La panne de l'économie au troisième trimestre ne devrait être que passagère

Par Fabien Piliu  |   |  556  mots
A Bercy, on se rassure : "la plupart des enquêtes de conjoncture sont bien orientées. C'est un très bon signal"
Le recul de l'activité était attendu par le gouvernement et les économistes. Malgré un climat économique et social très tendu, plusieurs éléments permettent d'espérer des jours un peu meilleurs.

Le PIB a reculé de 0,1% au troisième trimestre. Est-ce une surprise ? Pas vraiment. Après le très bon deuxième trimestre, période au cours de laquelle la croissance a bondi de 0,5%, une correction était attendue. L'Insee et Bloomberg tablaient ainsi sur une stabilité du PIB entre juillet et septembre.

Au regard de la dégradation d'un certain nombre d'indicateurs conjoncturels, notamment la production industrielle, l'investissement, l'export et l'emploi, il aurait donc été vain d'imaginer un nouveau rebond de l'activité.

Des fondamentaux solides en Europe

Faut-il pour autant sombrer dans un pessimisme excessif ? Bien sûr, les tensions économiques et sociales actuelles ne sont pas de nature à restaurer la confiance des ménages et des chefs d'entreprises. L'augmentation quasi-ininterrompue du nombre des demandeurs d'emplois alimente la morosité ambiante.

Et pourtant. Jeudi dernier, lors de la conférence mensuelle de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, le président de la banque centrale n'a-t-il pas martelé que la zone euro, dont la France est l'un des deux poids lourds, était la zone économique qui possédait les fondamentaux les plus solides ?

Plusieurs indicateurs permettent d'envisager des lendemains un tout petit peu plus riants. Citons la résistance de la consommation des ménages. Même si sa croissance s'est ralentie au troisième trimestre, elle progresse encore. Pour les chefs d'entreprises, cette tendance ne devrait pas s'inverser. Sinon, ils n'auraient pas restocké comme ils l'ont fait entre juillet et septembre. Cette solidité de la consommation permet à l'Insee d'envisager une augmentation de 0,4% du PIB au quatrième trimestre.

La montée en puissance du CICE

En 2014, plusieurs éléments, rassurants, laissent présager une légère reprise. « La plupart des enquêtes de conjoncture sont bien orientées. C'est un très bon signal », observe-t-on dans l'entourage de Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie et des Finances. La montée en puissance du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) est également espérée à Bercy.

Ce dispositif devrait permettre la création de 90.000 emplois. En outre, le fardeau de l'austérité sera allégé en 2014. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la rigueur ne retirera que 0,9 point de PIB à la croissance, soit 0,5 point de moins qu'en 2013. Résultat, l'OFCE table sur une croissance de 1,3% quand le gouvernement vise officiellement 0,9%

Le salut peut-il venir de l'Allemagne ?

Dans l'entourage du ministre de l'Economie et des Finances, la question de la réduction de l'excédent courant de l'Allemagne soulevée par la Commission européenne est suivie avec attention. Une hausse des salaires en Allemagne ne profiterait-elle pas en partie au made in France ? Probablement, mais dans quelles proportions ?

Les mains libres pour réformer ?

A plus long terme, c'est-à-dire jusqu'à la fin du quinquennat, on peut imaginer que les efforts des derniers gouvernements en faveur de la recherche & développement et l'innovation produisent enfin leurs effets. L'agenda politique doit également être pris en compte. Pour Gilles Moec, économiste à la Deutsche Bank, une fois les élections municipales et européennes, en mars et en mai, passées, le gouvernement aura trois ans pour lancer un nouveau train de réformes capables de redresser la compétitivité des entreprises françaises. Si le gouvernement choisit cette option, les conditions d'une reprise durable seront alors peut-être réunies.