Des jeux pacifiques pour une Nouvelle-Calédonie pacifiée

En visite en Nouvelle-Calédonie, Nicolas Sarkozy est revenu sur la fusillade de Maré et a appelé au "compromis". Alors que la collectivité d'outre-mer est en processus d'autodétermination depuis 1988, elle est aujourd'hui la cible des investisseurs privés dans le secteur de la distribution. Et les intérêts de la France en Nouvelle-Calédonie restent "évidents".
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En visite pour la première fois de son mandat dans la collectivité qui l'avait élu à 62,8% en 2007, le président Français assistera ce samedi à l'ouverture des Jeux du Pacifique. La Nouvelle-Calédonie, accueille pour la troisième fois de son histoire les "jeux olympiques" des îles du Pacifique. Malgré les récentes tensions sociales, et après une escale en Chine, jeudi, pour rencontrer le président Chinois Hu Jintao, le président de la république est arrivé à Maré dans un climat apaisé. Les récents événements liés au conflit Aircal, qui avait entrainé la mort de quatre Calédoniens et ravivé les tensions entre Kanaks et Européens, constituent cependant une "impasse" aux yeux de Nicolas Sarkozy, qui a appelé vendredi au "compromis". "La fusillade de Maré est à rebours de l'immense chemin parcouru par la Calédonie depuis la fin des années 1980", a-t-il déclaré.

La distribution cible des investisseurs

Les syndicats, qui dénonçaient à l'origine une économie "opaque" et un panier de la ménagère inabordable - deux fois plus cher qu'en métropole selon une étude de l'UFC-que choisir réalisée fin 2010-, avaient pourtant appelé à la grève le jour de l'arrivée du président. Mais l'ouverture du gouvernement local qui se déclare désormais en faveur d'une "commission spéciale contre la vie chère" a fait se raviser 5 des 6 syndicats. Il faut dire que la seule répercussion du coût d'importation de la plupart des produits paraît ne pas suffire à expliquer les prix à la caisse. Et le secteur de la distribution, jusqu'à présent détenu par les grandes familles calédoniennes tombe peu à peu entre les mains d'investisseurs étrangers qui profitent de l'absence d'héritiers pour pénétrer un marché réputé difficile d'accès. Des investisseurs qui considèrent que l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, actuellement collectivité sui generis de l'Etat français ne devrait pas, si elle était acquise, dégrader la situation des secteurs de la distribution et des services. Un processus d'auto-détermination est en effet en cours depuis les accords de Matignon du 26 juin 1988 qui prévoyaient la mise en place d'un statut transitoire de dix ans. Une décennie plus tard, l'accord de Nouméa renforçait l'autonomie de la Nouvelle-Calédonie et fixait le référendum final sur l'indépendance ou le maintien de la collectivité au sein de la République française à 2014 et 2018.

Les intérêts "évidents" de la France

La Nouvelle-Calédonie, si elle "n'est pas indépendante est en revanche extrêmement autonome", explique Arnaud Duranthon, doctorant en droit public dont la thèse porte sur les collectivités territoriales et la souveraineté des micro-Etats. Il est dangereux, selon lui, de ne s'intéresser à la Nouvelle-Calédonie que sous l'angle économique. Pour les indépendantistes, seule la question de "viabilité de la population se pose", et non celle du territoire, explique-t-il. Les anti-indépendantistes voient en revanche en "le maintien de la souveraineté française une garantie économique pour le territoire", poursuit-il.

Mais l'aspect économique n'est bien entendu pas négligeable non plus. La balance commerciale fortement déficitaire de la collectivité, reflète sa forte dépendance économique, avec un gros volume d'importations. Ses exportations, bien inférieures, sont de plus totalement dépendantes du nickel, principal commerce de la Nouvelle-Calédonie. Toutefois, "bien des micro-Etats sont aussi voir plus dépendants que la Nouvelle-Calédonie", relève Arnaud Duranthon, ce qui ne les empêche pas de fonctionner correctement.

Du côté de la France, en revanche, les intérêts sont "évidents". Au-delà de l'intérêt géostratégique d'un territoire situé en plein c?ur de l'océan Pacifique, "l'intérêt économique réside dans le nickel". "Le monde actuel est fait d'interdépendances, conclut Arnaud Duranthon, il reste à la Nouvelle-Calédonie à déterminer par elle-même le contenu et les modalités de ses dépendances, en négociant avec l'Etat. Entre l'indépendance complète et la dépendance pure et simple, il existe une multitude de solutions juridiques possibles, inspirées des exemples étrangers".
 

Commentaires 4
à écrit le 28/08/2011 à 19:26
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Pauvres concitoyens. Vous n'avez pas encore compris que tout ce que fera Sarkonaparte, jusqu'en Mai 2012 n'aura qu'un seul but: être ré-élu. Je pense que nous pouvons avoir des liens amicaux, culturels et commerciaux avec tous nos territoires d'Outre...

à écrit le 27/08/2011 à 8:08
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En période de crise la France aurait pu se passer de tels jeux aux antipodes tout ça pour que Sarko aille jouet les roitelet des iles. Et qu'en pensent les écomos le bilan carbone ne doit pas être terrible!

à écrit le 27/08/2011 à 7:16
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Nous n'avons aucun intérêt à conserver aucun lien avec la nouvelle Calédonie. Aucun !

à écrit le 27/08/2011 à 6:31
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"la viabilité de la population" ? Il s'agit sans doute de l'équilibre entre population d'origine européenne(essentiellement française métropolitaine et "caldoche") et celle d'origine autochtone (les "kanaks"). Il semblerait que la balance penche de p...

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