Immobilier neuf : une équation insoluble pour les promoteurs

Par Mathias Thépot  |   |  471  mots
Le nombre de logements neufs mis en chantier est en net repli de 9% entre novembre 2012 et octobre 2013
Le pessimisme règne sur le marché de l'immobilier neuf. Les promoteurs éprouvent toutes les peines à vendre des programmes neufs à des prix correspondants à la demande.

L'année 2013 est marquée par la sinistrose sur le marché de l'immobilier neuf. Ce pessimisme ambiant résulte d'une équation insoluble pour les constructeurs qui ne parviennent pas à commercialiser des logements à des prix correspondants à la demande, sous peine de vendre à perte.
Résultat, sur les douze mois écoulés entre novembre 2012 et octobre 2013, le nombre de logements neufs mis en chantier est en net repli de 9% à 339.957 unités.

Chute des mises en chantier

Plus inquiétant pour les mois à venir, le nombre de permis de construire, censé représenter les futures mises en chantier, a chuté de 23% d'août à octobre, à 101.989 unités, comparé à la même période un an plus tôt. Et sur douze mois, la tendance est toujours à une nette baisse, avec un repli cumulé de 15,4% à 441.071 unités entre novembre 2012 et octobre 2013, comparé à la même période un an plus tôt.

"Tant du côté des mises en ventes de logements que des mises en chantier, qui allaient un peu mieux depuis quelques mois mais repassent dans le rouge, tous les indicateurs convergent pour indiquer que la machine ralentit de plus en plus", s'inquiète  François Payelle, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). 

Retour aux niveaux des années 1993-1994

"Après avoir vendu 75.000 logements neufs l'an dernier, nous pourrions tomber à 70.000 cette année. Nous retournons sur les niveaux des années 1993-1994, qui étaient très mauvaises", poursuivait-il.

Les promoteurs, qui pèsent pour un tiers de la production de logements neufs, sont les plus affectés cette année. "En ce moment, ils broient du noir : leurs deux segments de prédilection -le logement collectif et l'individuel groupé- sont en chute libre (respectivement 12% et 14% sur 12 mois ndlr)", constate ainsi Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi. 

Les prix de revient ont crû de 55% en dehors de l'Ile-de-France

Les promoteurs éprouvent en fait les pires difficultés à commercialiser des logements à des prix en adéquation avec une demande affaiblie par la crise.
La faute à leurs prix de revient dont les principaux déterminants sont le coût du foncier, le coût de la construction et le coût de la main d'œuvre. Ils ont en effet augmenté de "plus de 28% en Ile de France entre 2005 et 2011, et de 55% en dehors de cette région", explique  le Crédit Foncier. "De ce fait, les prix de l'immobilier neuf ressortent à de tels niveaux que les promoteurs sont plus prudents à construire des programmes, par crainte de ne pouvoir les commercialiser", ajoute le spécialiste du crédit immobilier.
Et malheureusement pour eux, les constructeurs ne voient pas le bout du tunnel : "les perspectives pour le quatrième trimestre et le premier semestre 2014 sont très mauvaises", déplore François Payelle.