Affaire Tapie-Adidas : mis en examen, Stéphane Richard (Orange) sera à son bureau jeudi matin

Par Delphine Cuny  |   |  726  mots
Stéphane Richard, PDG d'Orange. Copyright Reuters
Mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Tapie-Adidas, le PDG d'Orange réfute ce chef d'inculpation et va déposer un recours en annulation. L'ex-président du Consortium de réalisation (CDR), Jean-François Rocchi, a aussi été mis en examen mercredi soir.

"Escroquerie en bande organisée". C'est le motif pour lequel le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a été mis en examen, mercredi, dans le cadre de l'affaire Tapie. Le 29 mai, Pierre Estoup, l'un des trois juges qui avaient rendu l'arbitrage en cause, avait été mis en examen pour le même motif. L'annonce est "un choc pour les personnels de France Télécom Orange" qui ont renouvelé "leur soutien" au PDG, selon un communiqué du syndicat CFE-CGC Unsa, qui souligne que le contrôle judiciaire du patron "est limité aux protagonistes de l'affaire et ne l'empêche nullement d'exercer ses fonctions" au sein de l'entreprise.

"Pas de conséquence" pour son poste à Orange

"Stéphane est confiant et combatif. Il est rentré chez lui", a déclaré le porte-parole du PDG d'Orange."Le groupe prend acte de cette décision", "Cette affaire, qui ne concerne pas Orange, n'a pas de conséquence sur ses responsabilités actuelles. Stéphane Richard sera de retour à son bureau dès demain matin". On souligne chez l'opérateur que cette décision judiciaire ne constitue qu'une étape dans une procédure qui sera longue. En clair, l'idée qui courait d'une présidence par intérim n'est absolument pas d'actualité. Et ce d'autant que les soutiens au sein de l'entreprise se multiplient même si le syndicat Sud indique dans un communiqué que "le motif (de la mise en examen) est extrêmement grave(...) On voit mal comment une telle mise en examen est compatible avec la direction de l'entreprise".

Un conseil d'administration d'Orange doit se tenir dans les prochains jours. L'Etat y fera valoir sa position en tant qu'actionnaire, a indiqué Matignon. Premier actionnaire avec 27% du capital, l'Etat dispose de trois sièges sur quinze au conseil d'administration. Dans la soirée, Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, a déclaré dans un communiqué que "l'appréciation des incidences possibles de cette décision sur la situation de Stéphane Richard au sein du groupe Orange va désormais incomber au conseil d'administration" de l'entreprise, "qu'il est nécessaire de convoquer dans les meilleurs délais." Et d'ajouter que "les représentants de l'Etat au conseil d'administration se détermineront par rapport au seul intérêt de l'entreprise."

Stéphane Richard réfute le chef d'inculpation "infâmant et grotesque"

Stéphane Richard a annoncé ce mercredi soir, par son avocat Jean-Etienne Giamarchi, qu'il va déposer un recours en annulation, réfutant le chef d'inculpation, qu'il considère "infâmant et grotesque". Il s'est expliqué pendant deux jours, en garde à vue, sur la décision prise en 2007, lorsqu'il était directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, de recourir à un arbitrage pour solder le litige. Les juges veulent notamment en savoir davantage sur la chaîne de décisions ayant conduit au choix d'un tribunal privé et sur le rôle respectif du ministère de l'Economie et de l'Elysée. L'enquête porte aussi sur le mode de désignation des arbitres et la décision du gouvernement de ne pas contester cet arbitrage malgré des soupçons d'irrégularité.

Sur le choix de l'arbitrage, Stéphane Richard avait récemment déclaré à l'AFP qu'une "réunion de validation" avait eu lieu avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, à l'été 2007 en présence de Jean-François Rocchi, ex-président du Consortium de réalisation (CDR), chargé de solder le passif du Crédit Lyonnais. Il n'y a eu "ni ordre, ni instruction, ni pression particulière" de l'Elysée, avait-il cependant assuré. Selon le Canard Enchaîné, M. Richard a soutenu le contraire, évoquant une instruction transmise par Claude Guéant lors de cette réunion.

Jean-François Rocchi, également mis en examen au même motif

Mercredi tard dans la soirée, le parquet de Paris a annoncé que Jean-François Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), la structure chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais, était également mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" après avoir été présenté aux juges d'instruction mercredi après-midi.

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