Les jeunes sont-ils plus crédules que leurs aînés sur les réseaux sociaux ? Pas vraiment. Des chercheurs de l'université de New York et de Princeton se sont penchés sur le partage sur Facebook des fake news, ces fausses nouvelles apparues sur Internet lors du Brexit et popularisées lors de l'élection présidentielle américaine en 2016. Ils ont analysé les partages de publication d'environ 1.200 internautes ayant déclaré utiliser Facebook et ayant accepté de partager leurs données une fois l'élection américaine passée, détaille l'étude publiée le mercredi 9 janvier dans la revue spécialisée Science Advances.
Premier enseignement : partager des fake news reste un comportement relativement rare. « La très grande majorité des utilisateurs de Facebook, selon nos données, n'ont partagé aucune fake news en 2016 », note les chercheurs. Moins de 8,5% des sondés seulement ont partagé au moins un lien issu d'un site de fake news. Parmi eux, une plus grande représentation des Républicains (18% ont partagé une fake news) contre seulement 4% pour les Démocrates.
Plus étonnant, les internautes âgés de plus de 65 ans ont tendance à partager plus de fausses informations sur Facebook que les utilisateurs plus jeunes - quels que soient leur niveau d'éducation, leur sexe, leur race, leur revenu ou le nombre de liens qu'ils partageaient. L'âge semble donc être le critère qui prédit leur comportement mieux que toute autre caractéristique, y compris l'appartenance à un parti, souligne l'étude.
11% des internautes de plus de 65 ans ont partagé une fake news
Ainsi, 11% des internautes de plus de 65 ans ont partagé une fake news - contre seulement 3% pour les usagers entre 18-29 ans. Ils ont également deux fois plus partagé de fausses nouvelles que la catégorie d'âge 45-65 ans.
Si les chercheurs ne formulent pas clairement d'explications, ils avancent néanmoins deux hypothèses. D'une part, les personnes âgées ayant découvert Internet plus tard dans leur vie que les digital natives (la génération née avec Internet), n'auraient pas les compétences numériques nécessaires pour repérer un article de presse d'une fake news. D'autre part, « une deuxième possibilité tirée de la psychologie cognitive et sociale suggère un effet général du vieillissement sur la mémoire », avancent les chercheurs. Et de poursuivre :
« Sous cet aspect, la mémoire se détériore avec l'âge, ce qui nuit particulièrement à la résistance aux "illusions de vérité" et à d'autres effets liés à la persistance des convictions (...), en particulier en ce qui concerne les sources (d'information). La gravité de ces effets augmenterait théoriquement avec la complexité de l'environnement de l'information et la prévalence de la désinformation », note l'étude.