Internet des objets : pourquoi le marché peine à décoller

Le marché de l’Internet des objets (IoT) peine encore à séduire les consommateurs et les entreprises. D’après le think tank Idate, plusieurs verrous d’ordre technique (sécurité, respect de la vie privée) plombent son essor auprès du grand public. Quand les entreprises, qui y voient surtout un moyen de réduire leurs coûts, ont des doutes sur le modèle économique de certaines applications.
Pierre Manière
Les craintes liées à la sécurité des objets connectés constituent un frein pour le marché.

Il y a deux ou trois ans, l'Internet des objets (ou IoT pour « Internet of Things ») était largement perçu comme un nouvel eldorado. Mais aujourd'hui, le marché peine à se développer auprès du grand public comme des entreprises. Lors d'une conférence de presse ce mercredi, le think tank Idate, spécialisé dans les télécoms, a listé les verrous qui, selon ses experts, freinent son essor. Selon Samuel Ropert, expert en Internet des objets de l'Idate, le potentiel du marché n'est pas à remettre en cause. Évoquant le chiffre de « 40 milliards d'objets connectés dans le monde à horizon 2030 », il estime que le segment est toujours source « d'opportunités ». Mais à l'en croire, il y a de nombreux « challenges » à relever.

Ceux-ci sont, d'après lui, notamment d'ordre technique. Pour les objets connectés grand public, il estime que les craintes liées à la sécurité et au respect de la vie privée constituent les principaux verrous. De fait, les thermostats, téléviseurs, trackers d'activité et autres compteurs d'électricité intelligents sont de plus en plus perçus comme une nouvelle porte d'entrée pour les hackers. La Commission européenne a d'ailleurs fait des objets connectés un de ses chantiers prioritaires en matière de cybersécurité. Mais si ce débat et la volonté d'adopter des standards visant à protéger les usagers est légitime, il constitue, inévitablement, un frein pour le marché. En outre, comme le relève Samuel Ropert, « plus les objets sont sécurisés, plus ils consomment d'énergie ». Ce qui constitue un handicap pour certains usages et applications.

« Des doutes sur la rentabilité économique »

Du côté des entreprises, l'expert de l'Idate constate qu'aujourd'hui, de nombreuses sociétés peine à voir la rentabilité d'éventuels investissements dans l'Internet des objets. « Il y a des doutes sur la rentabilité économique de certaines applications », affirme-t-il. Aujourd'hui, l'Internet des objets est principalement perçu comme un moyen de réduire les coûts. C'est la raison, par exemple, pour laquelle Carrefour s'est allié avec Bouygues Telecom. En greffant des capteurs bas débit dans des conteneurs roulants qui approvisionnent ses hyper, le géant de la distribution espère réaliser des économies en matière de logistique. Reste que le problème, selon l'Idate, c'est que beaucoup d'entreprises ont du mal à voir quand les nécessaires investissements de départ porteront leurs fruits.

D'autre part, affirme Samuel Ropert, les industriels ne seraient pas suffisamment sensibilisés aux bénéfices de l'Internet des objets. Selon lui, outre des économies de coûts, l'IoT doit surtout leur permettre de se réinventer et de déployer de nouveaux services. Mais cette facette-là demeure, jusqu'à présent, largement inexploitée.

Enfin, la prolifération des technologies disponibles effraye parfois les acteurs qui veulent se lancer sur le marché. Certains standards sont aujourd'hui déployés de manière verticale, avec des protocoles propriétaires dans des secteurs bien définis, comme dans l'automobile ou l'énergie. D'autres en revanche, s'adressent à tous les secteurs. A l'instar des technologies dédiées aux réseaux IoT bas débit, comme Sigfox, LoRa, ou Narrow band-IoT (NB-IoT), qui se livrent une guerre sans merci.

> Lire aussi: Internet des objets : qui gagnera la guerre des réseaux ?

Pierre Manière

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Commentaires 11
à écrit le 27/10/2017 à 11:06
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C'est pas la securisation ou la vie privee qui sont des verrous, c'est les bugs. C'est les memes constructeurs qui nous vendent des lecteurs de bluray qui plantent regulierement, ou des OS qui merdent. Le "debrancher puis rebrancher", c'est chian...

à écrit le 26/10/2017 à 15:37
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Le probleme n est pas tant les hackers que les societes qui vous vendent ces produits. Souvent ces produits remontent des tas de donnees au fabriquant. Pire le fabriquant se reserve le droit de changer quand il veut le mode de fonctionnement (facile...

à écrit le 25/10/2017 à 16:49
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Quel intérêt au quotidien d'être "connecté" à tout et n'importe quoi dans notre vie ? Je ne pense pas que ce soit utile pour le citoyen lambda qui ne veut surtout pas être suivi à la trace pour tous ses actes.

à écrit le 25/10/2017 à 16:35
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Il y a un point que votre "expert" n'aborde pas, c'est l'utilité de ces objets. J'ai vécu sans et j'aimerai qu'on me démontre en quoi ils ne sont utile.

à écrit le 25/10/2017 à 16:32
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Il faut convaincre l'utilisateur de l'utilité de l'objet connecté, et lui conférer le pouvoir d'initier et de couper la connexion à sa seule décision. Sinon ce sera perte de temps et d'argent.

à écrit le 25/10/2017 à 16:18
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Quand le "besoin" sera satisfait, ils iront vers le "superflue"! Donc ne sautons pas les étapes!

à écrit le 25/10/2017 à 16:05
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"et autres compteurs d'électricité intelligents" voire simplement communicant. Je refuse un compteur qui pourrait s'avérer plus intelligent que moi. :-) En quoi ça révolutionne la vie, ces objets connectés ? Peut-être des réponses à apporter, avant ...

à écrit le 25/10/2017 à 15:21
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Ça m'a l'air d'être un comique de haut vol, ce Samuel Ropert: "le potentiel du marché n'est pas à remettre en cause [...] plus les objets sont sécurisés, plus ils consomment d'énergie".

à écrit le 25/10/2017 à 14:36
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Des produits plus chers profitant uniquement aux marchands de ces produits, j'ai acheté ma télé non smart moins chère que le nouveau modèle connecté exactement le même mais 100 euros de plus, c'est plus que rebutant pour le consommateur. Vous évo...

le 25/10/2017 à 14:58
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Ils devraient se méfier des peuples endormis.

le 25/10/2017 à 16:18
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Je ne sais pas si c'est un mauvais paris, nous sommes allés très loin dans l'asservissement nous autres citoyens quand même, on est bien lobotomisé à la société de consommation-production, aux crédits-dettes, aux médias de masse et au spectacle seule...

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