Les agents immobiliers restent très remontés contre Cécile Duflot

Par Mathias Thépot  |   |  656  mots
Le président de la Fnaim a préféré annuler l'invitation de la ministre du Logement Cécile Duflot au congrès annuel de sa fédération
L'ouverture du congrès annuel de la Fnaim s'est déroulée sur fond de réforme gouvernementale de la profession immobilière. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les agents immobiliers étaient très remontés.

Il ne faisait pas bon prononcer le nom de Cécile Duflot ce lundi matin au congrès annuel de la Fnaim (Fédération nationale de l'immobilier) organisé porte Maillot à Paris. « Persona non grata » cette année, la ministre du Logement a vu son invitation au congrès annulée par le président de la Fnaim Jean-François Buet. Il craignait que la ministre ne soit chahutée par ses adhérents très remontés contre le projet de loi Alur (accès au logement et un urbanisme rénové).

Bien lui en a pris, puisque les agents immobiliers présents n'ont pas hésité à huer et à siffler le préfet Alain Régnier, délégué interministériel à l'hébergement et à l'accès au logement et seul représentant de l'Etat présent, après que celui-ci regretta des propos "très vifs" tenus un peu plus tôt dans la matinée par les membres du conseil d'administration de la Fnaim envers la politique du logement du gouvernement.

La salle a tout de même consenti de timides applaudissements à la fin de l'intervention d'Alain Regnier après qu'il ait appelé à plusieurs reprises au dialogue constructif et démocratique.

Un climat de défiance vis à vis du gouvernement

Les participants au congrès avaient il faut dire été encouragés par un "coup de com'" de la Fnaim. La fédération a en effet distribué aux personnes présentes des cartons jaunes à l'entrée avec comme slogan inscrit dessus : "Changez l'Alur". Une allusion à la loi de la ministre du Logement et dont chacun jugera de la pertinence. A la fin du discours d'ouverture du président de la Fnaim, Jean-François Buet, la salle s'est même levée à son initiative et a brandi fièrement une multitude de ces petits cartons jaunes.

L'ambiance de défiance qui régnait ce matin au palais des congrès de la porte Maillot est révélatrice des rapports tendus qu'entretiennent le gouvernement et la profession immobilière. Après des premiers mois plutôt cordiaux entre mai 2012 et le début de l'année 2013, la situation a basculé en juin dernier lorsque Cécile Duflot a annoncé, à la surprise générale de la profession, qu'elle comptait plafonner les frais d'agence payés par le locataire et encadrer les tarifs des syndics.

La présentation de la loi Alur quelques jours plus tard, qui instaure un encadrement et une garantie universelle des loyers, a également révolté les professionnels de l'immobilier. Ces derniers communiquent depuis régulièrement dans les médias contre les mesures du gouvernement.

Bon nombre des propositions des professionnels ont été reprises dans la loi Alur

En juillet dernier Cécile Duflot indiquait en réponse à la Tribune que

" "l'agitation" des professionnels de l'immobilier ne devait "pas faire oublier que la concertation avec les professionnels de l'immobilier a été intense et fructueuse. Bon nombre de leurs propositions ont d'ailleurs été reprises dans le projet de loi, comme l'obligation de formation continue. Dans un premier temps, il n'est guère étonnant de susciter le mécontentement des professionnels d'un secteur quand on sort d'un système totalement dérégulé pour entrer dans un système mieux encadré. Mais je gage que c'est provisoire. Nous saurons travailler ensemble", assurait alors la ministre.

Ce lundi matin Etienne Ginot, le président de l'Unis (Union des syndicats de l'immobilier) a d'ailleurs confirmé que plusieurs des propositions de la profession avaient été reprises par le gouvernement dans la loi Alur, même si cela ne signifie absolument pas selon lui que le projet de loi étudié en ce moment au Parlement est satisfaisant.
De son côté, la Fnaim menace toujours de ne pas apporter son concours à l'Observatoire annuel des loyers qui doit permettre de déterminer des loyers médians quartier par quartier, données indispensables à la mesure concernant leur encadrement.