Sigfox met les bouchées doubles pour gagner des clients

Par Pierre Manière  |   |  543  mots
Ludovic Le Moan, co-fondateur et chef de file de Sigfox. (Crédits : © Philippe Wojazer / Reuters)
Pour convertir davantage d’entreprises à l’Internet des objets, Sigfox va, à compter du mois de septembre, ouvrir des « hacking houses ». L’objectif : mettre à disposition des PME et des grands groupes l’expertise et les ressources nécessaires pour développer leurs projets.

Ce mercredi, Sigfox a fait le point, lors d'une conférence de presse, sur son exercice 2017. À cette occasion, Ludovic Le Moan, le co-fondateur et chef de file du pionnier français de l'Internet des objets (ou IoT pour Internet of Things), s'est d'abord félicité de la croissance de son chiffre d'affaires. L'an dernier, celui-ci s'est élevé à 50 millions d'euros, contre 32 millions en 2016. Toutefois, les revenus de 2017 demeurent inférieurs de 10 millions d'euros à ce que le patron avait annoncé. En décembre dernier, Ludovic Le Moan avait indiqué aux Échos qu'il terminerait l'année « aux alentours de 60 millions d'euros ». Le patron de Sigfox a aussi levé le voile sur son parc d'objets connectés. En janvier 2018, celui-ci s'est élevé à 2,5 millions d'unités, en croissance de 65% en un an. Reste que sur ce front, Sigfox dépend encore très largement d'un seul client parmi les 500 ou 600 qu'il revendique : le groupe suédois de sécurité Securitas, qui a connecté pas moins de 1,3 million d'alarmes au réseau de Sigfox.

Sur le fond, Sigfox, comme ses rivaux, ne peut que constater que si les perspectives de l'Internet des objets semblent florissantes sur le papier, peu d'entreprises s'y convertissent vraiment. Ce marché de l'IoT, présenté ces deux ou trois dernières années comme le prochain Eldorado, peine à décoller. C'est d'ailleurs le constat que faisait, au mois d'octobre dernier, le think tank Idate. Selon ses spécialistes, des verrous d'ordres techniques (liés à la sécurité et au respect de la vie privée) plomberaient son essor auprès du grand public. Alors que les entreprises - qui voient aujourd'hui essentiellement l'Internet des objets comme un moyen de réduire leurs coûts - auraient « des doutes sur la rentabilité économique de certaines applications ».

La direction de Sigfox en est bien consciente. C'est la raison pour laquelle elle s'est dotée, il y a huit mois, d'un département « Adoption et évangélisation technologique » pour encourager les entreprises à adopter sa solution. Ce pôle a été confié à Raouti Chehih, par ailleurs directeur général d'Euratechnologies, le plus gros incubateur de startups français, basé à Lille. Ce mercredi, celui-ci a annoncé que Sigfox allait ouvrir des « hacking houses » dans plusieurs pays. Ces lieux, dont le premier verra le jour à San Francisco courant septembre, mettront à disposition des PME et des grands groupes l'expertise et les ressources nécessaires pour développer leurs projets IoT. Avec ses « hacking houses », Sigfox veut permettre aux entreprises de tester différentes solutions, puis d'évaluer leur faisabilité et leur rentabilité économique.

Ainsi, par exemple, un grand distributeur désireux de connecter ses milliers de palettes d'approvisionnement pour améliorer sa logistique pourra y expérimenter différentes possibilités. Et ce, « en moins de 100 jours », affirme Raouti Chehih, qui espère que ses « hacking houses » permettront d'étoffer plus rapidement le portefeuille de clients. Pour épauler les entreprises, Sigfox compte notamment mobiliser les étudiants des universités avec qui il a noué des partenariats. Raouti Chehih refuse pour l'heure de dire combien il faudra débourser pour développer son projet dans un « hacking house ».