La France a beau être régulièrement dénigrée dans la presse anglo-saxonne, chaque article relevant du "french bashing" provoque de l'émoi. Dernier en date, un éditorial paru dans l'édition datée du 3 janvier du magazine Newsweek qui explique pourquoi la "France s'effondre". Sa situation y est notamment comparée à la celle de 1685, lorsque la révocation de l'Edit de Nantes contribua à pousser à l'exil des milliers d'Huguenots. Malade d'une fiscalité trop lourde et d'un Etat-Providence inefficace, le pays connaîtrait aujourd'hui un mouvement de "fuite des cerveaux" similaire.
Une bouteille de lait à 6 euros
Les nombreuses erreurs factuelles contenues dans cet éditorial font vibrer la toile depuis deux jours. Sur le registre ironique, ont pouvait lire par exemple sur Twitter des commentaires évoquant le "prix de la bouteille de lait à 6 euros" en France:
C est quoi cette bouteille de lait ? The Fall of France: https://t.co/qwLok01LTq @m6info
- Xavier de Moulins (@xdemoulins) 6 Janvier 2014
The Fall of France. Dieudonné boit du petit lait à 6€ le litre.
- éconoclaste (@econoclaste) 6 Janvier 2014
"De nombreux contribuables paient 70% d'impôts"
Plus sérieusement, certains journaux se sont appliqués à lister ces erreurs. C'est le cas du Monde, par exemple. En matière de fiscalité, l'auteure de l'article écrit par exemple que "de nombreux [contribuables] paient plus de 70% d'impôts". C'est évidemment faux puisqu'il faudrait pour atteindre un tel taux cumuler cotisations, impôts sur le revenu et ISF, ce qui ne concernerait qu'une toute petite partie des Français. D'autres rappellent par ailleurs que, non, en France, on ne distribue pas de couche-culottes gratuitement.
"Elle a dû confondre Paris et Beyrouth"
Des "inepties", également balayées par Anne Sinclair qui a pris sa plume de directrice de la rédaction du Huffington Post pour répondre à
"Elle a dû confondre Paris et et Beyrouth après un réveillon trop imbibé de Dom Pérignon rosé ou de Château Margaux"
"l'exigence journalistique qu'elle met sûrement dans ses écrits quand elle parle du Hezbollah ou des Syriens massacrés, (et) aurait dû la faire sortir un instant de son milieu avant d'éreinter la France". Il lui est reproché d'avoir adopté une vision très restreinte - celle des Parisiens du VIe arrondissement - pour critiquer le modèle français et sa fiscalité.
Un symptôme?
Enfin, allant plus loin encore dans l'analyse, Pierre Haski, chez Rue89, s'interroge sur le sens réel de cette polémique, "l'hystérie" ayant entouré sa parution étant présentée comme un symbole de la "fragilité française du moment". Ce qui ne l'empêche pas de dénigrer le support lui-même, un "magazine, au nom encore prestigieux mais qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il représentait il y a encore dix ans", dont l'un des propriétaires, Etienne Uzac, est d'ailleurs Français .
>> Newseek arrête son édition papier
Le magazine, lui, persiste et signe. Il publiait lundi soir une suite à cet éditorial tapageur intitulée "La chute de la France II: comment un coq est devenu une autruche".