Procès Tapie : trois ans de prison requis contre Stéphane Richard

Par Pierre Manière  |   |  452  mots
Stéphane Richard, le patron de l'opérateur historique. (Crédits : Reuters)
Le ministère public a requis ce lundi trois ans de prison – dont 18 mois avec sursis – contre le PDG d’Orange.

Depuis son renouvellement à la tête d'Orange, Stéphane Richard savait qu'il avait cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Dans le procès de l'arbitrage contesté en faveur de Bernard Tapie dans son contentieux avec le Crédit Lyonnais, le procureur Nicolas Baïetto n'a pas été tendre avec le PDG d'Orange. Outre les cinq ans de prison ferme requis contre Bernard Tapie, il a estimé que l'actuel chef de file de l'opérateur historique, qui était directeur de cabinet de la ministre de l'Économie et des Finances Christine Lagarde au moment des faits, avait une importante responsabilité dans cette affaire. Il a requis à son encontre trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, 100.000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer toute fonction publique pendant cinq ans.

Un autre ancien haut fonctionnaire, Jean-François Rocchi, a lui aussi été épinglé. Nicolas Baïetto a requis contre l'ex-président du consortium de réalisation (CDR) chargé de gérer le passif du Crédit Lyonnais, la même peine de prison et la même interdiction que pour Stéphane Richard, assorties d'une amende moitié moindre, de 50.000 euros.

Pour Nicolas Baïetto, Stéphane Richard et Jean-François Rocchi auraient « agi délibérément et de manière systématique et clandestine dans le sens des intérêts » de Bernard Tapie. Ce que Nicolas Baïetto a résumé en comparant les fonds publics à un coffre fort:

« Bernard Tapie, avec la complicité de son avocat et du faux arbitre va faire ouvrir le coffre fort, grâce à la négligence de Mme Lagarde et à la complicité de Messieurs Richard et Rocchi, qui détenaient la combinaison. »

Richard devra remettre son mandat s'il est condamné, dixit Le Maire

Désormais, place aux plaidoiries de la défense, qui devraient s'achever d'ici trois ou quatre jours. Le jugement, lui, n'est pas attendu avant plusieurs semaines.

Interrogé par La Tribune, Orange ne fait pas de commentaire sur l'affaire. Stéphane Richard avait indiqué, lors du renouvellement de son mandat à la tête de l'opérateur historique au printemps dernier, qu'il le remettrait au conseil d'administration s'il devait être condamné. Et ce, même si les statuts du groupe ne prévoient normalement pas de révocabilité du président. Pour rappel, si le gouvernement avait soutenu le renouvellement de Stéphane Richard en tant que PDG d'Orange, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, s'était montré catégorique : « S'il y a une condamnation de Stéphane Richard à un moment donné, il remettra immédiatement son mandat », avait-il affirmé sur BFM-TV.

(avec Reuters)