Pourquoi La Poste fonce tous azimuts dans l’Internet des objets

Par Sylvain Rolland  |   |  789  mots
L'entreprise profitera du CES pour dévoiler la version particulier et professionnelle de son "Hub numérique".
Présente en force au CES de Las Vegas qui se tiendra début janvier, La Poste en profitera pour dévoiler son futur Hub numérique. Une nouvelle brique dans sa stratégie visant à fédérer autour d’elle la filière française de l’Internet des objets pour trouver des relais de croissance.

210 entreprises, dont 185 startups. La France n'aura jamais envoyé autant de représentants au CES de Las Vegas, la grand-messe mondiale de l'électronique grand-public, que lors de la prochaine édition, qui se tient début janvier.

Parmi ces porte-étendards de l'innovation bleu-blanc-rouge, un nom retient l'attention : La Poste. La vénérable institution, l'une des plus vieilles entreprises de France, n'est pas reconnue auprès du grand public comme un acteur majeur de l'économie numérique. Et pourtant, après une présence discrète l'an dernier au CES, elle fournira cette année l'une des délégations les plus importantes. Quinze startups, quatre grands groupe (Malakoff-Médéric, BNP Paribas Real Estate, les opticiens Atol et Legrand), et une école (la Web School Factory) rempliront son immense stand de 260 mètres carrés.

"Réinventer notre métier historique"

Cette présence massive au CES représente une occasion en or pour La Poste d'affirmer sa stratégie d'innovation, axée sur le développement de nouveaux services de proximité grâce à l'Internet des objets. Les quinze startups exposées au Ces se distinguent dans les domaines de la maison intelligente, de la silver economy (les solutions pour les personnes âgées), de l'e-santé, des loisirs et de la ville intelligente.

Sélectionnées sur concours dans cinq régions (Ile-de-France, Aquitaine, Pays-de-la-Loire, Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais) parmi 450 candidats, ces pépites font partie du programme "French IoT" de La Poste, qui vise à soutenir l'innovation dans l'Internet des Objets. Un marché porteur. Aujourd'hui, 15 milliards d'objets sont connectés dans le monde, mais ce chiffre pourrait exploser entre 50 et 80 milliards en 2020 selon les estimations.

Quel rapport avec La Poste, dont le cœur de métier est la livraison physique des courriers et des colis ?

"La révolution numérique nous oblige à réinventer notre métier historique, qui est de fournir des services de proximité. Mais ces services deviennent de plus en plus digitalisés. L'idée est que La Poste, forte de sa légitimité et de la confiance de ses utilisateurs, devienne un opérateur majeur des échanges physiques et numériques. Nous y arriverons en fédérant l'écosystème des objets connectés pour fournir de nouvelles solutions de proximité à la population" explique David de Amorim, le directeur Innovation de Docapost, une filiale rattachée à la Branche Numérique du groupe.

Une plateforme dans le cloud pour gérer les objets connectés

L'entreprise profitera du CES pour dévoiler la version particulier et professionnelle de son "Hub numérique". Il s'agit d'une plateforme dans le nuage informatique [le cloud, NDLR], qui vise réunir les données issues des objets connectés du quotidien. L'objectif : "réintroduire du matériel dans l'Internet des objets", notamment en associant un service de proximité à un objet connecté.

Cette plateforme permettra par exemple de combiner le système d'alarme d'une personne âgée avec son thermostat et son bracelet connecté. "En cas d'activité anormale et inquiétante, le système demandera à un facteur de passer chez elle pour vérifier que tout va bien", explique David de Amorim.

Six facteurs feront le déplacement au CES pour présenter ces nouvelles solutions. Ils incarnent le changement à l'œuvre chez La Poste, qui ambitionne de réinventer le métier avec son système Facteo. Désormais, 93% des 90.000 postiers de France sont équipés de smartphones pour gérer leur tournée plus efficacement (et ainsi, gagner du temps) ou encore recueillir la signature des clients lors de la livraison de recommandés et de colis.

Compenser les difficultés des activités traditionnelles

Ces derniers mois, La Poste a multiplié les initiatives, dans la droite lignée de la stratégie numérique exposée par le PDG Philippe Wahl et la directrice générale adjointe Nathalie Collin, début octobre. Portefeuille électronique sécurisé, coffre-fort numérique pour gérer les documents personnels dématérialisés...

Pour l'heure, ces initiatives restent largement méconnues. Mais le groupe mise sur le besoin de plateformes de confiance pour gérer sa vie numérique pour se faire une place entre les fournisseurs d'objets et services connectés d'une part, et les consommateurs finaux de l'autre.

Un relais de croissance à ne pas négliger dans un contexte difficile. La banque, l'autre activité phare du groupe, se voit aussi chahutée par la révolution digitale. Du côté de son cœur de métier, à savoir la logistique et le courrier, les perspectives ne sont pas radieuses. De nombreux bureaux de poste ont fermé ces dernières années. Et pour cause : le volume de courriers en 2018 aura fondu de moitié par rapport à celui de 2008.