Les frais bancaires augmentent plus pour les clients en difficulté

Par Hugo Baudino  |   |  565  mots
Les bons clients pour les banques ne sont pas forcément ceux que l'on croit...
Une facture qui a grimpé de plus de 10% en 4 ans pour les "petits" clients, voilà le triste constat effectué par l'association de consommateur CLCV dans sa dernière enquête annuelle sur les frais bancaires.

Vous serez ravis de l'apprendre : en tant que "petit" client de banque, vous contribuez plus au renflouement des banques que les gros clients. En effet, d'après l'enquête annuelle de l'association de consommateurs CLCV, publiée le 17 janvier 2017, le constat est sans appel : "les consommateurs précaires sont les plus touchés" par la hausse des frais bancaires. L'étude de CLCV étudie le tarif de 136 banques métropolitaines en vigueur au 1er février 2017, en se basant sur trois profils types : le petit consommateur, le consommateur moyen et le gros consommateur.

Le profil petit consommateur est un célibataire réalisant 30 opérations par mois, qui possède une carte Visa ou MasterCard à débit immédiat, qui effectue 8 retraits d'argent par mois dont deux dans des distributeurs hors réseau (autre banque) et qui a mis en place 6 prélèvements mensuels automatique par mois. Les deux autres profils augmentent ces différents chiffres en ajoutant d'autres fonctions (virements permanent, deuxième carte ou carte bleue premium, gestion par internet, etc.).

Pour la première catégorie, la facture annuelle sera en moyenne de 71,49 euros, en retenant la formule la moins chère pour chaque banque entre paiement à la carte et package. Cela correspond à une hausse de 1,75% par rapport à la même offre l'an passé. En se basant sur ses précédentes études annuelles, la CLCV calcule que cela représente une augmentation de plus de 11% sur quatre ans, alors que sur la même période l'inflation s'établit à 1,9%. Au 1er février 2013, le coût moyen des services bancaires était de 64 euros pour ce profil.

Dans le détail, les hausses portent (évidemment) sur les frais de tenue de compte - seules 14 banques parmi les 136 étudiées ne les facturent pas - et les cartes bleues à paiement immédiat, ce qui rejoint les autres études récentes sur les frais bancaires. Pêle-mêle, d'autres frais sont eux-aussi en augmentation : les retraits dans d'autres distributeurs, les virements en agence, les oppositions sur chèque, les chèques de banque et les transferts de PEL, énumère l'association de consommateurs.

Le "package" mis en cause

Pour éviter de payer des frais de tenue de compte et économiser sur votre facture globale, les banquiers proposent souvent à leurs clients d'opter pour un "package", soit une offre groupée de services bancaires. Seulement ils sont en réalité  "loin d'être toujours intéressant", déplore CLCV. Les "petits consommateurs" n'ont intérêt à opter pour cette formule que dans 15 des 126 banques qui la proposent, avertit l'association, au contraire des "gros consommateurs" qui eux pourront y gagner dans plus de la moitié de ces établissements.

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Les clients les plus en difficulté seront aussi beaucoup plus affectés par des frais pour incidents bancaires "toujours plus élevés" lorsqu'ils sont à la carte "(hors package), pointe l'étude. Les frais pour une saisie effectuée sur le compte sont ainsi en augmentation dans environ la moitié des banques analysées, leur coût moyen s'élevant à 100 euros, en hausse de 2,38% par rapport à l'an dernier et de 9,6% en quatre ans.

Face à ces constats, le président de l'association, Jean-Yves Mano, a interpellé le ministre de l'Economie par courrier pour demander une tarification officielle pour certains frais d'incidents bancaires, a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.

(avec AFP)