Immobilier : de plus en plus de logements pour les classes moyennes ?

Par Mathias Thépot  |   |  591  mots
L'offre de logements intermédiaires va-t-elle détendre le marché du logement social ?
L'offre de logements intermédiaires, à destination des classes moyennes, prend forme. D'ici à quelques mois, les ménages pourraient en sentir les premiers effets.

Progressivement, l'offre de logements dédiée aux classes moyennes prend forme. Après avoir structuré et clarifié le statut du logement intermédiaire par lois et ordonnances, les pouvoirs publics lancent désormais la production concrète d'une nouvelle offre de logements à loyers modérés dans les zones tendues, là où les écarts de prix entre les logements du secteur libre et du secteur social social sont les plus importants. C'est la filiale de la Caisse des dépôts, la société nationale immobilière (SNI), qui est jusqu'ici l'acteur principal du déblocage de cette offre nouvelle de logements locatifs à destination des classes moyennes.

31.500 logements intermédiaires en 5 ans

Après avoir créé un fonds dédié au logement intermédiaire abondé par des investisseurs institutionnels -le projet Agros- pour la construction de 6.500 logements intermédiaires, la SNI s'est récemment vue confier la gestion d'un fonds de l'Etat doté d'un milliard d'euros pour l'investissement dans le logement intermédiaire. Bercy estime que ce fonds permettra de créer 13.000 logements intermédiaires au cours des cinq prochaines années.

Alors qu'ils craignaient qu'une autre entreprise ne remporte l'appel d'offre et ne vienne concurrencer leur projet Argos, la SNI et son président André Yché ont donc finalement réussi à obtenir gain de cause. En plus, 900 millions d'euros supplémentaires en faveur du logement intermédiaire seront mis sur la table par la Caisse des dépôts. Ces montants doivent générer la construction de 12.000 lots supplémentaires pour les classes moyennes. Au total, ce sont donc 31.500 logements locatifs intermédiaires en cinq ans qui devraient être construits.

Le Pinel et l'encadrement des loyers

Il faut ajouter à cela les logements qui seront créés grâce au dispositif d'aide fiscale à l'investissement locatif "Pinel", dont les loyers sont également plafonnés. Dopés par l'optimisme du début d'année, les promoteurs immobiliers se prennent à rêver de 45.000 ventes "Pinel" pour la seule année 2015. De quoi organiser une offre significative de logements à destination des classes moyennes dans les milieux urbains.

En revanche dans l'ancien, si l'encadrement des loyers a bien été créé pour réduire les abus de propriétaires, son périmètre a été limité à Paris intramuros. Le nouveau gouvernement craignait de faire fuir les investisseurs si ce dispositif était généralisé, comme initialement prévu, à tout le territoire. Et si l'encadrement a été conservé à Paris, c'est aussi parce que les autres dispositifs dédiés à la construction de logements pour les classes moyennes n'y auront que peu d'impact, la capitale française étant déjà l'une des villes les plus denses du monde.

Du reste, l'encadrement des loyers à Paris devrait avoir des effets significatifs. Il apparaît que, dans certains quartiers et sur certains types de biens, l'effet de l'encadrement sera notable, en particulier sur les studios.

Détendre la pression sur le logement social

Jusqu'ici trop insignifiant, le logement locatif intermédiaire se présente donc comme une alternative salvatrice dans les zones tendues. Il s'immisce entre un secteur du logement social à la file d'attente interminable - il y a plus d'1,7 million de demandeurs de logements sociaux en France, dont l'écrasante majorité dans les zones urbaines -, et un secteur libre parfois inabordable.

Développer cette offre pourrait donner une véritable bouffée d'air frais à des ménages pris à la gorge par le coût exorbitant de leur logement. Enfin, elle pourrait avoir d'autres effets vertueux car son développement réduira la pression sur le logement social.