Jensen Huang, l'emblématique patron de Nvidia devenu roi de l'intelligence artificielle

À L'AFFICHE- Avec la ruée vers l'intelligence artificielle, le nom de Jensen Huang devient incontournable. Cofondateur et dirigeant historique de Nvidia depuis plus de 30 ans, l'ingénieur en électronique récolte les fruits de plus d'une décennie de paris sur l'IA. Son entreprise, essentielle dans la révolution technologique qui se profile, vient de dépasser les 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière et rejoint ainsi un cercle très fermé composé de cinq groupes (Apple, Microsoft, Aramco, Google et Amazon). Et bien qu'il vienne de fêter ses 60 ans, Jensen compte plus que jamais rester le visage et le cerveau de Nvidia.
(Crédits : DR)

À l'ouverture du Computex, grande messe de l'informatique qui se tient à Taïwan,  Jensen Huang, l'emblématique cofondateur et dirigeant de Nvidia, débarque en star. Pour sa première présentation devant un public depuis 2019, le Taïwanais se présente en territoire conquis. Incarnée par ChatGPT, la récente explosion de l'intelligence artificielle générative a validé ses deux dernières décennies de décisions stratégiques. Son entreprise apparaît déjà comme la grande gagnante de la révolution technologique en cours, avec un carnet de commandes qui a fait exploser le prix de son action de plus de 25% à Wall Street la semaine dernière. Ce mardi, le géant des processeurs Nvidia continuait sur sa lancée et, à l'ouverture de la Bourse de New York, dépassait la barre des mille milliards de dollars de capitalisation boursière.

Rejoignant le cercle très fermé des cinq groupes affichant une telle valorisation, Nvidia n'est plus seulement une entreprise de processeurs, c'est un géant de l'intelligence artificielle qui joue aux yeux des marchés dans la même ligue que les tout-puissants Gafam (Google, Apple, Facebook devenu Meta, Amazon, Microsoft). Incontournable dans le milieu du hardware -le matériel informatique- depuis 30 ans, Jensen Huang devient donc plus que jamais une des figures les plus importantes de la tech. Au Computex, sa popularité ne trompe pas, et une foule dense se presse pour espérer voir l'homme du moment. « J'ai envoyé des photos à mes amis, ils m'ont demandé quelle rockstar j'allais voir », s'amuse la dirigeante d'une PME taïwanaise.

L'avènement du datacenter

Seul sur scène, Jensen présente pendant deux heures toute la gamme de produits et de services destinés à accompagner les entreprises dans leur ruée vers l'intelligence artificielle. A l'instar de Steve Jobs qui avait fait du col roulé noir son signe distinctif, le fondateur de Nvidia a enfilé son blouson de cuir noir emblématique, ouvert sur une tenue également noire. Expert de ces conférences made in Silicon Valley, il enchaîne les comparaisons grandiloquentes -la plus puissante machine de Nvidia « pèse trois éléphants »-, les slogans -« avec Nvidia, plus vous achetez plus vous économisez ! »  - et les blagues bien senties, dont certaines en chinois, au plus grand plaisir de l'audience.

Comme à son habitude, l'entrepreneur porte -littéralement- les derniers produits de son entreprise, de grands processeurs criblés de technologie comme le H100 ou le Grace Hopper, et énumère leurs caractéristiques techniques toujours plus impressionnantes.

Depuis l'an dernier, Nvidia tire une majorité de son chiffre d'affaires de son activité datacenters, dont les revenus ont dépassé son activité historique dans le jeu vidéo. Autrement dit, ses cartes graphiques pour PC qu'il vend aux particuliers lui rapportent moins que les machines surpuissantes qu'il vend aux entreprises, avec en tête de sa clientèle le trio dominant du cloud Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud. « Le datacenter est le nouvel ordinateur », répète le dirigeant tout au long de sa conférence.

Visionnaire sur l'intelligence artificielle

Dans la lignée des Bill Gates, Jeff Bezos et autres Mark Zuckerberg, Jensen Huang a toujours été le visage de Nvidia, en plus d'en être le cerveau. Mais contrairement aux deux premiers nommés, qui ont laissé tomber la direction de leur entreprise à respectivement 52 et 57 ans, le Taïwanais ne compte pas s'arrêter de sitôt, malgré ses 60 ans fêtés en février et ses 30 ans de direction d'entreprise. Et pour cause : il concrétise enfin pleinement son pari sur l'intelligence artificielle, débuté dès la fin des années 2000.

