Les jeunes pourraient travailler plus longtemps…et moins profiter de leur retraite

Par Hugo Baudino  |   |  473  mots
Profiter de la retraite pour les jeunes générations pourrait s'avérer très compliqué
Le recul de l'âge de départ à la retraite à taux plein risque d'être un thème central de la prochaine campagne présidentielle. Pourtant, comme le montre une étude de l'Insee, laisser la durée de cotisation augmenter au rythme actuel suffirait à défavoriser les jeunes générations...

Les générations futures risquent de l'avoir mauvaise... En effet, selon un dossier de l'Insee sur l'espérance de vie en retraite, faisant partie du portrait social de la France publié le 22 novembre 2016, les personnes nées en 1990 pourraient travailler plus longtemps que celles nées en 1960, pour vivre moins longtemps à la retraite (sans incapacité). C'est en tout cas ce que prévoit un des scénarios de l'étude, en faisant l'hypothèse que le mécanisme d'allongement de la durée de cotisation prévu par la réforme des retraites de 2014 se poursuive sur le long terme.

Comment arrive-t-il à cette conclusion ? A l'heure actuelle, dans un souci d'équilibrer le financement des retraites, l'âge légal de départ à taux plein à la retraite ne cesse d'augmenter. Ainsi, "l'âge moyen de départ en retraite des hommes devrait être plus élevé de deux ans pour ceux nés en 1990 que pour ceux nés en 1960". L'argument d'une augmentation de l'espérance de vie est souvent invoqué pour justifier l'allongement de la durée de cotisation.

On se retrouve donc dans une situation qui octroie aux personnes nées en 1990 légèrement plus d'espérance de vie en retraite (sans incapacité sévère) qu'à celles nées en 1960. En réalité, si l'espérance de vie continue d'augmenter comme actuellement, les hommes nés en 1960 bénéficieront de 17,2 années de retraite sans incapacité et les femmes de 21 années. Pour les gens nés en 1990, le niveau passe à 18,4 et  21,3 années, soit une augmentation très contenue.

Des années de travail en plus pour 5 mois de retraite en moins

Là où la tendance devient négative, c'est lorsque l'Insee prolonge sur l'horizon le "rythme d'augmentation de la durée [de cotisation] mise en place par la réforme de 2014". Pour l'instant, la réforme des retraites de 2014 allonge la durée de cotisation d'un trimestre tous les trois ans, pour les personnes nées entre 1955 et celles nées en 1973.

Une personne née en 1955 doit donc cotiser pendant 166 trimestres (41 ans et 6 mois) et une personne née en 1973 devra cotiser 172 trimestres (43 ans). Si l'on s'en tient à cette réforme, toutes les personnes nées après 1973 seront donc logées à la même enseigne et devront cotiser 43 ans. Dans ce cas de figure, l'espérance de vie en retraite sera celle évoquée plus haut.

En revanche, si la durée de cotisation continue de s'allonger d'un trimestre tous les trois ans jusqu'en 1990, les hommes et les femmes nés cette année là verraient alors leur "espérance de vie en retraite sans incapacité" diminuée de 5 mois. Ce qui reviendrait donc, à travailler plus longtemps, pour profiter moins longtemps de sa retraite...

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