la première démocratie au monde à vouloir un tel cadre ».

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 26/05/2023 à 8:38
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Comment autant de bêtises naturelles pourraient encadrer une intelligence ? Ils ont éradiqué l’intelligence humaine qui les empêchait de magouiller on les voit mal en générer une artificielle.

à écrit le 25/05/2023 à 16:29
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Dans 1 temps ancien, nous avions voté contre l "europe"; ne vois donc pas l interet de parler avec des politiciens qui ne tiennent pas compte du vote.

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