Logement neuf : comment pérenniser la reprise

La hausse des ventes de logements neufs ne satisfait pas les promoteurs immobiliers : ils attendent une reprise significative des mises en vente.
Mathias Thépot
Les dépenses publiques destinées au secteur du logement sont inférieures aux recettes qu'il génère, explique la FPI.

Les ventes de logements neufs se sont donc fortement redressées en ce début d'année. Voilà quatre ans que les promoteurs immobiliers n'avaient pas connu pareil succès : deux trimestres consécutifs de hausse de leurs ventes. Concrètement, 25.826 logements ont été réservés au premier trimestre 2015, soit une hausse de 10,4 % par rapport au premier trimestre 2014, après un dernier trimestre 2014 déjà en hausse de 12,5%, selon les chiffres de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

Une réelle éclaircie que les promoteurs attribuent bien sûr à la hausse des ventes aux investisseurs particuliers, elles-mêmes liées à l'instauration du dispositif d'aide fiscale à l'investissement locatif Pinel. Celui-ci assouplit les conditions de son prédécesseur, le dispositif Duflot, en permettant aux investisseurs de louer leur logement à leurs ascendants ou à leurs descendants, et leur donne le choix de louer durant trois durées différentes pour bénéficier de l'avantage fiscal : 6, 9 ou 12 ans, contre seulement 9 ans pour le Duflot.

 Le bond des ventes aux investisseurs

Un surplus de souplesse qui a semble-t-il redonné confiance aux investisseurs : les ventes les concernant ont bondi de... 59,4% au premier trimestre 2015 par rapport au même trimestre de l'année précédente. Elles représentent désormais près la moitié des ventes totales des promoteurs immobiliers. A ce rythme, les promoteurs peuvent s'attendre à vendre 45.000 logements "Pinel" en 2015 (soit une hausse de près de 50 % par rapport aux logements "Duflot"), et entre 85.000 et 90.000 logements au total, prédit François Payelle, le président de la FPI qui terminera son mandat fin juin à la tête de l'institution. « Le nouveau dispositif Pinel fonctionne », se réjouit-il ainsi. « Il ne reste plus qu'à espérer que la production prenne le relai des ventes », ajoute-t-il.

Car s'ils se réjouissent des hausses des ventes, les promoteurs restent inquiets concernant le lancement des opérations de construction. Les mises en vente ne sont en hausse que de 6,5 % au premier trimestre 2015 et ne suivent pas l'évolution des ventes. A ce rythme, « l'offre commerciale va se réduire et l'on risque de se retrouver en situation de sous-offre », craint François Payelle. Or « un marché qui ne développe pas beaucoup d'offre ne peut pas voir ses prix baisser », explique Alexandra François-Cuxac, favorite pour succéder à François Payelle à la tête de la FPI.

 40.000 logements bloqués à cause des recours

Les promoteurs sont en grande difficulté pour sortir des projets immobiliers à des prix adéquats avec la demande. D'un côté, ils restent pénalisés par le niveau trop élevé de leur coût de revient, et de l'autre « les difficultés à obtenir des permis de construire et le recours quand ils sont obtenus demeurent plus que jamais d'actualité. Les lourdeurs administratives et les réticences des élus à accorder de nouvelles autorisations fragilisent l'embellie et risquent de faire durer la crise de production que connait le secteur », déplore Alexandra François-Cuxac. A ce stade, les bailleurs sociaux et les promoteurs immobiliers dénombrent 40.000 constructions de logements bloquées à cause des recours de particuliers sur les permis de construire.

Favoriser les primo-accédants ?

