En Europe, Nokia s’inquiète des dispositifs anti-Huawei

Par Pierre Manière  |   |  483  mots
« Je ne suis pas sûr que des processus de certifications pays par pays nous mèneront quelque part », a déclaré Rajeev Suri, le chef de file de Nokia, d’après le Financial Times. (Crédits : Sergio Perez)
Alors que sur le Vieux Continent, de nombreux pays, dont la France, planchent sur de nouvelles régulations pour limiter l’influence de Huawei dans la 5G, Nokia estime que ces mesures pourraient plomber et renchérir le déploiement de cette technologie.

Alors que la France a validé, mercredi soir, une proposition de loi visant à limiter Huawei dans les futurs réseaux 5G, Nokia ne sabre pas le champagne. Le géant finlandais des équipements télécoms, grand rival du groupe de Shenzhen, se dit inquiet. Pour son état-major, les dispositifs anti-Huawei qui sont en train de voir le jour sur le Vieux Continent risquent de plomber et de renchérir le coût de la 5G. Ce qui préoccupe particulièrement Nokia, c'est qu'à ce sujet, l'Union européenne agit de manière fragmentée. Chaque pays fait, en clair, sa cuisine dans coin. Nokia redoute que cela bouscule sa chaîne logistique, et in fine ses livraisons d'équipements aux opérateurs.

« Je ne suis pas sûr que des processus de certifications pays par pays nous mèneront quelque part », a déclaré Rajeev Suri, le chef de file de Nokia, d'après le Financial Times.

Avant de rappeler que les réseaux 5G nécessiteront des mises à jour régulières, et que des réglementations plus strictes pourraient perturber la production. Sa crainte ? Que ces nouvelles régulations débouchent sur des usines à gaz.

« Soyons prudents, insiste-t-il. Nous ne voulons pas plus de paperasserie, de bureaucratie, ni de coûts supplémentaires. »

Feu vert en France pour la loi « Huawei »

En France, une proposition de loi visant à sécuriser les réseaux 5G vient tout juste d'être validée par le Parlement. Derrière cet objectif de protéger des réseaux sensibles - via un nouveau régime d'autorisation des équipements -, qui seront cruciaux pour l'économie et bon nombre de services régaliens, le gouvernement veut aussi y limiter l'empreinte de Huawei. Mais l'exécutif prend grand soin de ne pas le dire explicitement afin de ne pas froisser l'empire du Milieu. Le géant chinois des infrastructures télécoms suscite aujourd'hui la méfiance des services de renseignement. Ils redoutent que ses infrastructures soient utilisées à des fins d'espionnage pour le compte de Pékin.

En Europe, plusieurs pays, comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne, songent à faire de même. Les États-Unis, eux, ont décidé de bannir Huawei, qu'ils accusent d'espionnage au profit de la Chine, des réseaux 5G. En pleine bataille commerciale avec Pékin, Washington mène un intense lobbying en Europe pour convaincre le continent de s'aligner sur sa position.

Malgré ses inquiétudes, Nokia, tout comme son rival Ericsson, profite malgré tout des déboires de Huawei. Les grandes difficultés de son rival lui permettent d'engranger des contrats d'équipements 5G auprès des opérateurs. Le mois dernier, le groupe finlandais a indiqué avoir signé 42 commandes, contre 40 pour Ericsson et 19 pour Huawei.