Qwant lève des fonds et poursuit son rêve de faire la peau à Google

Par Pierre Manière  |   |  613  mots
Qwant rappelle que contrairement à Google, son moteur « n’installe aucun ‘cookie’ (1) sur le navigateur de l’internaute, ne cherche pas à savoir qui il est ni ce qu’il fait, et ne conserve pas d’historique des requêtes effectuées ».
Spécialisée dans la recherche sur Internet, la startup française vient de lever 18,5 millions d’euros. Avec ces fonds, la société, qui mise tout sur la protection de la vie privée, espère se développer rapidement et titiller à terme son rival Google.

Pour Eric Léandri, fondateur et PDG de Qwant, les étoiles sont alignées. À l'en croire, il y a plus que jamais une opportunité pour Qwant, son moteur de recherche, d'aller titiller Google sur le Vieux Continent. D'une part, son bébé, qui mise tout sur le respect de la vie privée, vient de renflouer ses caisses pour se développer. Ce jeudi, Eric Léandri a officialisé une levée de fonds de 18,5 millions d'euros auprès de la Caisse des Dépôts et d'Axel Springer. Une manne qui s'ajoute aux 25 millions d'euros déjà décrochés sous forme de prêt auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI). D'autre part, il constate que la protection de la vie privée sur La Toile fait de plus en plus débat. Ce qui lui offre un boulevard pour promouvoir son moteur de recherche. Alors qu'en face, Google est de plus en plus critiqué pour siphonner et monnayer les données personnelles des utilisateurs.

D'après Eric Léandri, Donald Trump constitue ainsi une merveille d'épouvantail pour convertir les internautes à son moteur de recherche. Ironiquement, il a appelé ce jeudi à laisser le nouveau locataire de la Maison-Blanche dérouler son programme comme il l'entendait. « Laissez-le faire ! », a rigolé le PDG de Qwant. Avant d'évoquer l'adoption récente d'un décret par le successeur de Barack Obama - lequel pourrait possiblement menacer le Privacy Shield, cet accord censé protéger les données des citoyens européens aspirées par les géants américains du Web. Concrètement, certains craignent que le gouvernement du pays de l'Oncle Sam puisse accéder à toutes les informations collectées par Facebook, Apple, Amazon, et bien sûr Google.

Zéro « cookie »

Dans ce contexte, Qwant rappelle que contrairement à son rival américain, son moteur « n'installe aucun 'cookie' (1) sur le navigateur de l'internaute, ne cherche pas à savoir qui il est ni ce qu'il fait, et ne conserve pas d'historique des requêtes effectuées ». Surtout, la startup voit dans le climat actuel l'opportunité de changer de dimension sur le marché européen, ultra-dominé par l'ogre de Mountain View. Aux yeux de la direction, trois pays sont prioritaires : la France, l'Allemagne et l'Italie. « À eux seuls, ces trois marchés représentent environ 200 millions de personnes », constate Eric Léandri.

Pour se muer en un challenger plus puissant, Qwant rêve de quitter le monde des startups pour devenir un cador du Net. D'où l'avalanche de chiffres mirifiques transmis ce jeudi à la presse : sans lever le voile sur son chiffre d'affaires actuel (de l'ordre « de plusieurs millions d'euros », dit vaguement Eric Léandri), Qwant vise les 500 millions d'euros d'ici à 2021. Dans le même temps, la startup compte dépenser entre 100 et 150 millions d'euros en recherche-développement, 300 millions d'euros en marketing, et embaucher pas moins de 1.000 collaborateurs.

21 millions de visiteurs

Pour assoir son sérieux et sa crédibilité, Qwant se félicite de figurer sur la liste des moteurs de recherche utilisables dans les ministères et les administrations françaises. Il y a peu, Qwant a également été choisi par le ministère de l'Éducation nationale pour développer une version pour les enfants. Baptisé Qwant Junior, cet outil bannit les sites ou images pornographiques et violentes. Lancé en 2013, Qwant revendiquait 21 millions de visiteurs en mai dernier, contre 8 millions six mois plus tôt.

1. Un cookie est un fichier qui permet de récupérer les données d'un utilisateur, comme « les préférences d'un site ou le contenu d'un panier d'achats électroniques », illustre Wikipédia.