Une manière de détendre les promoteurs serait certainement de favoriser la reprise des ventes aux primo-accédants, lesquels ont souffert d'une hausse des prix de l'immobilier supérieure aux revenus lors des quinze dernières années. Dans l'incapacité d'ajuster leur prix de sortie pour rendre leur offre plus abordable aux jeunes, les promoteurs militent donc pour que l'Etat, à l'instar de ce qui est fait pour les investisseurs, développe des dispositifs incitatifs ciblés sur les primo-accédants. Ainsi François Payelle se réjouit des nouveaux barèmes du prêt d'accession sociale (PAS), qui ont pour objectif de favoriser l'accession à la propriété des ménages aux revenus modestes, et milite pour le maintien de l'APL Accession, dont la suppression est prévue pour 2016, même si un groupe de députés - savamment conseillés par les promoteurs - a récemment recommandé qu'elle soit préservée.

En cette période de réduction des déficits, accroître la dépense fiscale n'est pourtant pas vu d'un bon œil par Bercy. Mais, chiffre à l'appui, François Payelle relate que les Comptes du logement indiquait que les aides au logement en 2013 s'élevaient à 40,8 milliards d'euros, alors que les prélèvements fiscaux sur le logement atteignaient de leur côté 63 milliards d'euros, soit un solde net de 22,2 milliards d'euros. Comme le rappelle François Payelle à Bercy, « il y a certaines dépenses qui génèrent des recettes supérieures ».

Mathias Thépot

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Commentaires 24
à écrit le 18/08/2015 à 13:17
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ESSAI

à écrit le 28/05/2015 à 11:05
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Les dispositifs d'accessions ne sont pas des subventions, personne ne reçoit de cash, il s'agit juste de ramener la délirante fiscalité à un niveau qui n'est que la normale. Ces dispositifs devraient d'ailleurs être appliqués à tous les secteurs. Qua...

le 28/05/2015 à 11:53
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La fiscalite francaise est en effet delirante mais l immobilier est plutot moins frappe que le reste. Dans pas mal de pays (par ex en suisse ou USA), les taxes foncieres sont bien plus fortes qu en france . Et si vous regardez l ISF, vous payez moins...

le 28/05/2015 à 19:15
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"Je travaille dans un grand groupe français et au moins la moitié de mes collègues entament des démarches. " : Qu'ils foncent! Pour que les prix puissent fondre, il faut qu'ils vident leurs assurances vies et ne soient pas là une fois la baisse venue...

le 29/05/2015 à 12:42
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@zola: c est bien de reconnaître que la fiscalité immobilière est délirante en france cependant évitez pour être crédible de comparer avec la Suisse que vous semblez connaître ( Comparez plutôt des autres États de l UE).Il est vrai que la taxe commu...

le 30/05/2015 à 14:45
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"les prix de l immobilier en france sur une période longue ( 30 ans) est dans la moyenne des pays" : Les bulles immobilières sont un problème global. "J insiste cette fiscalité hors norme, incomparable avec nos voisins est une des causes de la hauss...

le 31/05/2015 à 12:06
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@zola : faux ..Les propriétaires dans leur majorité cherchent avant tout la sécurité ..J en veux pour preuve que les loyers depuis quelques années ne suivent plus l inflation ..Lorsque vous louez 0 vous comprendrez : entre un locataire avec apl ( to...

le 31/05/2015 à 21:19
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"J en veux pour preuve que les loyers depuis quelques années ne suivent plus l inflation " : Effet de moyenne. Prenez les moyennes des loyers à la relocalisation ainsi que les loyers des studios et on en reparle.

à écrit le 28/05/2015 à 10:46
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C'est normal, en France même les riches sont assistés, avec la bénédiction de l'UMP, par ex : on peut cumuler part et demi-parts déductible des impôts et en plus toucher les allocations familiales en plus des déductions fiscales pour le jardinier la ...

à écrit le 28/05/2015 à 9:03
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Incroyable : en resume les promoteurs demandent a l etat de subventionner leurs acheteurs ! heureusement que tous les secteurs ne font pas pareil ! Vous voyez Total dire que le petrole est trop cher et que l etat doit subventionner l essence ? ou les...

