Les pièces jaunes 2.0 débarquent en France

Par Adeline Raynal  |   |  665  mots
Au Mexique, l'équivalent de 6 millions d'euros sont collectés chaque année auprès des consommateurs par le biais du programme "Rondondeo".
La petite start-up solidaire MicroDon propose d'arrondir le paiement des courses à l'euro supérieur et de verser les quelques centimes de différence à une association caritative. Un concept inspiré du "Redondeo" mexicain, auquel une enseigne de supérette adhère d'ores et déjà.

Quand passer à la caisse rime avec solidarité. On connaissait déjà le principe de la petite boîte en carton pour collecter les pièces jaunes au moment du paiement, voici venu celui des micro-dons à "l'Arrondi". L'idée ? Proposer au client d'arrondir la note à l'euro supérieur et de reverser la différence à une association caritative.

MicroDon, une start-up du domaine de l'économie solidaire lancée en 2009, œuvre pour que cela devienne une réalité en France… et elle commence à y parvenir. Ce mercredi 18 septembre marque en effet le lancement officiel de l'opération "l'Arrondi" dans les enseignes Franprix (groupe Casino), première chaîne de supérettes ayant adhéré au projet. D'ici fin février 2014, l'enseigne devrait inciter au don dans 550 de ses magasins, assure le directeur général de MicroDon.

Benoît Hamon soutient l'initiative

"Il s'agit d'une nouvelle façon moderne de financer la solidarité", s'est exclamé, enthousiaste, le ministre de l'Économie Sociale et Solidaire Benoît Hamon, qui avait fait le déplacement dans un magasin de l'enseigne à la mi-journée pour soutenir l'initiative. Il a tenu à souligner que cette initiative privée ne se substituera en aucun cas au financement traditionnel des associations, notamment par l'État, et a rappelé que le gouvernement va lancer un fonds spécial de financement de la solidarité.

Les dons ainsi collectés sont intégralement reversés à deux partenaires: la Croix Rouge et le Secours Populaire. MicroDon ne reçoit pas de commission, et se finance grâce une "licence solidaire" versée par les enseignes partenaires sous forme de rétribution annuelle, dont le montant varie en fonction du volume d'euros collectés. Quel intérêt alors pour les distributeurs d'adhérer au projet ? L'image !

"L'enjeu pour les entreprises, c'est d'affirmer leurs engagement en tant qu'entreprise solidaire et citoyenne, sensible aux questions sociétales", répond le directeur général de MicroDon Olivier Cueille à La Tribune.

Arrondi, sur les salaires aussi

En phase de tests dans quelques supérettes parisiennes, ces micro-dons séduisent. Un peu. "Nous avons déjà récolté plusieurs milliers d'euros", s'est réjouit un responsable de Franprix auprès de Benoît Hamon cette après-midi, précisant qu'en moyenne 7% des clients choisissent déjà de faire don de leur arrondi. Et ce, alors que pour l'instant le concept demeure relativement peu connu. Un frein auquel MicroDon entend remédier une fois un réseau de distributeurs partenaires solide constitué en menant une campagne de communication via les médias pour "sensibiliser les Français dès le début de l'année 2014", indique Olivier Cueille.

Parallèlement aux micros-dons en caisse, un système de dons des arrondis, cette fois sur salaire, existe déjà dans une dizaine d'entreprises françaises dont Accenture et la Française des Jeux. "Sur les 20.000 salariés auxquels ce système de dons a été proposé, 2.500 donnent chaque mois", relate Olivier Cueille.

Succès au Mexique

Récolter de petits dons lors d'acte de la vie quotidienne n'est pas une idée nouvelle, mais elle reste relativement peu développée en France. Si Pierre-Emmanuel Grange, le fondateur de MicroDon soutient ce principe, c'est parce qu'il l'a vu fonctionner avec succès au Mexique. Là-bas, cela fait dix ans que les consommateurs sont sollicités par le biais du "Redondeo". Dans ce pays, l'équivalent de près de 6 millions d'euros sont ainsi collectés chaque année. Des projets similaires existent également au Royaume-Uni et en Allemagne. 800.000 salariés britanniques donnent ainsi, chaque mois, en pièces jaunes virtuelles.

Un chiffre qui fait rêver Pierre-Emmanuel Grange, qui soutient que si dix enseignes de distribution se laissaient convaincre et que les clients donnaient 2% de leurs achats, le milliard de transactions permettrait de récolter 10 millions d'euros chaque année. Un objectif ambitieux, pour celui qui ambitionne de "devenir madame Chirac 2.0".

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