Immobilier : les jeunes sont de retour à l’achat

Par Mathias Thépot  |   |  537  mots
Le nombre d'acquéreurs de moins de 30 ans à Paris a augmenté de 16% en 2014 par rapport à 2013.
Les moins de 30 ans sont revenus sur le marché de l’achat immobilier grâce notamment aux politiques commerciales agressives des banques lors du second semestre 2014.

Depuis 2011, les jeunes primo-accédants avaient quitté le marché de l'achat immobilier. La faute à une conjoncture économique difficile, à un resserrement des conditions d'octroi de crédits des banques, à des prix de l'immobilier trop élevés dans les zones tendues, et à la réduction du périmètre de certains dispositifs fiscaux avantageux.

Cette tendance semble toutefois avoir pris fin lors du second semestre 2014. D'après le réseau d'agents immobiliers Century 21, l'activité lors de cette période a principalement été soutenue par les jeunes de moins de 30 ans. En grande partie grâce à eux, "2014 n'aura pas été une si mauvaise que cela", estime Laurent Vimont, le président de Century 21, qui jauge le nombre de transactions dans l'ancien en 2014 à environ 720.000 unités, stable par rapport à 2013.

Partout sur le territoire, les jeunes sont revenus en masse sur le marché de l'acquisition. Les moins de 30 ans ont représenté 21,5% des acheteurs en 2014, soit une hausse de 9% par rapport à l'année précédente, selon le réseau Century 21. Même dans les endroits où les prix sont élevés comme Paris, les jeunes ont retrouvé goût à l'achat : ils y sont en hausse de 16%. De même à Lyon métropole où ils sont ont été 18% de plus qu'en 2013.

 Un effet rattrapage

Pourquoi une telle hausse pour cette catégorie de la population, alors qu'à l'inverse le nombre d'acheteurs ayant entre 30 et 40 ans a par exemple baissé de 8% sur tout le territoire ? Pour Laurent Vimont, les moins de 30 ans qui "étaient exclus du marché depuis deux ans ont profité d'un appel d'air" lié aux taux d'intérêt de crédits immobiliers bas ( 2,36% en moyenne en décembre 2014 ) ainsi qu'à la baisse des prix (-2,8% sur 12 mois au niveau national).

Mais au-delà ce cet "effet rattrapage", le retour des jeunes sur le marché de l'accession dans l'ancien s'explique par les politiques concurrentielles agressives des banques pour atteindre leurs objectifs commerciaux de fin d'année. Elles ont principalement ciblé les jeunes, un public potentiellement très captif une fois le crédit immobilier souscrit.

Pour les attirer, les banques ont globalement assoupli leurs conditions d'octroi de crédits. Ainsi Century 21 a constaté qu'au second semestre 2014, pour l'achat d'un bien immobilier de 194.000 euros avec un crédit de 20 ans et une mensualité de 1.000 euros, les banques ont accepté en moyenne de financer 97% du prix d'achat hors frais d'enregistrement ! Soit le niveau le plus élevé depuis le déclenchement de la crise en 2008.

La schizophrénie des 30-40 ans

Par ailleurs, contrairement au reste de la population, les moins de 30 ans n'ont en général pas de logement à vendre avant d'en racheter un autre. D'un côté, ils ont donc pu bénéficier du fait que les vendeurs ont "recommencé à retrouver raison" en cette fin d'année 2014, selon Laurent Vimont, et ont accepté de céder à des prix plus bas.

Et de l'autre, ils ne se sont pas retrouvés dans la position schizophrène des 30-40 ans qui ont souvent besoin de vendre leur logement acquis quelques années auparavant pour financer une nouvel achat immobilier. Eux "sont dans une logique de faire deux bonnes opérations à l'achat et à la vente", explique Laurent Vimont. Ce qui prend plus de temps.