Tours télécoms, fibre : comment Orange veut tirer profit de ses infrastructures

Par Pierre Manière  |   |  767  mots
Stéphane Richard, le PDG d'Orange. (Crédits : Reuters)
Lors de la présentation de son plan stratégique 2025, ce mercredi, l’opérateur historique a annoncé la création de sociétés d’infrastructures pour ses tours télécoms et dans la fibre.

Les opérateurs sont assis sur un tas d'or : leurs infrastructures Internet fixe et de téléphonie mobile. En France et en Europe, les champions du secteur multiplient les opérations visant à céder leurs réseaux de fibre ou leurs parcs de tours télécoms pour se renflouer. Il faut dire qu'aujourd'hui, les fonds d'infrastructures ont les crocs. Ils sont prêts à débourser des sommes folles pour ces actifs jugés stratégiques et sûrs. Dans l'Hexagone, Bouygues Telecom, SFR et Iliad ont tous procédé à des ventes de tours télécoms. Il y a près d'un an, SFR a cédé une participation minoritaire (49,99%) de SFR TowerCo, la société gérant plus de 10.000 de ses sites mobiles, au fonds d'investissement KKR, pour 1,8 milliards d'euros. Seul Orange n'avait, jusqu'alors, rien entrepris pour vendre ou mieux tirer profit de ses infrastructures. Sa stratégie était très attendue. Le groupe l'a dévoilée ce mercredi, lors de la présentation de son plan stratégique 2025.

Que va faire l'opérateur historique ? Dans le mobile, Orange a annoncé la création de « TowerCo » (Tower Companies) dans les pays où il est présent, afin d'y loger ses tours de réseaux mobiles. Dans le courant de l'année prochaine, deux premières TowerCo vont voir le jour en France et en Espagne. Ces structures pourraient, à terme, accueillir des fonds à leur capital. Mais Orange promet qu'il conservera impérativement le contrôle de ces sociétés.

Doper la rentabilité des tours télécoms

En France, la TowerCo gérera les 17.000 sites mobiles de l'opérateur. Elle disposera de ses propres équipes et d'un management spécifique. Leur tâche sera de doper la rentabilité des pylônes et des toits-terrasses, en y accueillant, concrètement, le plus d'opérateurs possible. SFR, Bouygues Telecom et Free pourront, en cas d'accords, accéder à ces sites pour greffer leurs propres antennes de téléphonie mobile. L'idée est aussi d'optimiser leur gestion, en partageant, par exemple, la note d'électricité avec tous les acteurs présents.

En Espagne, Orange envisage aussi de créer une TowerCo, mais possiblement « en joint-venture avec un autre opérateur », a précisé Stéphane Richard, le PDG de leader français des télécoms. L'objectif est ici de disposer « d'une taille critique », dixit le dirigeant, « afin d'attirer des investisseurs ». A la différence de la France, où il numéro un dans le mobile, Orange dispose d'un réseau plus modeste de l'autre côté des Pyrénées, avec un parc de 7.700 sites. En outre, le groupe a annoncé la vente, ce mercredi, de 1.500 pylônes jugés « non-stratégiques », à Cellnex, le géant européen des tours télécoms, pour 260 millions d'euros. Enfin dans un second temps, Orange envisage de créer « une holding européenne, Orange TowerCo, qui serait le réceptacle de toutes les TowerCo nationales », souligne Stéphane Richard. Celle-ci rassemblerait les 40.000 sites mobiles de l'opérateur sur le Vieux Continent.

Un pactole attendu pour les réseaux de fibre ruraux

De manière générale, les TowerCo sont jugées cruciales pour les opérateurs dans les années à venir. Avec l'arrivée de la 5G, les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free vont devoir considérablement densifier leurs réseaux mobiles. Les TowerCo peuvent leur permettre de couvrir des territoires dans lesquels ils ne sont pas présents.

Orange va également créer une société d'infrastructures dédiée à la fibre. Baptisée Orange Concessions, celle-ci regroupera tous les réseaux ruraux de fibre déployés et gérés par l'opérateur pour le compte des collectivités. Au total, ceux-ci rassemblent quelques 4 millions de prises. Ici, « nous cherchons la déconsolidation », souligne Stéphane Richard. En clair, Orange lorgne des fonds ou des investisseurs désireux de prendre le contrôle de la société en échange d'un gros chèque. « L'intérêt, c'est de sortir les Capex [dépenses d'investissement, Ndlr] », précise Stéphane Richard, dans la mesure où « ces réseaux, nous n'en sommes, ni n'en serons jamais, propriétaire ». Cette opération pourrait rapporter un sacré pactole à Orange. A titre de comparaison, Covage, un opérateur d'infrastructures au portefeuille de 2,4 millions de prises dans les territoires ruraux, est en passe d'être racheté 1 milliard d'euros par Altice, la maison-mère de SFR.