Royaume-Uni : le gouvernement furieux des fuites concernant Huawei

Par Pierre Manière  |   |  452  mots
La Première ministre Theresa May. (Crédits : Henry Nicholls)
Après une fuite dans la presse concernant la décision de l’exécutif d’autoriser Huawei à participer au déploiement de la 5G, une enquête a été lancée pour savoir qui a transmis l’information.

Un sacré ramdam ! Ce mercredi, un quotidien britannique, le Daily Telegraph, a indiqué que la Première ministre Theresa May avait donné son feu vert à la participation de l'équipementier chinois Huawei au déploiement de la 5G. Une information importante, car il n'était pas dit que Londres donne son aval au géant des télécoms, soupçonné d'espionnage par les Etats-Unis. D'une part, plusieurs rapports et services gouvernementaux avaient évoqué des risques pour la sécurité nationale. D'autre part, le Royaume-Uni est un des plus fidèles alliés des Etats-Unis, lesquels mènent depuis des mois une vaste campagne anti-Huawei en Europe. En outre, Londres est membre des Fives Eyes, l'alliance des services de renseignement britanniques, australiens, canadiens, néo-zélandais et américains.

Mais cette fuite a provoqué une tempête au sein du gouvernement. L'exécutif a même lancé une enquête pour en identifier le responsable. Concrètement, le feu vert donné à Huawei a été décidé lors d'une réunion du Conseil de sécurité national (le National Security Council), lequel rassemble plusieurs ministres, des pontes de la sécurité, et Theresa May. Tous sont tenus à un devoir de confidentialité. Mais visiblement, quelqu'un a vendu la mèche. Résultat, le secrétaire d'Etat du cabinet, Mark Sedwill, a lancé une investigation pour dénicher l'auteur de la fuite. Selon le quotidien The Guardian, il n'a pas hésité à écrire à toutes les personnes présentes à la réunion pour leur demander si elles en étaient ou non responsable ! Et aujourd'hui, l'enquête se poursuit auprès de tous les fonctionnaires et collaborateurs qui ont eu accès à l'information.

Une fuite « épouvantable »

Dans la foulée, plusieurs ministres ont pris publiquement la parole pour nier leur responsabilité dans cette fuite. C'est le cas de Jeremy Hunt, le ministre des Affaires étrangères, qui a qualifié la fuite « d'épouvantable ». Gavin Williamson, le ministre de la Défense, et Sajid Javid, le ministre de l'Intérieur, lui ont emboîté le pas. Tous ont un point commun : ils n'étaient guère favorables à la participation de Huawei au déploiement de la 5G.

Quoi qu'il en soit, Londres donnera sa position officielle vis-à-vis de l'équipementier chinois au mois de juin. Cette fuite est intervenue alors que le lobbying anti-Huawei des Etats-Unis allait crescendo. Samedi dernier, quelques jours avant que la décision de Theresa May fasse les gros titres, un autre quotidien britannique, The Times, a écrit, en citant une source non-identifiée, que la CIA jugeait que Huawei était financé par l'appareil sécuritaire de la Chine.

(avec AFP)