Après la commission Lauvergeon, le think tank Lauvergeon !

Par Fabien Piliu  |   |  453  mots
Anne Lauvergeon à la tête de la commission Innovation 2030
Après avoir reçu le rapport Lauvergeon « Innovation 2030 », François Hollande, le président de la République a demandé à la commission dirigée par l’ancienne présidente d’Areva de poursuivre ses travaux. La commission doit devenir un lieu d’échanges pour tous afin de favoriser l’esprit d’innovation.

Si Anne Lauvergeon voulait reprendre sa « liberté », c'est raté. Vendredi, lors de la remise à l'Elysée du rapport de la commission « Innovation 2030 » qu'elle dirigeait depuis avril, l'ancienne présidente d'Areva s'est vu confier une nouvelle mission par François Hollande. Le président de la République lui a en effet demandé d'assurer le suivi de ces travaux et de piloter les sept concours internationaux sur les sept thématiques retenues comme étant des points forts potentiels de l'économie française en 2030 : le stockage de l'énergie, le recyclage des matières, l'exploitation des ressources marines, les protéines et la chimie verte, le big data, la médecine individualisée et la silver economie.

Concrètement, ces concours seront lancés en décembre. La commission se donne ensuite trois mois de réflexion pour sélectionner les entreprises porteuses de projets. Dotées d'un budget de 200.000 euros, les entreprises retenues auront un an pour prouver qu'elles travaillent sur la bonne voie. Si tel est le cas, les dispositifs publics de soutien financier à l'innovation, notamment Bpifrance Innovation, interviendront, le budget de 300 millions d'euros alloué par le Grand emprunt à la commission étant insuffisant pour lui permettre de jouer ce rôle.

Un lieu d'échanges

Mais la commission Lauvergeon ne se contentera pas de cette mission. Son rapport ayant été rendu au chef de l'Etat, elle restera active. « Je souhaite qu'elle devienne un lieu d'échanges pour favoriser l'esprit d'innovation en France. Tous les avis sont les bienvenus, que ce soient ceux des chefs d'entreprises, des économistes, des chercheurs, des partenaires sociaux », explique Anne Lauvergeon. En clair, la commission se transforme en think tank capable de porter des idées, de faire des recommandations pour que l'innovation technologique et d'usage ne soit pas bridée en France.

Equilibrer le principe de précaution

Une idée assez ambitieuse a déjà germé dans la tête des vingt membres de la commission : pour favoriser l'esprit d'innovation, Anne Lauvergeon souhaite porter sur les fonts baptismaux le principe d'innovation. « Ce principe équilibrerait le principe de précaution inscrit dans la constitution française. Il pourrait favoriser la culture de l'expérimentation, de la prise de risque contrôlée et raisonnée », avance-t-elle.

Relancer le dossier « gaz de schiste »

Alors que le Conseil constitutionnel a validé ce vendredi l'interdiction de la fracturation hydraulique pour extraire le gaz de schiste, le principe d'innovation, s'il était inscrit dans la constitution, permettrait-il de relancer les recherches scientifiques. « Si la fracturation hydraulique est jugée dangereuse et risquée, pourquoi interdire les travaux permettant d'exploiter ce gaz, dont on ne sait toujours pas avec certitude d'ailleurs, s'il y en a dans le sous-sol français », s'interroge Anne Lauvergeon.