Immobilier : les acheteurs ont repris le pouvoir

Par Mathias Thépot  |   |  554  mots
A Paris, il y a un acheteur pour un vendeur. Ce qui favorise ces derniers...
Les acheteurs de biens immobiliers deviennent moins nombreux que les vendeurs, et peuvent donc négocier les prix à la baisse.

Sur le marché de l'immobilier français, la tendance des prix est toujours à la (légère) baisse en ce début d'année, principalement du fait de l'inadéquation de la demande avec le niveau des prix, qui avaient plus que doublé en 15 ans. "Le marché immobilier français corrige graduellement les excès de la hausse des prix 1997-2011", explique Sébastien de Lafond, le président du site internet spécialisé Meilleursagents.com.

Le rapport de force entre vendeurs et acheteurs a en fait tourné en faveur des seconds lors des derniers mois. "Le rapport de force reste partout favorable aux acheteurs, trop peu nombreux", confirme Sébastien de Lafond. A Paris par exemple, le site internet constate qu'il y a environ autant d'acheteurs que de vendeurs, ce qui réduit les marges de négociation pour ces derniers s'ils souhaitent faire flamber les prix des transactions.

Pas de confiance

Dans la plupart des autres grandes métropoles françaises, le nombre d'acheteurs et vendeurs est quasiment le même. Sauf à Marseille, où il y a seulement 6 acheteurs pour 10 vendeurs, Lille et Nice (7 acheteurs pour 10 vendeurs). "Aussi nous pouvons déterminer que sans changement majeur du contexte macroéconomique, le marché devrait continuer à baisser en 2015, de façon plutôt modérée", analyse encore  le spécialiste du secteur.

Les acheteurs seront d'autant plus réticents à accéder aux requêtes des vendeurs en matière de prix d'acquisition que le chômage toujours élevé empêche "le retour de la confiance de la part des particuliers ou des banques", explique Sébatien Lafond, et qu'il ne faut en parallèle pas "attendre d'impact majeur sur la demande" de la part des politiques publiques. Seul le périmètre du prêt à taux zéro a été élargi dans le neuf et un peu dans l'ancien mais cela ne suffira pas à soutenir une demande inflationniste.

Les taux ont encore baissé

Du reste, si la baisse des prix de l'immobilier n'est pas davantage prononcée, c'est avant tout du fait de "la mécanique d'augmentation du pouvoir d'achat par la baisse des taux d'intérêt des crédits immobiliers (-0,9% en 2014), qui devrait perdurer sur les prochains trimestres". Meilleursagents pointe aussi "la faiblesse de la construction neuve dans les zones dynamiques".

Pour 2015, "il s'agit d'analyser des signaux contradictoires et c'est un exercice complexe", commente Sébastien de Lafond, qui comme beaucoup des professionnels de l'immobilier, aime se livrer à des prédictions. L'année passée, Meilleursagents anticipait un marché en baisse de 3 à 5% à Paris (-3 à -5% à Lyon et -5 à -7% à Marseille). Mais la baisse a été globalement plus modérée. Elle s'est établie à 2,8% à Paris, 2.1% à Lyon et 3,8% à Marseille.

Baisse des prix modérée pour 2015

Comme beaucoup d'autres acteurs du secteur, Meilleursagents ne pensait pas que les taux baisseraient à nouveau, "ce qui a redonné du pouvoir d'achat aux acheteurs et limité la baisse des prix", explique le site internet. Concrètement pour 2015, Meilleursagents prévoit une poursuite généralisée de l'érosion des prix, "modérée par des taux toujours orientés à la baisse pour cette année 2015". Avec des baisses de 0 à 3% à Paris et Lyon, et d'autres un peu plus prononcées d'entre -3% et -5%, dans des villes telles que Lille, Montpellier, Strasbourg, Toulouse, Marseille ou Nice.