Rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia : les dirigeants reçus par François Hollande

Par latribune.fr  |   |  599  mots
Des spéculations sur un éventuel rapprochement ou une transaction entre les deux sociétés avaient déjà eu cours fin 2014, sans se concrétiser.
Les deux groupes ont confirmé être en discussions avancées. Le rapprochement prendrait la forme d'une offre publique d'échange en actions. François Hollande recevra les dirigeants des deux groupes. Bercy a par ailleurs prévenu qu'il sera très vigilant sur la question de l'emploi alors que le groupe compte 6.000 employés en France.

| Article publié à 9h47, mis à jour à 14h05.

Les dirigeants de Nokia, Rajeev Suri, et d'Alcatel-Lucent, Michel Combes, qui ont annoncé mardi 14 avril être "en discussions avancées" en vue d'un rapprochement, seront reçus dans l'après-midi par le président de la République François Hollande, a annoncé l'Elysée.

Plus tôt dans la matinée, l'équipementier en télécoms finlandais a annoncé négocier avec son concurrent franco-américain Alcatel-Lucent pour acquérir tout le groupe, et non juste ses activités mobiles comme le rapportaient en premier lieu l'agence Bloomberg et Les Échos.

Le rapprochement "prendrait la forme d'une offre publique d'échange en actions", a indiqué Nokia dans un communiqué, en précisant qu'il n'y a "pas de certitude à ce stade" que ces négociations aboutissent. Le groupe n'a donné aucun détail supplémentaire, n'évoquant aucune valorisation ni les raisons d'un rapprochement avec Alcatel-Lucent.

Le gouvernement français sera "très attentif"

Le ministère français de l'Économie a réagi à cette annonce en se disant très vigilant sur les conséquences sur l'emploi d'une telle opération de fusion, alors qu'Alcatel emploie 6.000 personnes en France sur un total de 52.000 dans le monde.

Le gouvernement "sera très attentif [aux] éventuelles conséquences sur l'emploi et l'activité des sites français d'Alcatel-Lucent, notamment en recherche et développement, et à ses effets sur l'ensemble de la filière télécoms en France", a indiqué une porte-parole de Bercy.

Les activités d'Alcatel dans le domaine des télécoms entrent dans le champ d'application du décret dit "Montebourg" de mai 2014 qui soumet les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques à l'autorisation préalable des pouvoirs publics français.

Envolée en Bourse d'Alcatel-Lucent

L'annonce de ces négociations de fusion ont fait grimper Alcatel-Lucent de près de 14% à la Bourse de Paris, à 4,4 euros, la plus forte hausse de l'indice paneuropéen FTSEurofirst 300. L'action franchit ainsi la barre des 4 euros pour la première fois depuis juillet 2011 et touche son plus haut niveau depuis juin 2008.

Alexander Peter, analyste chez Exane BNP Paris, a estimé l'action en cas de vente à 4,50 euros, ce qui valoriserait le groupe quelque 12,7 milliards d'euros. A contrario, le titre Nokia cédait 6,3% à la Bourse d'Helsinki, ramenant la capitalisation du finlandais à 27 milliards d'euros environ.Nokia perd quasiment 8% à Helsinki.

Grandir face à Ericsson et Huawei

Des spéculations sur un éventuel rapprochement ou une transaction entre les deux sociétés avaient déjà eu cours fin 2014, sans se concrétiser. Pour le Finlandais, l'intérêt serait de grandir face à son grand rival Ericsson et au Chinois Huawei. La capitalisation boursière du nouveau groupe lui permettrait en effet de dépasser celle du Suédois.

Acculé à gager ses brevets pour pouvoir obtenir un prêt de ses banques fin 2012, Alcatel-Lucent a depuis opéré un spectaculaire redressement sous la houlette de Michel Combes, son directeur général depuis avril 2013. Le groupe français a toutefois encore accusé une perte de 118 millions d'euros l'an dernier pour un chiffre d'affaires de 13,2 milliards, tandis que Nokia engrangeait un bénéfice net de 1,2 milliard sur un chiffre d'affaires de 12,7 milliards.

Numéro un mondial des téléphones portables pendant une dizaine d'années avant d'être dépassé par le sud-coréen Samsung, le Finlandais a cédé en avril 2014 son activité téléphones portables et tablettes au géant américain du logiciel Microsoft. Depuis, il a gardé dans ses coffres l'essentiel des 5,4 milliards d'euros tirés de cette vente.

(Avec AFP et Reuters)