La plateforme de titres non cotés SharesPost forcée au changement par la SEC

Les autorités américaines reprochent à la société d'avoir facilité des transactions sur des titres sans être enregistrée comme une maison de courtage.
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L'autorité des marchés financiers américains, la SEC, a annoncé mercredi des poursuites contre SharesPost, l'une des principales plateformes spécialisées dans l'échange de titres de sociétés non cotées, comme Facebook, qu'elle a forcée à changer de modèle.

La SEC reproche à SharesPost, et à son fondateur Greg Brogger, d'avoir "facilité des transactions sur des titres sans que (la plateforme) ait été enregistrée auprès de la SEC comme une maison de courtage de valeurs". Dans la foulée, la SEC a annoncé qu'elle avait trouvé un accord avec la société pour la faire rentrer dans la légalité.

SharesPost et M. Brogger vont payer respectivement 80.000 et 20.000 dollars d'amendes, et la société a acquis une maison de courtage, ce qui lui a permis de s'enregistrer auprès de la Finra, un autre organisme de régulation.

Mais avant cette régularisation, "SharesPost s'est présenté au public comme un service en ligne (conçu) pour aider à mettre en relation acheteurs et vendeurs de titres avant l'entrée en Bourse, et a permis à des représentants d'autres maisons de courtage de se faire passer pour des employés de SharesPost et de gagner des commissions sur les transactions qu'ils facilitaient sur la plateforme SharesPost", a expliqué la SEC, entre autres griefs.

Le gendarme de la Bourse a annoncé en parallèle des poursuites contre les gestionnaires de deux fonds privés "créés uniquement pour acquérir des actions de Facebook et d'autres sociétés de la Silicon Valley, en trompant les investisseurs et en empochant des commissions non précisées". Ces poursuites ont également fait l'objet d'un accord.

"Même si nous applaudissons à l'innovation dans les marchés financiers, les nouvelles plateformes et les nouveaux produits doivent obéir aux règlements et garantir l'équité et la transparence de base qui sont la marque d'une bonne régulation financière", a fait valoir un des responsables de la SEC, Robert Khuzami, cité dans un communiqué.

SharesPost, basé dans l'ouest des Etats-Unis, est avec SecondMarket, basé à New York, l'une des principales plateformes d'échange de titres non cotés, créant depuis quatre ans un nouveau type de marchés financiers.

La société a souligné qu'elle n'avait ni admis ni nié ses torts, et qu'en tout état de cause aucun de ses clients n'avait porté plainte. Elle a aussi souligné que ses "discussions avec la SEC avaient débuté en décembre 2010 durant une enquête concernant tout le secteur des marchés privés de capitaux".

SharesPost est avec SecondMarket l'une des plateformes les plus connues sur le marché des sociétés pas encore entrées en Bourse, dont l'activité est née du désir d'anciens employés de ces start-up de monétiser leurs titres.

Grâce à ces deux firmes, le capital de sociétés devenues gigantesques mais que les dirigeants ont longtemps rechigné à introduire en Bourse, type Facebook, est devenu monnayable. Cela a permis à des dizaines de milliers d'investisseurs aisés de prendre leur part de ces sociétés, dont la valorisation a, pour beaucoup, explosé avant même l'entrée en Bourse.

Mais comme l'a souligné la SEC, "le marché secondaire pour les titres de sociétés pas encore cotées présente des risques même pour les investisseurs avertis". Selon Marc Fagel, directeur du bureau de la SEC à San Francisco, cité dans le communiqué, "l'enregistrement en tant que maison de courtage aide a faire en sorte qu'on puisse faire confiance à ceux qui réalisent des transactions".

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