Pierre Gattaz (Medef) fait une offre de dialogue au gouvernement

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  682  mots
Pierre Gattaz, président du Medef, prêt à dialoguer avec le gouvernement, sous conditions
Afin de calmer la grogne de certains petits patrons, le président du Medef "tend la main" au Président de la République en lui proposant de discuter durant six mois d'un "pacte de confiance" destiné à alléger le coût du travail et la fiscalité.

Pierre Gattaz, le président du Medef, ne veut plus du tout être dans le rôle du " va-t-en guerre". Au contraire, le voilà conciliateur : "Le président de la République doit prendre la main que nous lui tendons pour calmer les esprits ". Une allusion au "pacte de confiance" envoyé par le Medef à l'Élysée et à Matignon - et cosigné par d'autres organisations patronales comme l'Association française des entreprises privées et Croissance+.

"Ce pacte de confiance pour la croissance et l'emploi" est donc clairement destiné à calmer la grogne qui s'exprime notamment chez les petits patrons se disant confrontés à un matraquage fiscal. Dans ce texte, Pierre Gattaz, propose au gouvernement l'ouverture rapide de cinq chantiers : coût du travail, fiscalité, baisse des dépenses publiques, simplification administrative et attractivité du territoire.

Le Medef propose au gouvernement un round de négociation sur le coût du travail, la fiscalité, etc.

Le président du Medef veut que ça aille très vite. Il souhaite que le président de la République donne son feu vert à l'ouverture d'une sorte de " round de négociation", prévu pour durer six mois. Afin que les premières mesures soient arrêtées au printemps, de manière à pouvoir les inclure dans le projet de loi de finances de 2015.

Quelles sont pour le président du Medef les décisions attendues qui calmeraient les esprits ? La baisse du coût du travail d'abord. Il demande maintenant à haute voix que les entreprises ne financent plus la politique familiale (5,6 points de cotisation, soit 36 milliards d'euros). Selon lui, à l'avenir, la politique familiale devrait être financée pas une hausse " modérée et progressive " de la TVA qui devrait augmenter de un point par an durant trois ans.

Mais, attention, dans l'esprit de Pierre Gattaz, cette hausse doit être temporaire, le temps "d'optimiser les 650 milliards de dépenses consacrées à la protection sociale. Il y a certainement des économies à réaliser".

S'agissant de la simplification, le Medef veut en finir avec "les 400 000 normes et les 85 codes que doivent gérer les entreprises, d'autant plus que l'inflation de nouveaux textes atteint 4% par an".

Baisser la fiscalité qui pèse sur les entreprises

Sur la fiscalité, le même raisonnement prévaut. Pierre Gattaz réfute l'existence d'une baisse de la fiscalité pesant sur les entreprises :

" nous subissons 148 taxes affectées et nous avons encore une surtaxation de l'impôt sur les sociétés. Résultat, il y a un différentiel de 50 milliards de taxes au détriment de la France par rapport à l'Allemagne ".

Et l'invitation de Jean-Marc Ayrault tendant à remettre à plat la fiscalité laisse dubitatif le patron du Medef : "car il n'évoque pas une baisse des prélèvements obligatoires". Autre vieille antienne patronale que Pierre Gattaz veut remettre sur la table : les seuils sociaux , " véritables freins à l'embauche", qui créent des obligations supplémentaires pour les entreprises qui franchissent les 9 salariés et, surtout les 49 salariés. "Ce n'est pas un hasard s'il y a 2,5 fois plus d'entreprises entre 40 et 50 salariés qu'au-delà de 50".

Quant à la baisse des dépenses publiques, elle est impérative pour permettre une baisse des prélèvements obligatoires.

Un moratoire sur tous les textes "entravant" les entreprises

Last but not least, Pierre Gattaz, en échange de sa bonne volonté, demande également un « moratoire » de tous les projets de loi "venant entraver les entreprises" durant les six mois que durerait la discussion sur son " pacte de confiance". Il ne veut plus de ces dispositions qui viennent "empoisonner" la vie des entrepreneurs, comme l'instauration du compte individuel de pénibilité, l'obligation prévue par la loi Hamon d'informer les salariés préalablement à la vente d'une entreprise, le renforcement du rôle de l'inspection du travail, etc.

Manifestement, donc, Pierre Gattaz a entendu les voix qui, dans les cercles patronaux, l'invitaient à davantage de retenue vis-à-vis du gouvernement pour ne pas attiser le feu qui couve, au risque de mener à une situation incontrôlée. Le patron du Medef joue donc la carte du dialogue. Ferme.