En taxant les bureaux vides, Paris veut-elle renflouer ses caisses ?

Par Mathias Thépot  |   |  499  mots
Paris doit-elle remettre les bureaux du boulevard Haussmann sur le marché du logement?
La Ville de Paris a récemment adopté une nouvelle taxe sur les friches commerciales. Si la mairie assure vouloir inciter les propriétaires à remettre leurs bureaux sur le marché, d'autres estiment que cette mesure a pour but principal de renflouer les caisses de la Capitale.

A partir du 1er juillet 2015, la Ville de Paris taxera les bureaux vides à hauteur de 20% de leur valeur locative la première année, de 30% la deuxième et de 40% la troisième. La mairie l'affirme, cette nouvelle taxe a pour premier objectif d'encourager la transformation de bureaux en logements... et non d'accroître les recettes fiscales de la Ville. "L'objectif n'est pas de remplir les caisses", a assuré à l'AFP Ian Brossat (PCF), l'adjoint au maire de Paris chargé du logement. "Il s'agit pour la Ville de lutter contre la rétention foncière", a-t-il ajouté.

Besoin de recettes urgentes ?

Le maire de Courbevoie (Haut-de-Seine) Jacques Kossowski (UMP) n'y croit pas : "Il n'est pas évident que ce soit l'objectif prioritaire de ces mesures, tant la municipalité semble avoir besoin de recettes urgentes", juge-t-il dans une chronique sur slate.fr. "Cet énième prélèvement ne résoudra en rien le problème du logement francilien", a-t-il par ailleurs indiqué.

De surcroît, il explique que "les villes de la banlieue parisienne en ont assez d'être les seules à faire un effort réel pour le logement. Lorsqu'on sait qu'en 2013, Paris, avec ses 2,2 millions d'habitants, a autorisé la construction de 3.148 logements, contre le double pour les Hauts-de-Seine, qui compte 600 000 habitants de moins, on est en droit de renvoyer la capitale à ses responsabilités".

Convertir les bureaux Haussmanniens ?

Jacques Kossowski milite en fait pour que la mairie de Paris se montre encore plus radicale. 

"Paris ne pourra jamais construire les 10 000 logements promis si elle n'adopte pas de mesures plus radicales qu'une nouvelle taxe pour des résultats incertains. Pour créer une nouvelle offre de logement rapidement, Paris doit refuser systématiquement le renouvellement des baux commerciaux pour les bureaux qui étaient anciennement des appartements haussmanniens. Il n'est pas normal qu'aujourd'hui certains quartiers de Paris soient déserts après 20h. Autant il est difficile de convertir des immeubles de bureaux en logements, autant il est facile de redonner à d'anciens logements leur vocation initiale.", juge-t-il.

200.000 mètres carrés de bureaux à transformer

Durant sa campagne, la nouvelle maire de Paris Anne Hidalgo a promis qu'elle transformerait durant son mandat au moins 200.000 mètres carrés de bureaux en logements. Cet objectif est à mettre en perspective avec les 1,2 million de mètres carrés de bureaux qui seraient vacants dans la capitale.

Reste que transformer des bureaux en logements ne sera efficient que si les nouvelles habitations sont mises sur le marché à des prix abordables. Ce qui est loin d'être acquis. "Le coût de cette transformation est prohibitif", juge Ulrich Maurel, président du courtier immobilier Immoprêt. "Et, si cela peut finalement se faire, le coût de la vente comme celui de la mise en location sera si élevé que ce logement s'adressera à la frange de la population la plus aisée. Il ne répondra pas aux besoins des ménages en difficulté pour acquérir ou louer un logement compte tenu des prix", s'inquiète-t-il.