Immobilier : pourquoi la reprise se fait attendre dans le neuf

Par Mathias Thépot  |   |  607  mots
Les mises en chantier de logements neufs continuent de baisser
Alors que les promoteurs se sont réjouis ces dernières semaines de la reprise de leurs ventes, les mises en chantier continuent de chuter. Pour quelles raisons ?

Ce début d'année 2015 avait pourtant redonné le moral aux promoteurs immobiliers, dont les ventes se sont redressées. Mais leur optimisme est douché par les chiffres mensuels de la construction, dont les derniers ont été publiés ce mardi : ils révèlent que les mises en chantier de logements neufs en France ont continué à se rétracter au deuxième trimestre sur un an, avec un repli de 7,4 %, à 86.100 unités. Sur la période de douze mois achevée fin juin, les mises en chantier ont aussi baissé de 5,8%, à 344.000 unités.

Hausse des ventes investisseurs

La tendance est pourtant à la hausse concernant les ventes dans l'immobilier neuf (+10,4 % au premier trimestre 2015 pour les promoteurs). Tous les professionnels de de l'immobilier s'accordent à dire qu'il y a eu une réelle éclaircie liée à la hausse des ventes aux investisseurs particuliers, elles-mêmes liées à l'instauration du dispositif d'aide fiscale à l'investissement locatif Pinel. Celui-ci assouplit les conditions de son prédécesseur, le dispositif Duflot, en permettant aux investisseurs de louer leur logement à leurs ascendants ou à leurs descendants, et leur donne le choix de louer durant trois durées différentes pour bénéficier de l'avantage fiscal : 6, 9 ou 12 ans, contre seulement 9 ans pour le Duflot. Des conditions qui ont redonné l'envie à certains d'investir dans le neuf. Dont acte.

Des blocages subsistent

Mais une hausse des ventes ne signifie pas mécaniquement que de nouveaux programmes de logements seront lancés rapidement sur les chantiers. Car en réalité, si le dispositif Pinel redynamise la demande des investisseurs, l'offre a de son côté du mal à suivre.

Les promoteurs sont en effet en grande difficulté pour sortir des projets immobiliers dans des temps restreins, ce qui peut expliquer en partie le décalage entre les ventes et les mises en chantier. « Les difficultés à obtenir des permis de construire et le recours quand ils sont obtenus demeurent plus que jamais d'actualité. Les lourdeurs administratives et les réticences des élus à accorder de nouvelles autorisations fragilisent l'embellie et risquent de faire durer la crise de production que connait le secteur », déplorait il y a quelques semaines, Alexandra François-Cuxac, nouvelle présidente de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

Dans ce cadre, une embellie est toutefois à noter dans les chiffres publiés ce mardi, puisque le nombre de permis de construire accordés pour des logements neufs a progressé de 3,9% à 92.100 unités au deuxième trimestre. Reste à savoir si cette reprise se pérennisera.

Hausse des prix de revient

Par ailleurs, si les investisseurs sont de retour, nombre d'acquéreurs potentiels de résidences principales neuves restent bloqués par le niveau trop élevé des prix sur ce secteur, notamment les primo-accédants. Et les promoteurs se disent impuissants face à cette situation car ils n'arrivent pas à abaisser leur prix de revient. Celui-ci a fortement crû ces dernières années dans les zones tendues à cause de la hausse du prix foncier et des coûts de construction.

Ces derniers auraient notamment augmenté de 50 % en 10 ans, principalement à cause de l'empilement des diverses normes et réglementation, regrettent les promoteurs immobiliers. Ils demandent du temps sans que de nouvelles normes soient adoptées  pour pouvoir s'adapter à toutes ces nouvelles données de marché, afin de proposer des logements à des prix plus en adéquation avec le pouvoir d'achat de la demande.

D'ici là, ils ne verraient pas d'un mauvais œil que l'exécutif favorise la reprise des ventes aux primo-accédants. Mais alors qu'un PTZ dans le neuf existe déjà, les pouvoirs publics, contraints budgétairement, n'ont pas encore donné de signaux allant dans ce sens.