Zones blanches : Denormandie charge les précédents gouvernements

Par Pierre Manière  |   |  531  mots
Julien Denormandie, le ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires. (Crédits : Reuters)
Ce mardi à Paris, lors de la conférence annuelle de l’Arcep, le régulateur des télécoms, le ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires a rappelé que jusqu’alors, beaucoup de territoires supposément couverts en téléphonie mobile ne l’étaient, en fait, pas du tout. Selon lui, la faute en incombe aux précédents gouvernements, qui ont très mal défini ce que doit être une bonne qualité de service.

Certains ministres de François Hollande vont grincer des dents. Ce mardi, Julien Denormandie a copieusement critiqué l'action des précédents gouvernements pour tenter d'en finir avec les zones dites « blanches », où le mobile ne passe pas. Lors de la conférence annuelle de l'Arcep, le régulateur des télécoms, le ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires a estimé que si passer un simple coup de fil dans de nombreux bourgs demeure un chemin de croix, c'est parce que l'Etat (comprendre : l'Etat de l'« ancien monde ») a fauté.

Pourquoi ? « Parce qu'en vrai, les opérateurs ont toujours tenu les engagements qu'ils ont pris auprès de l'Etat », constate le ministre. Il fait ici référence aux obligations de couverture mobile des Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free qui figurent dans leurs licences 3G et 4G. Le problème, c'est qu'un grand nombre de zones estampillées « couvertes » au regard des obligations des opérateurs ne l'étaient, en réalité, pas du tout, ou très mal. « Quand je suis arrivé au gouvernement, il y avait officiellement 600 zones blanches sur notre territoire », rappelle Julien Denormandie, qui souligne que ce chiffre est très en-deçà de la réalité.

« On a redéfini ce qu'est la qualité de service »

Il renchérit :

« Avant, quand vous étiez obligé de faire 500 mètres depuis un clocher, de monter sur une colline pour [...], avec un peu de bol [...], arriver à capter une barre sur votre téléphone, la zone était considérée comme couverte. Ce n'était pas une zone blanche. »

Aujourd'hui, assure le ministre, ce n'est plus le cas. « On a redéfini ce qu'est la qualité de service », affirme-t-il.

En parallèle, Julien Denormandie a aussi estimé que l'Etat avait sa part de responsabilité dans le fait que les opérateurs ont toujours privilégié la couverture des grandes agglomérations à celle des campagnes et territoires les moins peuplés de l'Hexagone. D'après lui, les précédents gouvernements ont eu le tort de toujours considérer les fréquences de téléphonie mobile, que l'Etat loue aux opérateurs, comme un moyen de ramener un maximum d'argent dans ses caisses.

« Changement de paradigme »

« On a fait des enchères budgétaires pour récupérer le plus d'argent possible, rappelle le ministre. Et donc les opérateurs sont évidemment allés d'abord dans les zones les plus rentables pour rentabiliser ces investissements importants. »

Aux yeux de Julien Denormandie, l'exécutif actuel « a complètement changé de paradigme ». Il en veut pour preuve un accord passé il y a un an avec les opérateurs. Dans le cadre de ce « New Deal », l'Etat a accepté de renouveler certaines des licences d'utilisation de fréquences en échanges d'importants investissements d'Orange, de SFR, de Bouygues Telecom et de Free dans les zones les moins denses du territoire. A en croire Julien Denormandie, la manœuvre porte ses fruits. Echaudés par les échecs des précédents plans anti-zones blanches, nombre d'élus locaux, eux, jugeront sur pièces. Ou plutôt sur le nombre de barres sur leur téléphone.