Marché du travail : la fièvre retombe, mais la convalescence s'annonce fragile

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  893  mots
Le chômage des jeunes aurait reculé en août. Une lueur d'espoir pour le gouvernement (c) Reuters
Selon l'Insee, au deuxième trimestre, le taux de chômage a progressé de 0,1 point à 10,9%. En revanche, le chômage des jeunes aurait reculé. Le gouvernement y voit des signes encourageants même si ce n'est pas sur les données de l'Insee mais plutôt sur celles de Pôle emploi qu'il se fondera pour apprécier s'il a tenu son objectif d'inverser la courbe du chômage

Ca freine… mais ça augmente quand même ! Au deuxième trimestre, selon les statistiques fournies par l'Insee (L'institut national de la statistique), le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a progressé de 0,1 point pour attendre 10,9% au deuxième trimestre. Pour la seule France métropolitaine (hors les Dom), ce taux s'établit maintenant à 10,5%, soit très proche du record de 10,8% atteint fin 1997.Un niveau qui pourrait bien être dépassé à la fin de l'année.

Le taux de chômage des jeunes diminue

Mais cette donnée cache des réalités différentes selon les catégories d'âge. Ainsi, bonne nouvelle, le chômage des jeunes de 15 à 24 ans connait un léger reflux après avoir atteint un sommet à 25,5% à la fin 2012. En juin 2013 il repassait sous la barre des 25% pour s'établir à 24,6%.

>> Lire aussi : Jean Charest "Avec un taux de chômage élevé, c'est une bonne idée d'encourager nos jeunes à voyager"

Le ministère du Travail s'est félicité de cette baisse, confirmée d'ailleurs par les propres statistiques (basées sur des données différentes) de Pôle emploi. Manifestement, les mesures contracycliques décidées par le gouvernement (augmentations des contrats aidés et montée en puissance des emplois d'avenir) commencent à porter leurs fruits. D'aucuns pensent qu'il ne s'agit pas de vrais emplois et qu'il s'agit surtout d'une politique couteuse mais, en attendant la reprise, c'est toujours mieux qu'une situation de chômage.

L'écart des taux de chômage des hommes et des femmes tend à se resserrer

A l'autre bout de l'échelle, chez les « seniors » de 50 ans et plus, le taux de chômage semble se stabiliser avec un taux étale depuis le début de l'année à 7,3%. En revanche, pas de miracle, le « cœur » de la population active, c'est-à-dire les 25-49 ans, connait une nouvelle hausse de son taux de chômage qui passe de 9,4% au premier trimestre à 9,5% au deuxième.

>> Lire aussi : Oui, la courbe du chômage commence à s'inverser... Seulement chez les jeunes hommes

Une hausse plus modérée que les trimestres précédents cependant. A noter que l'écart entre les taux de chômage des hommes et les femmes tend à se resserrer alors que traditionnellement celui des femmes est plus élevé. Mais les suppressions massives d'emplois dans la construction et l'industrie - métiers davantage masculins - ont eu pour effet de combler cet écart.

Des taux d'emploi stables

Les taux d'emploi (rapport entre le nombre de personnes ayant un emploi et la population totale de la tranche d'âge) suivant les tranches d'âge varient considérablement. Il est ainsi notamment de 28,2% pour les 15-24 ans, de 80,6% pour les 25-49 ans et de 57,4% pour les plus de 50 ans.

Globalement, l'ensemble de ces données montre que le marché du travail est encore malade. La fièvre est certes retombée mais la convalescence va être encore longue et fragile. Pas de quoi crier encore victoire ou de parler d'un retournement de tendance. D'ailleurs, ce n'est pas sur ses donnée fournies par l'Insee que le gouvernement se fondera pour apprécier s'il a réussi ou non à inverser la courbe du chômage mais plutôt sur celles communiquées par Pôle emploi.

Chômeur au sens du BIT ou de Pôle emploi

En effet, c'est le nombre des inscriptions dans les catégories « A,B et C » de Pôle emploi qui sera pris en compte. Et la différence est de taille car le mode de comptage de Pôle emploi du nombre des chômeurs diffère quelque peu de celui utilisé par le BIT. Ainsi, pour ce dernier organisme, est considéré comme chômeur une personne de plus de 15 ans à la recherche active d'un emploi qui n'a pas du tout travaillé la semaine de référence et qui se trouve immédiatement disponible pour exercer un métier.Sont ainsi par exemple comptabilisés les jeunes à la recherche d'un premier emploi qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi faute de pouvoir percevoir une indemnisation.

A l'inverse, le BIT ne considère pas comme chômeur un demandeur d'emploi qui aurait exercé une activité réduite. Alors que Pôle emploi, dans certains circonstances, le fera. Quant au taux de chômage du BIT,  il est calculé par enquête (effectuée par l'Insee qui vient d'ailleurs de modifier son questionnaire, ce qui aura une incidence d'environ 0,3 point à la baisse sur les futurs taux de chômage) trimestrielles auprès d'un échantillon de 100.000 personnes, priées de déclarer leur situation. Pôle emploi, lui, se base sur les personnes qui se présentent à ses guichets.

Au final donc, les données diffèrent et le gouvernement a plus intérêt à se baser sur celles de Pôle emploi qui ont le mérite d'être mensuelles et surtout plus volatiles. Il est en effet plus aisé de faire passer un demandeur d'emploi d'une catégorie à une autre. Alors qu'avec l'enquête Insee/BIT, soit on est chômeur, soit on ne l'est pas. Il n'y a pas de subtilités du style : « chômeurs dispensés de recherche d'emploi » ou « chômeur en formation non immédiatement disponibles »… qui peuvent être bien utiles.