Né à Taïwan avant de déménager aux Etats-Unis à l'âge de 9 ans, Jensen -ou Jen-Hsun dans son orthographe non-américanisée- est un pur produit de la technocratie américaine. Diplômé en ingénierie électronique de l'Oregon State University en 1984 puis titulaire d'un master de l'université de Stanford quelques années plus tard, l'entrepreneur est avant tout un technicien, qui serait aujourd'hui qualifié de « nerd », fan de matériel informatique et de jeux vidéo.

Après un peu moins de dix ans passés entre les fabricants de puces Advanced Micro Devices (AMD) et LSI Logic, il finit par lancer sa propre entreprise au côté de deux associés, Chris Malachowsky et Curtis Priem, avec l'objectif de « résoudre le problème des graphismes en trois dimensions » sur les PC. Le résultat de cette quête prend en 1999 la forme d'un nouveau type de processeur, le GPU (Graphic Processing Unit) qui excelle dans le traitement parallèle de l'information. Cette spécificité technique, pensée pour l'imagerie, va révolutionner l'industrie du jeu vidéo. Mais elle va aussi s'avérer quelques années plus tard étonnamment utile au développement des intelligences artificielles. Jensen Huang ne va pas hésiter à engouffrer son entreprise vers cette opportunité. Il va notamment miser dès 2007 sur Cuda, une interface de programmation qui permet de demander directement aux GPUs d'autres tâches que le rendu graphique. Cet investissement long, critiqué à ses débuts, s'avère aujourd'hui central dans le succès de l'entreprise.

Top 40 des fortunes mondiales

Dans ses 30 ans à la direction de Nvidia, Jensen a tout de même essuyé plusieurs déconvenues, comme récemment le rachat avorté de Arm ou l'éclatement de la bulle des cryptomonnaies, qui a lourdement frappé son chiffre d'affaires. Mais ces secousses n'ont pas détourné l'attention du dirigeant de son objectif principal, aujourd'hui accompli : devenir incontournable dans l'écosystème de l'IA. Dans sa présentation au Computex, Jensen utilise des outils de Google, de Meta, d'OpenAI ou encore de nombreuses startups pour illustrer les performances de son entreprise, et rappeler qu'elle se trouve derrière la majorité des prouesses récentes. Pour insister sur ce point, il affiche à plusieurs reprises sur le gigantesque écran des listes de dizaines de clients, dont la quasi intégralité des plus grandes entreprises du monde.

Bourreau de travail, réputé pour travailler plus de 14 heures par jour et être joignable à tout heure par les cadres du groupe, Jensen a même poussé son amour pour Nvidia jusqu'à se faire tatouer le logo de l'entreprise en haut du bras gauche. Cet investissement se reflète aujourd'hui dans ses finances. Le dirigeant possède 86,9 millions d'actions Nvidia, soit environ 3,5% des parts du groupe. Sa fortune personnelle a donc bondi de plus de 21 milliards de dollars depuis le début de l'année, dont 7 milliards rien que la semaine dernière ! D'après l'index des milliardaires de Bloomberg, Jensen fait désormais partie des 40 personnes les plus riches au monde, avec une fortune estimée à près de 35 milliards de dollars.

Mais pour l'emblématique visage de Nvidia, ce n'est qu'un début. L'intelligence artificielle générative marque d'après lui « un tournant » dans l'industrie de l'informatique, dont le potentiel reste à découvrir. Pour accompagner les géants technologiques dans leurs avancées, le constructeur a mis au point un superordinateur annoncé au Computex, le DGX GH200, qui concentre toutes ses technologies dernier cri. Vendue en avant première à Microsoft, Google et Meta, cette machine au prix non-précisé -qui se compte en millions de dollars- doit permettre aux chercheurs « d'explorer les limites de l'intelligence artificielle. » Nvidia continue ainsi de capitaliser sur son avance conséquente sur la concurrence, avec son emblématique fondateur à la barre.

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Commentaire 1
à écrit le 31/05/2023 à 8:04
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Non c'est le roi des micro-processeurs et c'est déjà énorme cela justifie amplement un concert de louanges en effet mais il ne peut pas être le roi d'un phénomène qui n'existe pas, parce que nous ne savons pas encore si des micros processeurs toujour...

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