Le Compte pénibilité prévu dans le projet de loi sur les retraites, Pierre Gattaz n'en veut pas. Le président du Medef part même en croisade contre "cette usine à gaz kafkaïenne».
Selon le projet de loi (voté ce mardi 15 octobre par l'Assemblée nationale), ce compte personnel de prévention de la pénibilité, applicable à compter du 1er janvier 2015, permettra aux salariés d'accumuler des points en fonction du temps passé en situation de pénibilité pour soit se reconvertir, soit travailler à temps partiel ou, enfin, partir plus tôt à la retraite (au maximum deux ans plus tôt).
Pour financer ce dispositif - estimé à 500 millions d'euros dans un premier temps puis à 2,5 milliards d'euros en vitesse de croisière - , le texte prévoit deux sources de financement : une cotisation générale payée par toutes les entreprises qui pourrait atteindre 0,2% de la masse salariale ; une cotisation supplémentaire versée par les seules entreprises qui ont au moins un salarié exposé à des tâches pénibles. Le taux devrait varier en fonction du degré de pénibilité.
Un mécanisme anti-économique, selon le Medef
Ce mécanisme "nous fait frémir", a affirmé ce mardi 15 octobre le président du Medef, Pierre Gattaz, il "crée énormément d'inquiétude notamment parmi les TPE/PME", c'est "vraiment le sujet qui fâche", le "nouveau combat" du Medef, a-t-il déclaré. Et d'ajouter encore : "c'est un marqueur anti-économique, anti-entreprise".
Outre le financement du dispositif, ce que dénonce le président du Medef c'est sa complexité : "il va falloir remplir des fiches d'exposition qui donneront droit à des points, les envoyer, déterminer les seuils de pénibilité qui déclenchent l'obtention de ces points. Et tout ça pourra être contesté en permanence par nos salariés ou les partenaires sociaux".
Comme alternative, Pierre Gattaz veut s'appuyer sur la loi Fillon de 2010
Très remonté, Pierre Gattaz enfonce le clou : « On crée une "Hydre de Lerne purement administrative, bureaucratique qui ne tient absolument pas compte aujourd'hui des réalités du terrain et de la spécificité de chaque entreprise" alors que c'est "avant tout un problème d'entreprise avec ses salariés". Comme solution alternative au compte pénibilité, Pierre Gattaz propose que les partenaires sociaux planchent sur une amélioration de la loi Fillon de 2010, prévoyant un départ anticipé à la retraite pour les salariés âgés reconnus handicapés à hauteur de 20%.