Smartphones, équipements 5G : quand Samsung et Huawei croisent le fer

Les deux géants asiatiques se livrent aujourd’hui un bras de fer dans deux domaines stratégiques : les terminaux et les équipements de réseaux mobiles.
Pierre Manière
A gauche, DJ Koh, le PDG de Samsung et président de Samsung Mobile, lors de la présentation du Galaxy Fold à écran pliable le 20 février, à San Francisco. A droite, Richard Yu, le président de la division grand public de Huawei, a levé le voile sur ses nouveaux P30 et P30 Pro le 26 mars dernier, à Paris.
A gauche, DJ Koh, le PDG de Samsung et président de Samsung Mobile, lors de la présentation du Galaxy Fold à écran pliable le 20 février, à San Francisco. A droite, Richard Yu, le président de la division grand public de Huawei, a levé le voile sur ses nouveaux P30 et P30 Pro le 26 mars dernier, à Paris. (Crédits : Reuters)

Le premier est sud-coréen et numéro un mondial des smartphones. Le second est chinois et est un cador des équipements télécoms. Aujourd'hui, chacun marche sur les plates-bandes de l'autre. Avec l'intention, claire, de se tailler respectivement des croupières. Incontournables dans le monde des nouvelles technologies, Samsung et Huawei sont engagés dans une lutte féroce, et cherchent, tous les deux, à profiter de leurs difficultés respectives dans leurs domaines de prédilection.

Ce dimanche, le géant sud-coréen a indiqué qu'il allait reporter le lancement de son nouveau smartphone phare, le Galaxy Fold, qui dispose d'un écran pliable. Proposé à partir de 2.000 dollars au pays de l'Oncle Sam, ce nouveau porte-étendard du groupe devait sortir vendredi. Mais suite à des problèmes d'écran rencontrés par certains journalistes, qui ont pu tester l'appareil en amont, Samsung a décidé de ne prendre aucun risque et de s'assurer de la fiabilité du terminal avant sa commercialisation.

Samsung ne veut surtout pas revivre le fiasco du Galaxy Note 7. En 2016, cette phablette avait essuyé des problèmes de batteries explosives. Ce qui a obligé le géant sud-coréen à rappeler 2,5 millions de terminaux à travers le monde. Cet épisode avait porté un sacré coup à la réputation de Samsung. Depuis, le fabricant assure qu'il met les bouchées doubles pour ne plus être confronté à un problème similaire.

Pour Huawei, actuel troisième vendeur de smartphones dans le monde (juste derrière Apple), les problèmes de Samsung constituent une opportunité d'imposer sa marque. D'autant qu'avec son Mate X, il est aussi présent sur le créneau des smartphones à écran pliable. Le mois dernier, Huawei a fait forte impression en dévoilant ses derniers terminaux de référence, les P30 et P30 Pro. Beaucoup d'observateurs ont salué la qualité de l'appareil photo et de son zoom surpuissant.

Les smartphones portent les ventes de Huawei

Grâce à ses ventes de smartphones, en plein essor ces dernières années, Huawei a affiché de très solides résultats en 2018. Pour cet exercice, le groupe de Shenzhen a vu son chiffre d'affaires progresser de 20%, à 107 milliards de dollars. Désormais, les terminaux représentent près de la moitié de ses ventes globales.

En revanche, Huawei a des difficultés sur son activité historique : celles des équipements télécoms. Sur ce créneau, le groupe chinois a été banni du très juteux du marché des réseaux 5G aux États-Unis. Washington accuse Huawei d'espionnage pour le compte de Pékin. Ce que le géant chinois a toujours démenti avec force. Reste que le pays de l'Oncle Sam mène maintenant une intense campagne de lobbying anti-Huawei sur le Vieux Continent, en espérant que l'Europe s'aligne sur sa position. Ce samedi, selon le quotidien britannique The Times, qui cite une source non identifiée, la CIA juge que Huawei est financée par l'appareil sécuritaire de la Chine. Selon un représentant du groupe chinois, il s'agit « d'allégations non fondées qui ne s'appuient sur aucune preuve ».

Quoi qu'il en soit, ces attaques venant des États-Unis constituent un handicap important pour Huawei, qui mise sur le déploiement de la 5G pour doper sa croissance. L'industriel a énormément investi dans ce domaine. Au point que ses équipements sont considérés comme les meilleurs par bon nombre d'observateurs. Mais maintenant, il faut que le retour sur investissements soit au rendez-vous...

Orange va mener des tests avec Samsung

Ces déboires, Samsung compte bien, pour sa part, en profiter. Pour le moment, le géant sud-coréen fait figure de challenger pour la 5G. En 2017, selon le cabinet spécialisé IHS Markit, Samsung ne disposait que d'une part de marché de 3% dans les équipements de réseaux mobiles, très loin derrière les champions Huawei (28%), le suédois Ericsson (27%) et Nokia (23%). Mais il compte bien faire son nid dans ce domaine.

Pourra-t-il bénéficier des ennuis de Huawei pour grandir plus vite ? C'est possible. La semaine dernière, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, a déclaré que Samsung pourrait faire partie des fournisseurs de l'opérateur historique dans la 5G. Le numéro un français des télécoms va notamment mener cette année des expérimentations avec des produits du groupe sud-coréen à Saint-Ouen, près de Paris. « On compte beaucoup sur Samsung parce que, comme tous les opérateurs, nous avons intérêt à ce que l'industrie des équipements soit suffisamment diverse pour qu'il n'y ait pas de dépendance qui se crée par rapport à l'un ou l'autre », a déclaré Stéphane Richard, selon l'agence Reuters.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 24/04/2019 à 18:48
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Les européens et même l'américain Apple semblent un peu largués, même si Nokia et Ericsson conservent quelques positions dans les équipements réseau (mais sont complètement sortis du marché des terminaux). Le choc des titans se produira entre asiatiq...

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