Les agents immobiliers en quête de sens (économique)

Par Mathias Thépot  |   |  671  mots
Environ 35% des transactions immobilières s'effectuent sans que le particulier ne passe par un professionnel.
Les agents immobiliers se doivent de justifier le service rendu aux acquéreurs, qui s'acquittent des commissions lors des transactions.

Certes, il n'existe pas de méthode scientifiquement fiable pour déterminer l'état actuel de la répartition du marché de la négociation de logements anciens en France.
Mais on s'accorde tout de même à dire du côté du Conseil supérieur du Notariat que les professionnels de l'immobilier sont à l'origine de 60% des transactions ; et que les particuliers s'arrangent entre eux dans 35% des cas. Ces derniers s'appuient principalement sur LeBonCoin, dont les annonces immobilières sont consultées par 8 millions de visiteurs uniques par mois, et sur la plateforme De Particulier à Particulier (2 millions).

La profession d'agent immobilier se métamorphose

S'il semble que la proportion de particuliers ne passant pas par un professionnel évolue peu ces dernières années, force est de constater qu'avec la crise immobilière et le net, la profession de l'agent immobilier se métamorphose. Ainsi, certain défis ne sauraient être occultés par les professionnels du secteur, sous peine de perdre véritablement des parts de marché ; de surcroît à l'heure où le particulier passe dans 90% des cas par une prise de contact sur internet.
"Le principal concurrent de l'agent immobilier devient le particulier lui-même", estime Jeremy Teper, président de Wiire, un outil immobilier inter-agences. 

Remise en question perpétuelle

Sur un marché de l'immobilier ancien qui a perdu plus de 100.000 transactions annuelles en 3 ans, il y a en effet matière à se remettre en cause. D'aucuns s'accordent à dire que les professionnels doivent améliorer le service fourni à l'acquéreur, dont les exigences sont de plus en plus importantes à cause de la crise économique. Il est reproché aux agents immobiliers d'être davantage concernés par l'obtention du mandat de vente. 

Résultat, "les acquéreurs potentiels qui écument les agences pendant plusieurs mois, qui font plusieurs dizaines de visites avant de trouver un bien qui leur correspond, et qui ne bénéficient finalement pas du service d'un professionnel de l'immobilier, finissent par se demander pour quel service ils doivent rémunérer l'agent immobilier. Car ils ont l'impression d'avoir trouver le bien qui leur correspond eux-mêmes", avance Jeremy Teper.

Le risque est grand dans ce type de situation que l'acheteur ne préfère in fine se passer d'un professionnel pour effectuer sa transaction.

Le vendeur a tendance à survaloriser son bien

Lorsqu'il se passe de professionnel, le vendeur a pour sa part l'impression d'être plus compétitif sur le marché, puisque son acheteur n'aura pas à s'acquitter des commissions d'agences. Mais au final rien ne garantit que la transaction soit plus avantageuse. Car seul, le vendeur a aussi tendance à survaloriser son bien afin d'opérer la meilleure culbute financière possible.
"Ce n'est pas souvent dit, mais passer par un professionnel permet le plus souvent d'absorber les frais d'agences. En effet, la négociation avec un intermédiaire aboutit à un prix plus proche de la valeur réelle du bien immobilier", indique Jeremy Teper.

L'inter-cabinet comme solution idoine ?

Pour créer un vrai service à destination de l'acquéreur, le travail en inter-cabinets ou inter-agences est une solution souvent citée par les professionnels de l'immobilier qui se projettent vers l'avenir. En mettant en commun leurs bases de données de biens à vendre, les agences s'offrent en effet davantage de chances de satisfaire les potentiels acquéreurs qui les sollicitent.

Mais cette culture inter-cabinets est pour l'instant peu ancrée dans les mentalités des agences françaises, qui se voient parfois comme des adversaires. Il y a aussi le fait que pour une vente réalisée en inter-agences, les commissions sont partagées entre les deux professionnels qui interviennent dans la transaction.

Reste qu'en cette période de crise où 10% des agences ont fermé en 2012 et en 2013, selon la Fédération nationale de l'immobilier, les agences immobilières ont plus que jamais intérêt à se serrer les coudes et à développer un état d'esprit de cohésion.


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