Immobilier : les acheteurs ressortent timidement du bois

Par Laura Fort  |   |  754  mots
Copyright AFP
Les professionnels observent une reprise de la demande en juin, alors que les passages à l'acte se faisaient rares jusque là. La baisse des taux et la fin de la période électorale auront probablement eu raison de l'attentisme de certains candidats à l'achat.

Les dossiers déposés s'accumulaient depuis le début de l'année : les candidats à l'achat restaient sur la réserve et ne donnaient pas suite à leur prospection. Même s'il reste encore timide, les professionnels de l'immobilier observent pourtant depuis quelques semaines un redémarrage des passages à l'acte. Faut-il y voir un effet pos-élections ? Probablement. Optimiste, le courtier Cafpi écrit que "les élections passées, les Français retrouvent le chemin de l'acquisition et l'attentisme qui prévalait au premier trimestre n'a plus cours." "Une chose est sûre, les emprunteurs ont une petite fenêtre de tir durant l'été et doivent mettre à profit cette trêve pour réaliser leurs projets d'acquisition", affirme Cafpi. Certes, les prix de l'immobilier font de la résistance et les conditions d'octroi de crédit sont plus strictes. Mais les taux sont exceptionnellement bas et pourraient bien ne pas le rester longtemps. Et les réformes qui s'annoncent, comme l'encadrement des loyers ou les mesures fiscales sur le patrimoine des ménages, ne seront pas forcément avantageuses pour toutes les catégories d'investisseurs.

81.5% des crédits réalisés à un taux inférieur à 4%

La grande braderie des taux de crédit aura eu raison de l'attentisme de certains candidats à l'achat. En juin, "Le niveau historiquement bas de l'OAT 10 ans - jusqu'à 2.26% le 4 juin - permet aux banques d'afficher des taux très compétitifs, donnant ainsi aux acheteurs plus de marge de man?uvre pour acheter un bien et le financer", estime Sandrine Allonier, responsable des études économiques du courtier Meilleurtaux, dans un communiqué. Selon l'Observatoire Crédit Logement / CSA, le taux moyen s'élève à 3.60% en juin. Un taux qui a reculé de 35 points de base depuis le mois de mars. L'observatoire relève également que 81.5% de la production de crédits a été réalisée à un taux inférieur à 4% en juin.

Les taux devraient rester inchangés cet été
"Les emprunteurs pourront jouir de ces taux  pendant une durée de deux mois, les banques laissant traditionnellement leurs taux inchangés durant l'été. [...] Dans le pire des scénarios, les taux d'emprunt immobilier pourraient repasser au-dessus de la barre des 5% sur 20 ans d'ici fin 2012", précise le courtier ABCourtage dans un communiqué.  L'Observatoire note que la durée des prêts consentis diminue toujours : ainsi, les prêts inférieurs à 15 ans représentent 25% de la production de crédits en juin 2012 contre 20% en 2011. Et l'apport personnel des emprunteurs est toujours plus conséquents : +10.8% en 2012 contre +9.1% en 2011 et +6.4% en 2010.

En attendant une baisse des prix

Le regain d'activité reste néanmoins timide. Meilleurtaux relève ainsi que le nombre de dossiers avec compromis de vente signé, ou en passe de l'être, sont en hausse de 8% en juin après une baisse de 12% en mai. Mais, en glissement annuel, ils ressortent en baisse de 6%.
"Cette reprise d'activité est à nuancer, puisqu'elle ne touche pas les primo-accédants, pour qui les prix de l'immobilier restent toujours trop élevés et l'offre trop rare, malgré des taux historiquement bas", ajoute Joël Boumendil, PDG du courtier ACE dans un communiqué.
L'observatoire Crédit Logement / CSA fait le même constat d'une reprise timide : "le mois de juin, habituellement dynamique en matière d'offre de crédit, bénéficie d'une embellie, +8.9% de production, mais il reste néanmoins profondément marqué par la morosité de la demande". En effet, après une production de crédits en recul en mars et avril, et stable en mai, elle remonte en juin. Mais par rapport à la même période l'an dernier, le total des prêts accordés a chuté de 22%, et de 26% pour le seul marché de l'ancien. L'Observatoire note que ce dernier "a bénéficié de l'embellie saisonnière habituelle en juin, mais reste bien timide en comparaison de ce qui s'observe traditionnellement en juin".
Au final, force est de constater que la majorité des candidats à l'achat ayant déposé des dossiers de crédit sont donc toujours en attente d'un ajustement des prix des biens à la baisse. "Après avoir fait le constat que les prix ne baisseront finalement pas, les particuliers vont se remettre à signer, afin d'éviter que le prix du bien choisi n'augmente. Ce regain, nous l'avons déjà ressenti en juin, et il devrait selon nous continuer au cours des prochains mois", ajoute Joël Boumendil.


Pour aller plus loin
Les prix de l'immobilier jusque dans votre rue
Calculez votre taux de crédit immobilier
Tout sur les SCPI