Le Haut conseil pour le climat s'alarme de l'empreinte carbone de la 5G

Par latribune.fr  |   |  731  mots
La 5G devrait générer entre 2,7 à 6,7 millions de tonnes de CO2 supplémentaires, par rapport aux 15 millions de tonnes de CO2 émises par le numérique en France en 2020, selon un rapport du HCC. (Crédits : Fabian Bimmer)
Le Haut conseil prédit un bond de l'empreinte carbone de la 5G. Il préconise une évaluation de l'impact environnemental de la 5G avant toute attribution de nouvelles fréquences. Il lance également un appel à la responsabilité des utilisateurs de smartphones.

Les polémiques qui entourent le déploiement de la 5G ne sont pas prêtes de s'estomper. Elles changent simplement de registre. D'un impact éventuel sur la santé, la nouvelle génération des réseaux mobiles fait désormais débat sur son impact environnemental. Dans un rapport, publié samedi,  le Haut Conseil pour le Climat (HCC), s'alarme en effet sur la facture climat de la 5G. Et, pire selon le HCC, personne ne semble s'en préoccuper avant son déploiement.

C'est pourquoi l'instance consultative indépendante, créée par Emmanuel Macron il y a deux ans pour conseiller le gouvernement sur le climat, recommande de procéder à une évaluation préalable sur l'impact environnemental avant  les prochaines attributions de fréquences 5G.

Nouvelles fréquences en ligne de mire

"En l'absence de moratoire sur la 5G permettant de réévaluer la décision concernant les fréquences déjà distribuées, la première application d'une telle évaluation devra être l'attribution des prochaines bandes de fréquences pour la 5G", note dans son rapport le HCC.

La Convention citoyenne pour le climat, souhaitée par le président de la République avait précisément recommandé un moratoire sur le déploiement de la 5G en l'attente d'une telle étude, une demande rejetée à maintes reprises par Emmanuel Macron. Ce dernier estime la 5G essentielle au développement économique, tout en souhaitant une évaluation du coût environnemental du numérique en général, notamment en ce qui concerne le renouvellement permanent des matériels.

Dans son rapport, le HCC étudie plusieurs hypothèses, en précisant que ces travaux ne peuvent se substituer à une évaluation complète des impacts "environnementaux, sanitaires, économiques, financiers et sociaux", qui n'a jamais été réalisée au préalable.

Augmentation de l'empreinte carbone

Première conclusion, le rapport estime que la 5G est "susceptible d'augmenter significativement" l'empreinte carbone du secteur du numérique, qui représente actuellement environ 2% de l'empreinte totale de la France (soit l'équivalent du secteur aérien).

Les scientifiques estiment que les nouveaux réseaux vont générer 2,7 à 6,7 millions de tonnes de CO2 supplémentaires, par rapport aux 15 millions de tonnes de CO2 émises par le numérique en France en 2020.Cette augmentation de 18 à 44 %, selon les hypothèses, résulte pour les trois quarts de la fabrication des matériels importés, comme de nouveaux smartphones ou les objets connectés.

La 5G entraînera également une hausse de la consommation d'électricité, "entre 16TWh et 40 TWh en 2030", soit entre 3 à 8 % de l'électricité consommée en France. Toutefois, l'électricité est largement d'origine nucléaire en France.

Responsabiliser les usagers

Dans ces recommandations, le HCC propose notamment d'intégrer les engagements sur l'empreinte carbone dans les prochains appels d'offres sur les futures fréquences mais aussi d'agir sur les équipements télécoms.

Il souhaite aussi "informer et responsabiliser" les utilisateurs, particuliers comme entreprises. "Il y a des usages disproportionnés, comme la vidéo haute définition sur téléphone. Il faut porter la priorisation des usages dans le débat public", estime Corinne Le Quéré, présidente du HCC, lors d'un point presse.Certaines offres illimitées sont également pointées du doigt.

Constat partagé mais...

Selon une source gouvernementale, le HCC dresse un "constat partagé" sur la question des équipements, déjà mise en avant par Emmanuel Macron devant la Convention climat. Mais cette source regrette que l'étude ne prenne pas en compte les émissions évitées grâce à la 5G dans d'autres secteurs, comme le transport ou la logistique.

"Ce sont des chiffres bruts et pas nets", avance le secrétariat à la transition numérique. Toutefois, il est difficile de mesurer aujourd'hui les gains énergétiques qui seraient générés par la 5G.

Du côté du Sénat, à l'origine du rapport, ses conclusions "confortent" une proposition de loi "visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique" que la Haute assemblée doit examiner le 12 janvier.

Ce rapport du HCC succède à celui du régulateur des télécoms, l'Arcep, intitulé "Pour un numérique soutenable", qui dresse onze propositions concrètes, mais non contraignantes, pour réduire l'impact climat. En ligne de mire : les smartphones à petits prix proposés par les opérateurs télécoms plus que la 5G elle-même.