Coup de frein sur la croissance française. Selon la première estimation publiée ce vendredi par l'Insee, le PIB affiche une hausse de 0,3% entre janvier et mars. Loin du rythme atteint lors du dernier trimestre 2017 (0,7%), c'est aussi sa plus faible augmentation depuis l'automne 2016.
Cependant, ce n'est pas totalement une surprise : ce coup de mou a été largement anticipé par les économistes, qui jugent la dynamique économique malgré tout "solide" et le ralentissement "temporaire". Dans un article de Libération, Mathieu Plane, chercheur à l'OFCE, attribue notamment ce ralentissement actuel au calendrier fiscal du gouvernement. La hausse de la CSG, entrée en vigueur en début d'année, pourrait expliquer, en partie, la perte de dynamisme observée de la consommation des ménages - les mesures en faveur du pouvoir d'achat, comme la suppression de la taxe d'habitation, n'intervenant qu'en fin d'année.
Selon l'institut statistique, "l'acquis de croissance" - c'est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l'activité stagnait d'ici à la fin de l'année - est d'ores et déjà de 1,2%. Pas de quoi s'alarmer, donc. Dans son programme de stabilité budgétaire publié mi-avril, le gouvernement dit parier sur une croissance de 2% cette année, un chiffre légèrement supérieur à la prévision de la Banque de France (1,9%), mais inférieur à celle de l'OCDE (2,2%) et du FMI (2,1%)
Une faible consommation des ménages
À l'origine de ce ralentissement, qui intervient après cinq trimestres consécutifs de croissance supérieure ou égale à 0,5% : le faible dynamisme des dépenses des ménages, qualifiées "d'atones" par l'Insee. Ces dernières n'ont augmenté que de 0,2% sur les trois premiers mois de l'année, soit le même rythme qu'au dernier trimestre 2017, malgré un rebond marqué de la consommation en énergie lié à la baisse des températures en février et mars (+1,4% après −0,6%).
L'investissement des entreprises se tasse
Le ralentissement s'explique également par de moindres investissements, tant au niveau des entreprises (+0,5% après +1,6% fin 2017) que des ménages (+0,5% après +0,6%), ajoute l'organisme public.
Les échanges extérieurs ne contribuent pas à la croissance
Les exportations sont quasi stables au premier trimestre 2018 après le fort dynamisme observé au quatrième trimestre (−0,1 % après +2,5 %), notamment en matériels de transport. Dans le même temps, les importations sont stables (0,0 % après +0,4 %).
Au total, les échanges extérieurs ne contribuent pas à la croissance, après une contribution de +0,6 point au trimestre précédent.
Dans ce contexte, la production totale de biens et services a nettement ralenti, avec une croissance de 0,3% contre +0,9% au trimestre précédent, avec un repli marqué dans le secteur manufacturier (−1,1 % après +1,5%).
(avec AFP et Reuters)