Cette fois c'est juré, l'UMP veut en finir avec les 35 heures !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  912  mots
L'UMP s'est offert un court momment d'apaisement pour parler programme économique
L'UMP a consacré un séminaire à son programme économique. Parmi les mesures fortes: la fin des 35 heures, le retour à la dégressivité des allocations chômage. Mais aussi l'objectif de réaliser 130 milliards d’économies sur cinq ans, via la désindexation des prestations sociales et la suppression partielle des départements notamment.

Enfin du fond! L'UMP s'offre une petite parenthèse dans sa guerre des chefs et… une petite pause dans le long feuilleton du prochain retour à la vie politique de Nicolas Sarkozy. Et ce pour définir son programme économique lors d'un séminaire organisé le 18 décembre à Paris qui réunissait tous les ténors, de Jean-François Copé à François Fillon, en passant par Jean-Pierre Raffarin et Alain Juppé.

Plus précisément, il s'agissait de présenter les " mesures d'urgence pour redresser la France". D'ailleurs, si elle était aux commandes, l'UMP prendrait ces mesures d'urgence dans les six mois en ayant recours à la procédure des ordonnances. Ce programme, à la tonalité plutôt libérale, s'articule autour de trois thèmes : l'emploi, la compétitivité et les finances publiques.

  • Les entreprises seraient libres de fixer la durée du travail

Sans surprise, concernant l'emploi, le principal parti d'opposition, propose, cette fois, " une sortie définitive des 35 heures", y compris dans la fonction publique. Il n'y aurait plus de durée légale du travail, chaque entreprise devrait négocier sa durée du travail et donc le seuil de déclenchement des heures supplémentaires.

Ce qui signifie que dans certaines entités, celui-ci pourrait démarrer, par exemple, après 37 heures de travail et, dans d'autres, après 36 ou 38 heures. Parallèlement, l'UMP propose une disparition "progressive d'une partie des allègements de charges correspondants". Concrètement, il s'agirait donc de remettre en cause une partie du dispositif Fillon qui permet un allègement dégressif des cotisations sociales patronales de sécurité sociale pour les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic. Un dispositif qui représente un effort de 22 milliards par an pour les finances publiques.

  • La dégressivité des allocations chômage après six mois

Autre proposition assez explosive alors que le pays compte quasiment 11% de demandeurs d'emploi, la perception d'une allocation chômage serait conditionnée au bout de trois mois au "suivi d'une formation en rapport avec les besoins de l'économie". En outre, pour inciter fortement à la reprise d'un travail, la dégressivité des allocations serait instaurée au bout de 6 mois.

Toutefois, l'UMP se montre prudente face à la situation actuelle du marché du travail, en prévoyant des pondérations à cette règle en fonction de l'âge, des niveaux de rémunération, du contexte local et des parcours de formation. A noter que dans le droit actuel, une telle décision appartient aux partenaires sociaux (patronat et syndicats), seuls gestionnaires de l'assurance chômage.

Le parti prône aussi la création de  "l'Agence pour le travail", née de la fusion de Pôle emploi, des Missions locales, de Cap emploi et de l'Apec.

Vielle antienne, également, l'UMP songe aussi à fusionner le CDD et le CDI dans un seul contrat de travail avec des droits progressifs. Quant aux fameux seuils sociaux, ils seraient doublés. Par exemple, l'obligation d'instituer un comité d'entreprise s'impose aujourd'hui quand l'entreprise passe le cap des 50 salariés. Le nouveau seuil serait fixé à 100 salariés.

  • Le retour de la TVA sociale pour financer la politique familiale

Au chapitre de la compétitivité, le programme de l'UMP reprend l'idée de Nicolas Sarkozy d'introduire une TVA sociale. Ce qui permettrait de financer la politique familiale qui repose actuellement sur les cotisations des entreprises, soit un allègement du coût du travail de 34 milliards d'euros. Le parti propose aussi de déplafonner les outils fiscaux liés à l'ISF qui permettent d'investir dans les entreprises, les PME notamment.

  • La fin de l'emploi à vie dans la fonction publique

Autre mesure symbolique, l'emploi à vie ne serait plus systématique dans la fonction publique. Les nouveaux entrants disposeraient de la possibilité de choisir la voie contractuelle. L'UMP compte aussi rétablir la règle du non-remplacement de 1 fonctionnaire sur 2 qui partent à la retraite… mais hors domaine régalien.

  • Créer 8 "super régions" et diminuer le nombre des départements

Dans le domaine de l'organisation administrative du territoire, l'UMP propose de "simplifier le mille-feuille administratif" en regroupant les 22 régions actuelles en " 8 grandes régions" et en supprimant les départements là où existent des métropoles (le Grand Paris, par exemple).

Au chapitre de la baisse des impôt et des dépenses, l'UMP annonce du " lourd ".

  • 130 milliards d'économies en cinq ans

De fait, l'UMP se fixe comme objectif de réaliser 130 milliards d'euros d'économies en cinq ans (là où les socialistes s'attèlent à réaliser 60 milliards sur 4 ans). De manière à ramener la dépense publique à 50 % du PIB au lieu de 56,4 % en 2012. Ce qui impliquerait une sacrée austérité. D'ailleurs le parti de Jean-François Copé donne quelques indications sur la façon d'y parvenir : l'indexation des prestations sociales se ferait sur la croissance et non plus sur l'inflation ( vu le niveau de la croissance... !) et, bien entendu - on le savait déjà - l'âge légal de la retraite serait fixé à 65 ans en 2023.

Lire aussi:"Baisse de la dépense publique, une question à 130 milliards d'euros"

Quelques dents ont tout de même grincé lors de ce séminaire, certains s'interrogeant sur la faisabilité réelle de ce programme. Celui-ci va donc être encore affiné et soumis au vote des cadres lors d'un Conseil national de l'UMP le 25 janvier. Mais le côté brusque de plusieurs dispositions va sans aucun doute conduire à ne pas les mettre trop en avant à quelques semaines du scrutin municipal !