à écrit le 28/05/2015 à 9:00
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"Dans l'incapacité d'ajuster leur prix de sortie pour rendre leur offre plus abordable aux jeunes, les promoteurs militent donc pour que l'Etat, à l'instar de ce qui est fait pour les investisseurs, développe des dispositifs incitatifs ciblés sur les...

à écrit le 28/05/2015 à 8:20
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Dispositif d'aide fiscale à l'investissement locatif Pinel qui remplace le dispositif Duflot: - achat d'un logement neuf ou réhabilité, entre le 1er septembre 2014 et le 31 décembre 2016, dans une zone de tension, par un particulier ou une société c...

le 28/05/2015 à 11:12
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Il ne s'agit pas de "riches investisseurs". La moyenne des revenus des personnes investissant dans le neuf est de 2500 euros par mois. Il s'agit juste de particuliers lambdas souhaitant améliorer leur retraite avec un bien et a l'occasion disposer d'...

le 28/05/2015 à 12:51
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à 2500€ par mois dans le neuf on peut se payer 10m² à Paris (en endettement maximal sur 25 ans), un poil plus dans les autres zones tendues (reste de l'IDF, autres zones). Donc non ce ne sont pas les classes moyennes qui "investissent", à moins de co...

le 28/05/2015 à 14:53
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Avant d'annoncer ce genre de généralités je le répète renseignez vous: le revenu moyen de l'investisseur en pinel est de 2500 euros nets. On est loin du fils a papa ou du rentier.

le 28/05/2015 à 17:12
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@Faux Dans ce cas relisez la première moitié de mon message : si le revenu moyen d'un "investisseur" Pinel est "10m² à Paris en s'endettant jusqu'au cou pendant 25 ans", c'est que l'investissement Pinel type se situe loiiiiin des bassins d'activit...

le 28/05/2015 à 18:08
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@@faux : pauvre @zola qui n a toujours pas compris que le pinel ne coute rien aux contribuable puisque la defiscalisation 18% est inférieur à la tva : le Pinel fait par conséquent rentrer plus de recettes fiscales que de dépenses pour l état et le PS...

le 28/05/2015 à 19:10
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"ui n a toujours pas compris que le pinel ne coute rien aux contribuable puisque la defiscalisation 18% est inférieur à la tva" : toujours en train de mentir sur les manques à gagner... Louez donc pour 1% de rentabilité, ça ne vous coute pas plus che...

le 28/05/2015 à 23:08
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@malcomprenant Toujours la fameuses escroquerie intellectuelle qui consiste à considérer que TOUTES les recettes fiscales sont dûes exclusivement aux subventions et que si les dispositifs défiscalisants n'étaient pas en place elles seraient de 0 e...

le 29/05/2015 à 9:09
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@zola : encore et toujours de la désinformation ! J ai toujours dit que les dispositifs fiscaux étaient des pièges à ... pour cadres ( pas des rentiers !)qui ne perçoivent que l avantage fiscal sans voir qu ils payent plus un logement neuf qui répond...

le 29/05/2015 à 11:51
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Plutôt que de parler dan le vague: "Selon l’enquête patrimoine 2010, le bailleur moyen a 55 ans et possède 2,1 logements locatifs. Si les bailleurs ne sont guère plus âgés que les non bailleurs (52 ans en moyenne), ils s’en distinguent par un revenu...

le 30/05/2015 à 0:07
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"Donc plutôt que de dire n'importe quoi; donnez vos sources. vous disiez 2500 euros; donnez la source" : Je ne sais pas d'où il sort le chiffre, mais les publicités s'orientent vers ça. "Plus de 2500 euros d'impôt? Devenez non imposable avec Pinel" (...

à écrit le 28/05/2015 à 8:19
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Il faut en finir avec tous ces secteurs subventionnés ! L'addiction à l'état est une folie , et ça sort toujours de la même poche !

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