L’image de Cécile Duflot nuit-elle au dispositif... Duflot ?

Par Mathias Thépot  |   |  748  mots
L'image de la ministre du Logement Cécile Duflot nuit à l'efficience de ses mesures selons certains professionnels
Le simple fait que le nom de la ministre du Logement, Cécile Duflot, soit associé au nouveau dispositif d'investissement locatif dans le neuf détournerait l'intérêt de certains investisseurs. Explication.

L'investissement des ménages dans immobilier résidentiel tient beaucoup à la confiance, qui fluctue dans le temps pour de multiples raisons. Cette caractéristique, vectrice d'incertitude, ne manque d'ailleurs pas d'effrayer certaines foncières qui préfèrent axer leur stratégie sur l'immobilier de bureau, un marché plus rationnel sur la durée.

 

Dans un autre registre, Cécile Duflot, souffre également de l'impact de la psychologie dans l'investissement résidentiel. Si certaines des mesures prises par la ministre du Logement comme l'encadrement des professions immobilière, la garantie universelle ou l'encadrement des loyers provoquent des débats logiques et fournis sur le fond, d'autres semblent souffrir d'un désamour des investisseurs du fait, en partie, ... de l'image de Cécile Duflot. 
Bon nombre d'acteurs du monde de l'immobilier, qu'ils soient investisseurs, propriétaires ou professionnels perçoivent en effet la ministre comme un personnage politique trop interventionniste et à la pensée trop socialisante sur un marché où les "libertés individuelles" devraient selon eux régner.

 

L'image de la ministre ne doit pas avoir d'impact sur la perception du dispositif

 

Cette image négative qui colle aux basques de Cécile Duflot concourrait au développement difficile du nouveau dispositif d'investissement locatif dans le neuf qui a remplacé le Scellier, et porte donc le nom de la ministre.
"Le nom ou l'image du ministre associé à un dispositif fiscal ne devraient pas avoir d'impact sur la perception du dispositif. Mais, force est de constater qu'on peut observer ce phénomène pour le "Duflot"", constate Daniel Znaty, directeur immobilier de l'Union financière de France (UFF).
Ainsi, selon un sondage Ifop réalisé pour l'UFF publié il y a quelques jours, 56% de la clientèle patrimoniale a le sentiment que c'est le bon moment pour investir dans l'immobilier locatif d'investissement cette année, soit davantage qu'en 2011 et 2012. Or, seuls 32% choisiraient le dispositif Duflot s'ils devaient investir dans l'immobilier contre 55% pour le Scellier en 2012. Ils sont même 85% à ne pas envisager d'investir dans l'immobilier locatif afin de bénéficier du dispositif Duflot.

 

Lé réduction d'impôt du Duflot 2013 est supérieure à celle du Scellier 2012

 

Le Duflot 2013 est pourtant aussi -  sinon plus - intéressant (notamment pour les petites surfaces) que le Scellier de 2012, puisque la réduction d'impôt proposée est supérieure et compense la baisse des loyers instaurée pour plus de cohérence avec le marché. L'abattement sur l'impôt sur le revenu est ainsi fixé en 2013 à 18% du prix de l'achat et réparti sur 9 ans, contre 13% pour la même durée dans le cas du Scellier 2012.
De surcroît, le nombre d'acquisitions autorisées par an dans la limite d'un montant de 300.000 euros est passé de 1 à 2 logements.
Le plafonnement des niches fiscales a certes été abaissé à 10 000 euros, et "constitue un frein pour les investisseurs les plus argentés. Mais pour un investisseur moyen, un investissement entre 180 000 à 200 000 euros dans un dispositif Duflot laisse la place pour cumuler un autre dispositif de défiscalisation", explique Daniel Znaty.

 

Un manque de promotion du dispositif par le ministère du Logement ?

 

Ce dernier note également "une confusion sur la réduction d'impôts". Certaines personnes estiment en effet le Scellier plus avantageux que le Duflot. Certes, "le dispositif Scellier offrait 25% de réduction lors de sa mise en place, mais seulement 13% fin 2012. Le dispositif Duflot en propose lui 18%, soit 5 points de plus", ajoute Daniel Znaty.

 

Comme Daniel Znaty, ils sont beaucoup à s'interroger sur les raisons de cette méfiance des investisseurs pour le dispositif Duflot. Si certains professionnels constatent sur le terrain une défiance quotidienne vis à vis du pouvoir politique en place, d'autres comme Jean-Philippe Ruggieri, directeur général Immobilier résidentiel du groupe Nexity, voient davantage un manque de communication de la part ministère du Logement qui n'aurait pas assez fait la promotion du dispositif Duflot. "Quand on met quelque chose en place, il faut le promouvoir! ", s'exclame ainsi  Jean-Philippe Ruggieri.

 

Ce travail de communication est en fait tacitement délégué aux professionnels de l'immobilier. "Il y a un vrai travail de démystification du dispositif à faire afin que le dispositif soit perçu différemment par les Français patrimoniaux", juge ainsi Daniel Znaty. D'ailleurs, les conseillers de l'UFF proposent désormais un "bien" à leurs clients, et non un "investissement en Duflot". Preuve que le nom de la ministre est susceptible de faire se rétracter les investisseurs les plus échaudés par la politique du gouvernement.