Le crédit immobilier repart à la hausse en 2015

Par Mathias Thépot  |   |  594  mots
L'année 2015 a été marquée par une grande vague de renégociation de crédits immobiliers jusqu'à l'été.
Logiquement, la reprise sur le marché de l'immobilier en 2015 se fait aussi ressentir sur le crédit. Une reprise permise notamment par la baisse des taux des crédits nominaux et des prix de l'immobilier.

Les ménages français ont davantage souscrit de crédits immobiliers auprès de leurs banques en 2015 qu'en 2014, c'est une évidence. Le bilan chiffré qui sera connu en début d'année prochaine devrait être très positif sur ce point. Il faut dire que le crédit à l'habitat a bénéficié de la reprise globale du secteur de l'immobilier cette année, après un cru 2014 compliqué.

Cette reprise se matérialise par la hausse d'environ 5 % des transactions dans l'ancien, qui devraient finir l'année à 730.000 unités, selon le président de la Fnaim Jean-François Buet. Mais aussi par une reprise dans l'immobilier neuf où les promoteurs devraient réaliser l'une de leurs meilleures années depuis 20 ans en terme de ventes, en grande partie grâce au succès du dispositif d'aide fiscale à l'investissement locatif, le Pinel.

Baisse des taux d'intérêt

Les Français ont du reste vu leur « pouvoir d'achat immobilier » croître cette année : la lente érosion des prix depuis 2011, ainsi que la nouvelle baisse inattendue des taux de crédits immobiliers nominaux, ont permis au ménages, notamment des primo-accédants, de revenir sur le marché, et donc de souscrire un crédit.

Renégociations inclues, le flux mensuel de crédits immobiliers nouveaux a même atteint un pic en juillet à 20,9 milliards d'euros, soit le meilleur mois de la dernière décennie, d'après les chiffres de la Banque de France. « Il faut remonter aux années d'avant crise pour constater autant de souscription de crédits immobiliers », confirme Ludoviuc Huzieux, cofondateur du courtier immobilier Artémis courtage.

Forte par de renégociations de crédits

Toutefois, cette hausse a été fortement portée par les renégociations de crédits existants, qui ont notamment atteint une part de 49,2 % de la production nouvelle pour le seul mois août, soit 9,8 milliards d'euros sur 19,9 milliards d'euros au total. Le niveau nominal historiquement bas des taux d'intérêt en juillet à 2,16 % en moyenne toutes durées confondues, a donc clairement motivé les propriétaires à renégocier leur prêt auprès de leur courtier ou de leur banque.

Mais depuis juillet, les taux remontent progressivement, jusqu'à 2,27 % en moyenne en octobre, et la part des renégociations de crédits immobiliers baisse progressivement. Ainsi, « la production mensuelle de crédits nouveaux à l'habitat connaît une baisse relativement importante en octobre par rapport à septembre, passant de 20,5 milliards d'euros à 17,6 milliards d'euros », reconnaît la Banque de France. Cependant elle est « essentiellement due à la baisse des crédits renégociés (7,1 milliards d'euros après 9,6 milliards d'euros en septembre) », ajoute l'institution.

Un marché dynamique qui retrouve son activité normale

Ces renégociations ne représentaient donc plus « que » 40,3 % de la production total de crédits nouveaux en octobre. Mais sur un an, le niveau des crédits immobiliers nouveaux en octobre reste tout de même supérieur de 3,7 % à celui du même mois de 2014, après une hausse similaire de 3,6 % en septembre.

Le marché semble ainsi reprendre une activité normale et dynamique. Ce qui n'est pas pour déplaire à certains courtiers immobiliers. « Notre métier est en premier lieu d'aider les emprunteurs à acheter », confirme Ludovic Huzieux. Ils seront d'autant plus satisfaits si les primo-accédants revenaient significativement sur le marché de l'achat immobilier, eux qui avaient été écartés de l'accession dans les zones tendues ces dernières années à cause du niveau trop élevé des prix. Cela devrait en tout cas être le principal sujet de l'année 2016 sur le marché de l'immobilier français.