Soldes : comment les magasins se débarrassent des invendus ?

Par Jean-Yves Paillé  |   |  566  mots
Pour se débarasser des invendus, les grands magasins ont recours au e-commerce ou envoie les articles dans leurs enseignes à l'étranger. | Reuters
Destockage, envoi des articles à l'étranger... Les grandes enseignes disposent d'un éventail de solutions plus large que les magasins indépendants pour se débarrasser des invendus.

Des gros pulls en laine, taille XS, XXL sur les étals pendant les soldes d'été. Voilà le type d'article qui deviendra sûrement ce qu'on appelle un invendu, c'est-à-dire un article pas acheté lors de sa première mise en vente. Pas facile de s'en débarrasser : les fournisseurs refusent en général de les reprendre. Les grandes enseignes ont une large palette de procédés pour y remédier.

Les grandes enseignes revendent à l'étranger

Elles changent leurs collections de vêtements toutes les 6 à 8 semaines et n'attendent jamais les soldes suivantes pour se débarrasser de leurs articles.

Si ces grandes marques gardent leurs stratégies d'écoulement des stocks secrètes, Jean-Marc Génis, leur représentant de la Fédération nationale de l'habillement est plus loquace :

"Tout part très vite. Les vêtements inadaptés à un climat inattendu, trop doux ou froid, peuvent être envoyés aux boutiques de la marque à l'étranger."

C'est le cas pour Celio. La marque française de prêt-à-porter transfère une partie de ses stocks dans d'autres magasins de l'enseigne en Europe et même en Afrique, au Gabon notamment.

"S'il s'agit d'un produit qui n'est plus à la mode ou d'une taille peu demandée, "les déclinaisons e-commerce et les ventes privées prennent le relais", explique Jean-Marc Génis.

Rares sont les habits des grandes enseignes jetés à la benne

Les articles sont-ils vraiment tous vendus ou sont-ils parfois déchirés et jetés comme le laisse entendre ces pratiques adoptées par H&M en 2010 à New-York ? Jean-Marc Génis nie l'existence de ces méthodes : 

"Seuls les vêtements vraiment abîmés partent dans les bennes, et encore. Aujourd'hui, H&M par exemple les fait recycler en partenariat avec la société I : Collect. Ils deviennent des fibres textiles, chiffons, ou produiront de l'énergie."

Dernière solution : le déstockage. Le magasin bordelais Fantastik en a fait sa marque de fabrique: 

"Nous prospectons et négocions auprès des grandes enseignes et achetons en gros les invendus de petites et grandes marques. Nos marges vont de deux à deux et demi."

Indépendants : les soldes jusqu'au bout

Pour les magasins indépendants modestes, vendre au déstockage, équivaut à une grosse perte d'argent. Ils y ont moins recours. Denis, salarié de Dock Caviar à Bordeaux, évoque une stratégie de soldes jusqu'au-boutiste :

"Pour les soldes nous "brûlons" les habits,  On solde jusqu'à un dixième du prix original.Cela reste plus rentable que de le vendre à un magasin de destockage."

Et pas question de les retirer de la vente à un moment donné. "Ils feront toutes les soldes nécessaires pour être écoulés. On les retire seulement s'ils sont abîmés", ajoute-t-il.

Vendus 1/10 du prix original, la marge sur ces article est inexistante, la perte d'argent est même là. Bernadette Hirsch, présidente de la Fédération nationale de l'habillement des boutiques indépendantes pour l'Aquitaine et gérante de l'enseigne Mademoiselle H à Bordeaux, estime que "ces articles soldées au plus bas représentent 5 à 20% du stock total des boutiques indépendantes". Et de conclure :

"Lorsqu'une petite boutique ne peut passer par l'e-commerce, il ne lui reste que la vente privée. Cela se fait, mais dans une moindre mesure. Nous disposons de moyens limités par rapport aux géants de l'habillement."