Faut-il compter sur l’épargne salariale pour financer sa retraite ?

Par Hugo Baudino  |   |  695  mots
Les jeunes générations devront-elles financer leur retraite par leurs propres moyens ?
Financer sa retraite par ses propres moyens pourrait devenir une obligation dans les prochaines années. Parmi les solutions s’offrant au particulier, l’épargne salariale présente quelques avantages… et quelques risques.

"Les jeunes ont peur de ne pas pouvoir bénéficier du système de retraite par répartition". Le constat est lâché, la hantise exprimée. Cette phrase a été prononcée par Inès Minin, secrétaire nationale de la CFDT en charge de la jeunesse, lors des rencontres pour l'épargne salariale organisées par l'association Fondact le 20 septembre. La peur de ne plus pouvoir compter sur un système de retraite par répartition tel qu'on le connait actuellement implique de chercher de nouvelles solutions pour continuer à toucher de l'argent après la fin de sa vie active. L'épargne salariale, et le Perco en particulier, fait partie des solutions permettant de financer sa retraite. Est-elle suffisante pour autant ? Rien n'est moins sûr.

Le Perco est un plan d'épargne salariale sur lequel vous pouvez placer vos primes de participation et d'intéressement. Votre employeur et vous pouvez également y verser des abondements, selon les conditions prévues par la loi. Le principal avantage de ce dispositif est sa fiscalité. Comme pour les plans d'épargne en entreprise (PEE), les sommes placées sur un Perco ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu. En contrepartie, elles resteront bloquées jusqu'à votre départ en retraite, sauf si vous êtes dans un des cas de déblocage prévus par la loi : divorce, décès de votre conjoint, invalidité, perte d'emploi. Comme vous avez pu le constater, aucune de ces situations ne respire la gaieté... Si le déblocage du Perco n'est possible qu'en cas de coup dur de la vie, c'est parce qu'il est réellement dédié à une épargne de très long terme et n'est pas là pour être un livret A de substitution.

Le Perco relancé par la loi Macron ?

Le Perco est donc un outil pertinent pour financer sa retraite. Signe de son succès, il est d'ailleurs proposé par 200.000 entreprises sur le territoire français et sur l'année 2015, il a bénéficié d'une collecte nette de 2 milliards d'euros bruts, un score tout à fait honnête comparé à d'autres produits d'épargne. La loi Macron n'est peut-être pas étrangère à cette bonne collecte. C'est en tout cas l'avis de Pierre Schereck, directeur de l'Epargne Entreprise chez Amundi, qui se félicitait de la baisse du forfait social sur les Perco prévue par la loi du 7 août 2015. Le taux de cette taxe, prélevée sur chaque somme versée par l'employeur, a été réduit de 20 à 16% pour tout Perco bénéficiant d'une gestion pilotée investi au moins à 7% dans un plan d'épargne en action pour le financement des petites et moyennes entreprises (PEA-PME). "4 points c'est bien mais ce n'est pas assez" tempère Pierre Schereck, n'oubliant pas que le taux du forfait social est passé de 2 à 20% en quelques années. Au total, les salariés français ont placé 12 milliards d'euros sur leurs Perco. Toutefois, cet encours reste loin d'autres des niveaux atteints par l'assurance vie (+ de 1.600 milliards d'euros), le livret A (258 milliards d'euros) ou même le livret de développement durable (101,3 milliards).

Un placement sur lequel toute votre épargne retraite ne peut reposer

Car le Perco est loin d'être la panacée. En effet, cela reste un produit d'épargne salariale, fortement dépendant par nature des résultats de l'entreprise à laquelle il est lié. Ainsi, en cas de période difficile, les primes et abondements versés par votre employeur baisseront et vous vous retrouverez avec une sorte de double peine : votre situation professionnelle se fragilise et votre épargne cesse d'augmenter. De plus, si le Perco est investi en actions, il demeure soumis aux aléas du marché et ne représente donc pas un placement d'une sécurité absolue.

Comme le dit l'adage, il est donc préférable ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et de ne pas compter uniquement sur son épargne salariale pour financer sa retraite. Vous avez de la chance, il existe de nombreux autres moyens de mettre de l'argent de côté pour vos vieux jours : immobilier locatif, assurance-vie, Perp, etc.