Un cadre de Huawei justifie le cyber-espionnage

Par N.B.  |   |  458  mots
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D'après le responsable de la sécurité du géant chinois des équipements télécoms, l'espionnage industriel est un métier vieux comme le monde, pratiqué par tous les gouvernements.

Aveu ou bourde? Les déclarations du chef de la sécurité de Huawei qui estiment que "tous les gouvernements" pratiquent le cyber-espionnage, pourraient au moins être perçues comme de la provocation à l'heure où les affaires de cyberespionnage se multiplient. "La dure réalité est que tous les gouvernements dans le monde ont les mêmes directives pour leurs services secrets", a répété John Suffolk, responsable de la sécurité de l'équipementier télécom chinois dans une interview accordée au magazine Australian Financial Review.

Deuxième métier le plus vieux du monde?

"Certains disent que la profession d'espion est la deuxième plus ancienne au monde. Les gens tentent de dérober des informations à quelqu'un d'autre et je ne pense pas que quiconque soit surpris qu'un gouvernement, quel qu'il soit, essaye de voler des informations à un autre gouvernement, quel qu'il soit", a ajouté celui qui était responsable informatique auprès du gouvernement britannique. "Les gouvernements doivent se concentrer sur les mesures silencieuses qu'ils doivent prendre, en acceptant qu'aucun gouvernement ne pourra faire confiance à 100% à un autre gouvernement, qu'importe les lois, les politiques ou les procédures", a-t-il encore dit. Ces déclarations surviennent au lendemain d'informations divulguées par la télévision australienne révélant que des pirates chinois auraient dérobé les plans du nouveau siège des services secrets australiens.

Un PDG suspect pour les Etats-Unis

Le groupe Huawei est connu pour avoir enregistré une importante croissance ces dernières années notamment sur des technologies de pointes dans les réseaux télécoms laissant certains de ses concurrents occidentaux sur le carreau, tel que le canadien Nortel. Les Etats-Unis, eux, se méfient de Huawei et le soupçonne d'avoir organisé un cyber-espionnage à grande échelle avec la complicité de l'armée chinoise. D'ailleurs, Washington aime à rappeler que le PDG de Huawei, Ren Zhengfei, est un ancien ingénieur de l'armée populaire de Chine. Début mai, l'homme âgé de 68 ans avait toutefois démenti ces accusations en répondant à des journalistes néo-zélandais. Il avait ainsi déclaré: "si l'eau qui coule dans le tuyau est polluée, je pense qu'on ne devrait pas s'en prendre au tuyau".

Plusieurs Etats, dont les gouvernements australiens et canadiens, ont exclu Huawei ainsi que son concurrent chinois ZTE des appels d'offre pour le déploiement de nouveaux réseaux télécoms et internets. Ils craignent de ne plus maitriser la sécurité de leurs réseaux de communication en les confiants à des groupes étrangers.

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