La voiture connectée au cœur d’une bataille des standards à Bruxelles

Par Pierre Manière  |   |  378  mots
Les voitures connectées doivent notamment permettre de diminuer les bouchons et les accidents de la route. (Crédits : Regis Duvignau)
Au sein de l’Union européenne, deux camps s’opposent. Certains militent pour que les voitures connectées le soient via les futurs réseaux 5G, qui permettront d’échanger énormément de données. Mais d’autres veulent privilégier le WiFi, qui autorise des échanges ultra-rapides entre les véhicules.

C'est un gros bras de fer, pour un marché tout aussi colossal. La voiture connectée fait l'objet d'une féroce bataille à Bruxelles. L'enjeu porte sur la manière dont les véhicules seront capables de communiquer entre eux, mais aussi avec toutes les infrastructures routières, afin, par exemple, d'éviter les bouchons ou de diminuer les accidents. Mais quelle technologie utiliser ? Aujourd'hui, deux camps s'opposent. Certains comme Volkswagen, Renault, Toyota ou le géant des semi-conducteurs NXP militent pour une technologie WiFi baptisée « ITS-G5 ». Bien que ce standard repose sur une techno ancienne, elle permet aux véhicules de communiquer très rapidement et directement entre eux.

Mais, en face, d'autres, à l'instar de Daimler, Ford, PSA, Deutsche Telekom ou de l'équipementier télécoms Ericsson y sont opposés. Eux se battent pour une autre technologie au nom tout aussi barbare (« C-V2X ») mais reposant sur la 5G, la prochaine génération de communication mobile. La 5G, elle, a un atout différent : elle permettra aux véhicules d'échanger un volume beaucoup plus important de données, et de communiquer plus facilement avec leur environnement.

Les pays membres contre le WiFi

Au passage, la voiture connectée en 5G constitue un moyen pour les opérateurs télécoms d'amortir les très coûteux déploiements de cette technologie. C'est ce qu'indiquait en février dernier Eric Le Calvez, un dirigeant du fabricant de matériels pour réseaux informatiques Vertiv France, au magazine Challenges. Selon lui, l'arrivée des véhicules connectés pourrait constituer « l'une des plus grandes opportunités offertes à l'industrie des télécommunications d'amortir les lourds investissements dans les réseaux 5G ».

En avril dernier, le Parlement européen a choisi de s'aligner sur une proposition de la Commission européenne, qui privilégiait le WiFi. Mais ce jeudi, comme le rapporte Reuters, une grande majorité de pays membres de l'UE a voté contre le projet de la Commission. D'après l'agence, qui cite un responsable européen, 21 États (dont l'Allemagne, la France et l'Italie qui ont toutes les trois un important secteur automobile) sur 28 ont voté contre. Les passes d'armes entre les partisans du WiFi et de la 5G ne sont visiblement pas terminées.