Netflix prêt à produire en France un "House of Versailles"

Par Delphine Cuny  |   |  671  mots
Robin Wright récompensée du Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique en janvier dernier pour son rôle dans la série à succès "House of Cards", production originale de Netflix.
Le service de vidéo à la demande par abonnement américain a confirmé son lancement en septembre dans l'Hexagone. Son patron assure vouloir investir dans une grosse production française, version locale de sa série à succès "House of Cards."

C'est désormais officiel : Netflix lancera son service en France en septembre. L'entreprise californienne de vidéo à la demande par abonnement a annoncé lundi soir, en dévoilant ses résultats du deuxième trimestre, qu'elle entrerait sur les marchés français, allemand, belge, suisse, autrichien et luxembourgeois au cours du mois de septembre. Ce serait même le dimanche 14 septembre, selon le site ZDnet. Le service qui a révolutionné le marché de la vidéo à la demande et compte désormais 50 millions d'abonnés dans 40 pays, dont 35 millions aux Etats-Unis, fait trembler les chaînes françaises, en particulier Canal Plus. La firme de Los Gatos, qui va transférer son siège européen du Luxembourg à Amsterdam, est soupçonnée de vouloir échapper à la réglementation française qui impose de contribuer au financement de la création audiovisuelle hexagonale.

Interrogé par un analyste financier sur « l'exception culturelle » française, le cofondateur et directeur général de Netflix, Reed Hastings, a semble-t-il voulu rassurer les milieux du cinéma et les pouvoirs publics : 

« Nous n'essayons pas vraiment de contourner quoi que ce soit. Nous voulons investir en France et dans les contenus français, et leur offrir des perspectives à l'étranger. Il y a de fantastiques scénaristes en France, une grande industrie du cinéma. Nous pourrions faire de « House of Cards » un « House of Versailles », pas au sens littéral, c'est une plaisanterie entre nous, mais ce serait une grosse production et pas seulement pour le marché français, pour le monde entier » a déclaré Reed Hastings (revoir la vidéo).

 Une opportunité pour la production française

Il s'agira donc peut-être d'une intrigue historique, plutôt qu'une transposition dans la France actuelle de sa série à succès « House of Cards », dévoilant les arcanes du Congrès américain et de la Maison-Blanche. « Nous voulons être aimés en France et par les consommateurs français » a déclaré Reed Hastings. Le directeur des contenus, Ted Sarandos, a rappelé que le programme le plus populaire en France était la série américaine « Mentalist », ce qui prouve que « les goûts du public ne sont pas si éloignés. »

 « Nous sommes très enthousiastes de voir que la France nous perçoit comme une opportunité pour le marché, et non comme un acteur voulant faire du tort à ce marché. Ce n'est pas nouveau pour nous, nous travaillons déjà avec des sociétés de production françaises » a relevé le directeur des contenus.

Ted Sarandos a souligné que Netflix travaille avec des produecteurs français, dans l'animation notamment, et a cité son partenaire Gaumont, qui produit pour lui les séries « Hemlock Grove » et « Narcos. » Reed Hastings a défendu la mission de Netflix : « nous connectons le monde, nous apportons certains des meilleurs contenus du monde à des citoyens de toute la planète. » Le groupe n'a pas précisé quel serait le prix de l'abonnement dans les nouveaux pays lancés en septembre, mais il devrait sans doute se situer sous les 10 euros par mois, peut-être à 8,99 euros comme aux Pays-Bas.

Souveraineté culturelle et numérique

La veille, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti avait défendu « une stratégie de souveraineté culturelle et numérique » et la nécessité de mettre en valeur le « made in France culturel. » Une croisade menée avec Arnaud Montebourg, qui a demandé à Orange de bâtir une contre-attaque à Netflix, qui prendrait la forme d'une clef connectable aux téléviseurs diffusant les contenus de son bouquet Orange Cinema Series, selon l'Express. La ministre de la Culture a proposé de son côté d'aménager la chronologie de diffusion des films, en ramenant de 3 à 2 ans après la sortie en salles le délai de passage en vidéo par abonnement, uniquement pour les services contribuant au financement de créations françaises. Une mesure clairement perçue comme pro-Canal Plus et anti-Netflix. Message reçu 5 sur 5 à Los Gatos visiblement.