Grippe A : les hôpitaux dans le flou

Ils sont soumis aux errements du gouvernement, et craignent des pertes de recettes.
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)

Il est rare que les directeurs d'hôpitaux s'en prennent publiquement à des décisions gouvernementales. Cela a été le cas le 12 août, quand ils ont pris conscience de l'impact sur la gestion hospitalière des fermetures d'écoles. Comment faire tourner la machine si les mères de famille restent à la maison pour garder leurs enfants, alors que le personnel des hôpitaux est composé aux trois quarts de femmes??

En fait, l'exaspération vient de plus loin. Les cadres ont été soumis depuis le printemps aux hésitations de leur ministère de tutelle. Dans un premier temps, de la fin avril à la mi-juin, la politique sanitaire définie à l'égard de la grippe A fut centrée sur l'hôpital. Tout cas suspect devait être hospitalisé, si possible isolé des autres. Le malade devait faire l'objet de deux prélèvements, et attendre patiemment dans une unité spéciale, pendant deux à trois jours, les résultats de l'analyse, la plupart du temps négatifs.

S'adapter sans délai

Sans crier gare, le ministère de la Santé a changé de politique à la mi-juin, sommant les hôpitaux de s'adapter sans délai. Il leur a été alors demandé de ne retenir que les cas jugés immédiatement graves. Les patients orientés à l'hôpital par leur médecin ou par le 15, ne devaient y faire l'objet que de prélèvements, avant d'être renvoyés immédiatement chez eux.

Ce revirement n'était que le prélude à une stratégie centrée, à partir de la mi-juillet, sur les généralistes.

L'hôpital n'est pas quitte, bien sûr, pour autant. Il doit gérer les stocks de Tamiflu et les masques, distribués en cas de pandémie. Il est prévu que les personnels hospitaliers prennent en charge les vaccinations de la population en cas de besoin. Surtout, les services doivent définir des plans de prise en charge des malades de la grippe, prévoyant de leur réserver des services entiers?: il s'agit, bien sûr, de ne pas les mélanger aux autres patients. Dès lors, il faudra déprogrammer massivement les autres opérations initialement prévues.

Les directeurs d'hôpitaux s'attendent donc à des pertes de recettes importantes - les ressources dépendent désormais, directement, de l'activité -, en raison de ce report de nombreuses interventions?: nombre de lits risquent d'être gelés pour éviter toute contamination, sans être finalement utilisés. D'où une perte de recettes qui n'est pas encore chiffrée.

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