Startups : 57 licornes en Europe, la France reste à la traîne

Par Sylvain Rolland  |   |  738  mots
En 2017, l'Europe compte 57 licornes, dont 3 françaises et 12 nouvelles par rapport à 2016. Mais l'Asie et les Etats-Unis continuent d'avancer plus vite.
Le Vieux Continent produit de plus en plus de "licornes" (des startups valorisées plus de 1 milliard de dollars) et s'approche petit à petit de son premier "titan" (plus de 50 milliards de dollars). Mais la France peine à rejoindre le mouvement, même si les choses devraient bouger dans les années à venir.

Dans le monde de l'innovation, il y a deux superpuissances, les États-Unis et la Chine, et puis... tout un tas de petits écosystèmes en pleine croissance, disséminés partout dans le monde, de l'Inde au Canada, en passant par Israël, Taïwan, la Corée du Sud et bien sûr les pays européens, à commencer par le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et la Suède.

Les deux géants, grâce à leurs GAFAM d'un côté (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leurs BATX de l'autre (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi), cannibalisent l'innovation dans tous les domaines, et créent un cercle vertueux autour d'eux.

Logiquement, ils dominent aussi le classement mondial des licornes, ces startups non-cotées valorisées plus de 1 milliard de dollars. 41% des licornes dans le monde sont américaines, et 37% chinoises en 2017. Ils dominent aussi celui des titans, ces super-géants nés après 2000, cotés au non, valorisés plus de 50 milliards de dollars. Le monde en compte six : trois américains (Facebook, Uber, Tesla) et trois chinois (Baidu, Ant Financial, Didi Chuxing).

57 licornes en Europe en 2017, mais une progression moindre que les Etats-Unis et la Chine

Et l'Europe, dans tout ça ? Le Vieux Continent a pris le train en marche et tente depuis quelques années de rattraper son retard. Avec succès, puisque le financement des startups bat des records tous les ans, notamment en France, et que l'Europe accueille de plus en plus de licornes. D'après l'étude annuelle du cabinet GP Bullhound, l'Europe compte 57 licornes en 2017, soit 9 de plus qu'en 2016. 12 nouvelles startups ont dépassé le milliard de dollars de valorisation en 2017 (dont Deliveroo, Improbable ou encore Trivago). Mais trois licornes de 2016 sont repassée en-dessous de la barre symbolique du milliard de valorisation.

Dans le détail, le Royaume-Uni mène avec 22 licornes, suivi par la Suède (7) et l'Allemagne (7). La France reste à 3 (Blablacar, Criteo et Vente-privée ; OVH n'est pas comptée car née avant 2000). Contrairement à ses principaux rivaux britanniques et allemands, la France n'a engendré aucune nouvelle licorne en 2017... En partie car l'Hexagone n'a pas réussi de "méga-levées" de fonds cette année -pour l'instant-, ce qui n'est pas le cas du Royaume-Uni (502 millions de dollars pour la startup de réalité virtuelle Improbable et 397 millions pour le site de e-commerce de luxe Farfetch), de l'Allemagne (387 millions d'euros pour la food tech Delivery Hero, 360 millions pour Auto1 Group), et même de la Suisse (400 millions de dollars pour l'éditeur Unity).

Néanmoins, malgré cette accélération notable, l'Europe reste à la traîne. Dans la même période, 30 nouvelles licornes ont vu le jour en Asie, et 37 aux Etats-Unis.

L'Europe encore loin de créer son premier "titan"

Plus problématique : parmi ces 57 licornes européennes, seules trois dépassent les 10 milliards de dollars de valorisation : le suédois Spotify, leader mondial du streaming musical (13 milliards de dollars), le site de e-commerce allemand Zalando (11,5 milliards) et l'éditeur finlandais de jeux vidéos Supercell (un peu plus de 10 milliards).

Autrement dit : l'Europe est encore très loin de son premier titan. D'après l'étude de GP Bullhound, sept pépites européennes auraient le potentiel pour le devenir : les suédois Spotify et Klarna, les allemands Zalando et Delivery Hero, le britannique Farfetch, le finlandais Supercell et le suisse Unity. Mais toutes sont encore très loin, en terme de montants levés et de chiffre d'affaires nécessaires pour obtenir cette valorisation, des titans américains et asiatiques. Ainsi, les leaders européens ont levé en moyenne 1,4 milliard de dollars, alors que les titans ont eu besoin de 7,3 milliards en moyenne pour atteindre la barre des 50 milliards de valorisation. Et même Spotify, que les investisseurs européens considèrent comme la meilleure chance de titan, devrait quadrupler ses revenus pour espérer entrer dans le club.

Mais Guillaume Bonneton, partner chez GP Bullhound, estime que la France a tout pour créer de nouvelles licornes dans les années à venir.

"Le financement des gros tours augmente, les liquidités sont là et les valorisations augmentent", affirme-t-il.

Sigfox, son concurrent Actility qui a levé 70 millions d'euros en avril, Vestiaire-collective ou encore le champion du son parfait, Devialet, font partie des entreprises considérées comme de potentielles futures licornes françaises.

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