Immobilier : la baisse des prix va-t-elle s'enrayer ?

Par Mathias Thépot  |   |  673  mots
Les prix de l'immobilier vont-ils continuer à baisser jusqu'en 2018 ?
La correction lente des prix qui s'est engagée depuis 2012 subit un coup d'arrêt en ce début d'année, remarque le réseau d'agents immobiliers Century 21.

Alors qu'ils avaient atteint des niveaux records en 2011, les prix de l'immobilier ancien ont amorcé leur correction depuis : certes toujours à des niveaux très élevés par rapport aux revenus des ménages dans les zones tendues, ils ont tout de même globalement baissé de 2,2% en 2014, après des reculs d'1,7% en 2013 et en 2012, selon le baromètre Notaire-Insee.

Entre le premier semestre 2015 et le premier semestre 2014, la baisse est toujours présente d'après les réseaux d'agents immobiliers : Century 21 rapporte une baisse de 2,6 % à 2.739 euros du mètre carré dans l'hexagone, Guy Hoquet annonce de son côté une réduction des prix des logements de 2,1% à 2.425 euros le mètre carré, et Laforet constate pour sa part une baisse de 2,3 % à 2.742 euros du mètre carré.

Attendre 2018 pour retrouver le même pouvoir d'achat

En théorie, ces baissent devraient se poursuivre, tant la hausse des prix durant les années 2000 fut déconnectée des revenus des ménages. Les analystes du Crédit Agricole estiment ainsi qu'à ce rythme de baisse et en supposant que les taux d'intérêt de crédits se maintiennent à leurs niveaux actuels, il faudra encore attendre quelques années, jusqu'à 2017 ou 2018, pour que la capacité d'achat immobilière des ménages revienne au même niveau qu'en 1998. Date du début de la folle croissance des prix de l'immobilier en France.

Une hausse des prix constatée sur le terrain...

Mais le réseau Century 21 s'inscrit en partie en faux avec ce constat, s'appuyant sur un constat empirique datant du début d'année 2015. « En observant les tendances du premier semestre 2015, on constate que la baisse des prix s'est enrayée, le prix moyen au mètre carré enregistre au niveau national une augmentation de 1,8 % sur les six derniers mois », explique Laurent Vimont, le président de Century 21.

Pour appuyer ses propos, Century 21 note que sept régions (Alsace, Aquitaine, Bourgogne, Centre, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Provence-Alpes-Côte-D'azur) ont vu leur prix croître début 2015 rapport à fin 2014, contre seulement quatre sur un an. Toutes ces régions étant très dynamiques en matière de transactions immobilières, ajoute Century 21.

Certains acheteurs seraient donc de retour sur le marché. « Sur le premier semestre 2015, ce sont les 30-50 ans qui reviennent en force sur le marché, ceux-là mêmes qui avaient reporté leur projet, essentiellement des ventes de confort, et qui considèrent aujourd'hui que la conjoncture est à nouveau porteuse », analyse Laurent Vimont.

Raréfaction de l'offre

La baisse lente des prix ces dernières années et surtout la baisse historique des taux de crédits immobiliers nominaux (2,01 % en moyenne en mai selon l'Observatoire Crédit Logement / CSA ) expliquent aussi le bond des transactions (+ 15,2 % sur un an, selon Century 21) et la pression à la hausse sur les prix de l'immobilier dans certains territoires.

Du reste, « le regain de dynamisme du marché porte en lui-même ses limites », s'inquiète Laurent Vimont. « La hausse du nombre de transactions a pour corollaire une raréfaction de l'offre de biens sur le marché tandis que l'accroissement de la demande pèse sur les prix qui repartent à la hausse au cours du premier semestre 2015 », ajoute-t-il.

Le risque d'une hausse des taux

Cette tendance va-t-elle se pérenniser, marquant ainsi un point d'inflexion en ce début d'année 2015, ou bien sera-t-elle passagère ? Le présent de Century 21 opté plutôt pour la première solution. « Il est probable que les prix continuent à grimper », estime-t-il. En revanche, « l'environnement international, notamment la crise grecque, pourrait peser sur le niveau des taux d'intérêt qui pourraient repartir à la hausse », ajoute-t-il.

Si tel était le cas, « ceci aurait deux conséquences : gripper le marché d'une part, et d'autre part, faire baisser significativement les prix. Concrètement, une hausse de 1 % des taux d'intérêt de crédits immobiliers entraînerait une baisse des prix de 10 % à 15 % », prédit Laurent Vimont. Bref, pour Century 21, il ne faut pas se réjouir trop tôt de la hausse des transactions dans l'ancien et rester prudent.